Catherine de L'Estang
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Catherine de L'Estang | ||
Titre(s) | Dame des Landes | |
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Conjoint(s) | Jean d'Aubigné | |
Biographie | ||
Date de naissance | Après 1500 | |
Date de décès | 1552 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Gilbert Schrenck, 2005.
On ne connaît pas la date de naissance de Catherine de L'Estang, fille de Jean de L'Estang, seigneur des Landes-Guinemer et de Demoiselle de La Borde. Son mariage avec Jean d'Aubigné se situe vraisemblement en juin 1550.
C'est une femme de grande culture, lettrée et raffinée, ouverte, sinon gagnée, aux idées nouvelles de l'Humanisme et de la Réforme. Elle bénéficie très certainement du climat intellectuel dans lequel baigne la puissante famille d'Albret, lorsqu'elle entre au service d'Antoinette de Pons, épouse du baron de Miossens d'Albret. Cette dernière, et avant elle sa mère, Anne de Parthenay, qui a connu Marot à la cour de Ferrare comme dame d'honneur de Renée de France, sont en effet de grandes lettrées gagnées à la Réforme, qui ont exercé une influence considérable sur leur entourage. Évoquant les activités intellectuelles de sa mère dans une de ses lettres, Agrippa d'Aubigné se souviendra précisément de ses livres, dans lesquels, dit-il, «j'ay estudié, ayant gardé pretieusement un sainct Bazile grec commenté de sa main» («A mes filles touchant les femmes doctes de nostre siecle», OEuvres d'Agrippa d'Aubigné, éd. H. Weber, J. Bailbé et M. Soulié, Paris, Gallimard, «La Pléiade», 1969, p.854).
C'est toutefois en donnant naissance au futur écrivain que Catherine de L'Estang trouve la mort, moins de deux ans après son mariage, le 8 février 1552. Arrivé lui-même au seuil de sa vie, il décrira «sa mere morte en accouchant, et avec telle extremité, que les medecins proposerent le choix de mort pour la mere, ou pour l'enfant. Il fut nommé Agrippa (comme aegre partus) [enfanté avec peine]» (Sa vie à ses enfants, éd. G. Schrenck, Paris, STFM, 1986, p.50). La propriété des Landes-Guinemer, située à Mer près de Blois, lui revient alors en héritage.
Sa vie durant, d'Aubigné gardera intacte la hantise de cette mère inconnue et de cette femme exceptionnelle, comme en témoigne cette anecdote autobiographique: «En cest aage [à cinq ans] Aubigné veillant dedans son lict pour attendre son precepteur, ouït entrer dans la chambre, et puis en la ruelle de son lict, quelque personne de quy les vestemens frottoyent contre les rideaux, lesquels il veit tirer aussi tost, et une femme fort blanche, qui luy ayant donné un baiser froit comme glace se disparut. Morel arrivé [son précepteur] le trouva ayant perdu la parole: et ce qui fit despuis croire le rapport de telle vision fut une fiebvre continue qui luy dura quatorze jours» (Sa vie à ses enfants, p.51). Sur le plan de la création littéraire, Catherine de L'Estang constitue une des figures obsédantes les plus dynamiques de l'imaginaire albinéen. Elle marque notamment de son empreinte Le Printemps et Les Tragiques, d'où émane une représentation de la femme caractérisée par de profondes antithèses et de puissantes pulsions (amour/culpabilité, répulsion/séduction, pureté/souillure...).
Aucune recherche n'a pour l'instant permis d'en connaître davantage sur cette femme, qui n'est guère connue que des lecteurs et des spécialistes d'Agrippa d'Aubigné.
Choix bibliographique
- Schrenck, Gilbert, «Les origines d'Agrippa d'Aubigné», Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français, 1983, p.489-518.