Angélique Fauré

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Angélique Fauré
Conjoint(s) Claude de Bullion de Bonelles
Dénomination(s) Angélique de Bullion
Biographie
Date de naissance 1593
Date de décès 1662
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Julie Roy, 2006

Fille de Guichard Fauré, baron de Thiry Dormant, sieur de Berlize, secrétaire et maître ordinaire du Roi, et de Madeleine Brûlart de Sillery (soeur de Nicolas, chancelier de France, et nièce de Noël, fondateur en 1637 de la Mission Saint-Joseph au Canada), Angélique est née à Bullion en Île-de-France en 1593. Le 21 janvier 1612, elle épouse Claude de Bullion de Bonelles, fils de Jean et de Jeanne de Lamoignon, dont elle aura cinq enfants. Claude de Bullion appartient à la noblesse de Cour et cumule titres et possessions. D'abord maître des requêtes sous Henri IV, il entre au Conseil comme chancelier en 1624. En 1632, sous Louis XIII, il devient surintendant général des finances. Il est garde des sceaux de l'Ordre du Saint-Esprit de 1633 à 1636 et président à mortier au Parlement de Paris à partir de 1636. La famille vit à Paris, dans un somptueux hôtel de la rue Platrière, dont la galerie basse a été décorée par les peintres Jacques Blanchard et Simon Vouet. Ami des arts et des lettres, le couple est courtisé par les écrivains et poètes en quête de largesses. Tommaso Campanella dédie ses Métaphysiques à Claude de Bullion en 1638.

Au décès de son mari, le 23 décembre 1640, Angélique de Bullion hérite d'une immense fortune qu'elle met au service d'oeuvres charitables. En 1641, le père Rapine de Boivert, ancien provincial des Récollets et directeur de Saint-Denis, la met en contact avec Jeanne Mance, infirmière champenoise et membre de la «Société des messieurs et dames pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle-France», fondée par Jérôme Le Royer de La Dauversière. Elle a l'intention d'accompagner Paul Chomedey de Maisonneuve en Nouvelle-France, où il s'apprête à fonder Ville-Marie (Montréal). La veuve de Bullion et son amie Mme de Villesasin (Isabelle Blondeau), bienfaitrices de l'Hôtel-Dieu de Paris, se joignent à la Société et offrent secrètement à Jeanne Mance 1200 livres pour l'érection du futur hôpital de Ville-Marie et 48000 livres pour sa mise en fonction. Mme de Bullion, alors «bienfaitrice inconnue», s'en remet à Jeanne pour l'administration de l'hôpital, qui ouvre officiellement ses portes le 8 août 1645. En 1651, elle donne encore 20000 livres au gouverneur de Montréal pour l'établissement de colons. Jeanne Mance se rend à trois reprises en France chercher l'appui moral et financier de Mme de Bullion. Amie de Vincent de Paul, celle-ci finance également plusieurs hôpitaux parisiens. Elle offre 60000 livres pour la fondation de La Salpêtrière en 1656 et met sur pied l'Hospice des convalescents en 1658. L'année suivante, elle établit une fondation à Montréal, au nom des hospitalières de Saint-Joseph, et finance le voyage de trois religieuses de La Flèche (Judith Moreau de Brésoles, Catherine Macé et Marie Maillet), pour aller y seconder Jeanne Mance. En novembre de la même année, à la suite du décès de Jérôme Le Royer de la Dauversière, procureur des hospitalières de Montréal, l'établissement hospitalier se trouve en faillite. Les capitaux offerts par Mme de Bullion ont disparu, engloutis par les créanciers. Jeanne Mance est accusée de malversation et François de Laval, évêque de Québec, en profite pour lui retirer la gestion de l'hôpital, qu'il souhaite confier aux hospitalières de l'Hôtel-Dieu de Québec. Jeanne réussit cependant à faire valoir ses droits, grâce aux bons soins d'une sage-femme, Marie Pournin, et à l'appui de sa généreuse bienfaitrice. Le montant des dons octroyés par Mme de Bullion à l'Hôtel-Dieu de Montréal s'élève en effet à plus de 74000 livres.

Madame de Bullion appartient sans conteste à cette génération d'aristocrates fortunées qui, dans l'ombre, ont participé activement aux réformes et à l'expansion outre-atlantique des institutions ecclésiastiques en faveur des plus démunis. Ce n'est qu'après son décès, en 1662, qu'elle a été identifiée comme dame de confiance de Jeanne Mance. Le Musée de l'Assistance publique de Paris conserve son portrait, tandis qu'à Montréal et à Québec, des rues et parcs portent le nom de Bullion en mémoire de celle qui fut la fondatrice séculière de l'Hôtel-Dieu de Montréal mais aussi une importante auxiliaire de cette fondation.

Choix bibliographique

- Daveluy, Marie-Claire, Jeanne Mance. Suivie d'un essai généalogique sur les Mance, par J. Jacques Laurent, Montréal, Éditions Lévesque, 1934.
- Daveluy, Marie-Claire, La Société de Notre-Dame de Montréal, 1639-1663, son histoire, ses membres, son manifeste, Montréal, Fidès, coll. «Fleur de lys, études historiques canadiennes», 1965.
- [Dezallier d'Argenville, A. N.], Voyage pittoresque de Paris, ou Indication de tout ce qu'il y a de plus beau dans cette grande ville en peinture, sculpture et architecture par M. D***, Paris, De Bure l'aîné, 1749.
- Faillon, Étienne Michel, Vie de Mademoiselle Mance et histoire de l'Hôtel-Dieu de Villemarie en Canada. Paris, Poussielgue-Rusand, 1854, 2 vol.
- Lanctôt, Gustave, Images et figures de Montréal sous la France: [1642-1763], Toronto, La Société Royale du Canada, 1943.

Choix iconographique

- XVIIe s.: Anonyme, Angélique Fauré de Bullion(huile sur toile), Paris, Archives du Musée de l'Assistance publique de Paris.

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