Françoise Bouzonnet-Stella/Pierre-Jean Mariette

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I,175] BOUZONNET-STELLA (les trois soeurs). Claudine Stella, cette scavante fille, avoit encore deux soeurs, qui se distinguoient comme elle dans la graveure; l'une s'appeloit Antoinette et l'autre Françoise; leur nom de famille estoit Bouzonnet. Antoinette etoit la moins âgée, et ce qu'elle a gravé d'après Jules Romain lui fait honneur. Elle mourut jeune à Paris, en [176] 1676. Claudine l'aînée dessinoit très-habilement et mérite d'être mise au rang des plus excellens graveurs; elle est morte aussi à Paris, le 1. octobre 1697. Elle avoit 61 ans.

[V,252] STELLA (La famille des). Il y a des familles où le goût de certains arts se perpétue et devient pour ainsi dire héréditaire. Soit qu'on doive l'attribuer à la force de la nature, soit que l'exemple et l'éducation y ayent plus de part, il est toujours certain que l'on voit quelquefois les enfans succéder à leur père dans leur profession comme dans leurs biens, et s'en faire en quelque façon un patrimoine qui leur devient d'autant plus avantageux qu'il leur est aisé de l'augmenter.

[notice de Jacques Stella]
[253] Il n'eut d'autres eleves que ceux qu'il forma dans sa propre [254] famille, un neveu et trois nièces, qu'il avoit fait venir de Lyon pour demeurer auprès de luy, tous quatre enfants d'une de ses soeurs. Le premier, qui se nommoit Antoine Bouzonnet Stella, se poussa dans la peinture, et il y avoit lieu d'espérer qu'il y auroit fait des progrès, mais il mourut jeune ayant été en Italie où il avoit beaucoup étudié les ouvrages de Jules Romain. Les trois soeurs s'attachèrent toutes trois à la graveure, et il leur fut d'autant plus facile d'y réussir et de s'y rendre recommandables qu'elles avoient acquis auprès de leur oncle un grand fond de dessein; c'etoit la partie qu'elles cultivoient le plus; elles negligeoient assez volontiers le reste; aussy ne faut-il pas chercher dans leur ouvrage cette politesse de graveure et ce bel arrangement de tailles dont la plus part des autres graveurs font tant de parade.
Claudine Bouzonnet Stella, l'aînée, avoit instruit ses deux soeurs Antoinette et Françoise; celle cy n'a gravé qu'au burin, presque toujours d'après Jacques Stella son oncle; l'autre au contraire a toujours travaillé à l'eau-forte et ses ouvrages se réduisent à un petit nombre; les principaux sont d'après Jules Romain. Pour Claudine, elle s'est servie indifferemment tantôt du burin, tantôt de l'eau-forte. Presque toujours occupée à graver d'après les desseins de son oncle ou d'après les merveilleux tableaux du Poussin qui luy appartenoient, elle s'est particulièrement attachée à en conserver le caractère, et, ce qui ne se peut presque jamais dire des graveurs et en general des imitateurs, bien loin d'affoiblir les beautés de ses originaux, elle leur en a prêté de nouvelles, de façon que le Poussin, quelque grand, quelque majestueux, quelque correct qu'il soit, le paroit peut-être encore davantage dans les estampes de Claudia Stella que dans ses propres tableaux, et il règne dans les sujets champêtres qu'elle a gravé d'après les desseins de son oncle, un caractère naïf et de simplicité que l'on ne trouve point ailleurs.
[255] C'est que Claudine Stella étoit foncierement habile dans la partie du dessein; l'on en peut juger par ce qu'elle a gravé d'après des desseins de son invention qui sont dignes du Poussin. Le goût sage et solide de ce grand peintre étoit devenu le sien; en l'étudiant avec autant de réflexion qu'elle avoit fait, elle se l'étoit rendu familier, et l'on peut adjouter qu'il n'y a eu personne à qui il ait appartenu plus légitimement qu'à cette sçavante fille. Autant qu'elle étoit recommandable par ses talents, autant étoit elle éloignée d'en tirer de la vanité; un esprit simple et remply de bon sens, une piété sans fard, une rare modestie et un desintéressement encore plus rare faisoient son caractère et luy attiroient l'estime et le respect de tous ceux qui la connoissoient.
L'on a rassemblé ici tous ses ouvrages; on les a joint avec ce qui a été gravé par ses deux soeurs, et ce qui l'a été par differens graveurs d'après Jacques Stella, leur oncle, et d'après leur frère; ç'auroit été une espèce d'injustice de separer une si illustre famille, et chaque chose separement auroit peut-être perdu de son prix.

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Françoise. Sa soeur Françoise peignoit et gravoit à son exemple, mais dans un moindre degré d'habileté; sa naissance est de l'année 1638. le 12 décembre, et sa mort du 18 avril 1691.

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STELLA (Françoise Bouzonnet).
- La Sainte Vierge accompagnée de Saint Joseph, adorans l'enfant Jésus couché dans la [271] creche. Gravé au burin d'après J. Stella. Il y a apparence que c'est une des premières planches de Françoise Stella, qu'elle fit pour apprendre à graver; car la Vierge est précisement copiée d'après la figure gravée par Poilly, et generalement tout y est très-foible. La Vierge est tirée de l'histoire de Notre Dame de Lorette; c'est la sultane, qui est dans la planche qu'a gravée Poilly, qui prie devant l'image de la Vierge. Sans nom d'artistes.
- La Sainte Vierge assise près de Saint Joseph assis et tenant l'enfant Jesus debout qui écrase un serpent; c'est un pillage de quelques figures de Raphaël.
- La Sainte Vierge embrassant le corps de Jésus-Christ mort. Gravé en demi corps au burin, d'après J. Stella. Sans noms d'artistes, mais l'on en trouve des épreuves, où ces noms se trouvent écrits manuscrits par Mlle Stella même.
- Sainte Geneviève en prières. Sans noms d'artistes; des premières manières. C'est une pièce très-foible; la figure est extraite d'un sujet du Tintoret gravé par Aug. Carrache; c'est cette figure qui est à genoux et représente....
- Divers ornemens d'architecture recueillis et dessinés d'après l'antique, par Jacques Stella, en 67 feuilles (en comptant le titre). Gravés au burin en 1658. Les planches sont à Lyon.

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