Marie-Louise Ladoux

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Marie-Louise Ladoux
Dénomination(s) Soeur Florence
Biographie
Date de naissance 22 décembre 1708
Date de décès 13 juin 1779
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Nicole Pellegrin, 2019

Fille de Pierre Ladoux « maître écrivain » et de Marie Loseau (?) et dotée d’un parrain «marchand» et d’une marraine qui savent tous deux fort bien signer, Marie-Louise Ladoux est baptisée à La Rochelle, paroisse de Saint-Sauveur, en 1708. C’est le moment où l’ordre des Filles de la Sagesse commence à peine son expansion : il a été fondé par Louis-Marie Grignion de Montfort et Marie-Louise Trichet dite de Jésus et la maison-mère s’est installée à Saint-Laurent-sur-Sèvre dans l’actuel département de Vendée. Marie-Louise Ladoux, devenue sœur Florence, y prononce ses vœux le 9 mars 1740 et entame un parcours, apparemment sans heurts, dont on ne connaît ni les fondements spirituels ni les premières étapes, non plus que les modalités pratiques. Les seules péripéties personnelles qu’elle décrit dans sa chronique, alors qu’elle est déjà religieuse, sont, d’une part un voyage fait à Nantes, sous la canicule, pour aller accueillir une nouvelle supérieure générale en 1759, voyage que ponctuent les injures de quelques « libertins » de la ville de Clisson ; et, d’autre part, l’acte d’autorité dont elle doit user pour obliger la première supérieure générale de la Sagesse, déjà moribonde, à accepter de l’aide. On sait cependant que, précédemment, sœur Florence est supérieure à l’hôpital de Niort (Deux-Sèvres) en 1744, puis devient « assistante » à Saint-Laurent des deux premières supérieures générales de la Sagesse (sœur Marie-Louise de Jésus née Trichet, de 1749 à la mort de celle-ci le 28 avril 1759 ; sœur Anastasie, de cette date à 1766) ; elle prend ensuite la direction de l’hôpital de Vannes, où elle meurt en 1779. Entre- temps, elle s’est faite l’historienne avertie de son ordre en écrivant une « Suite de l’histoire des 1ers établissements des missionnaires et des missions et des Filles de la sagesse à St-Laurent » qui couvre les années 1750-1762. Elle ajoute ainsi trente-trois chapitres aux vingt-et-un, aujourd’hui perdus, du manuscrit du frère Joseau, religieux montfortain, et inaugure une série d’autres chroniques, anonymes ou signées, écrites au XIXe siècle par ses consœurs.
Redécouvert en 1959 mais déjà partiellement exploité dans les premières vies ou histoires de la Sagesse, le manuscrit de sœur Florence est exceptionnel par la richesse de son contenu et l’originalité d’une rédaction en grande partie à la première personne. Certes lacunaire et brusquement interrompu par le départ pour la Bretagne de son autrice, il énumère, année par année, le nombre des professions et des décès des religieuses, les fondations d’établissements dans le Grand Ouest français, et les lieux des missions organisées par les pères, etc. Mais sœur Florence n’hésite pas à souligner l’échec de certaines entreprises et d’une poignée de vocations, masculines ou féminines. Elle ne se prive pas, ce faisant, de dresser des portraits, détaillés et parfois sans complaisance, des personnages concernés : mères abusives de novices, curés soulevant leurs paroissiens contre les missions, chirurgiens jaloux des réussites médicales des sœurs ou bienfaiteurs envahissants comme un trop généreux chanoine de Poitiers ou la tracassière madame de Bouillé*. Les travaux, les vertus et la mort de Marie-Louise Trichet dite de Jésus sont évidemment au cœur du récit (une petite vingtaine de pages sur 140), mais y sont développés, plus longuement encore, les faits et gestes de six « frères », dont ceux du frère Joseau, son prédécesseur en écriture et l’homme de confiance de la Sagesse. Quant aux difficultés d’adaptation à la vie religieuse de quelques compagnes, elles sont présentées ici ou là et imputées à des contraintes familiales ainsi qu’à « la mélancolie » et à ses symptômes récurrents : « colique du Poitou », « excès de scrupules », « peines d’esprit », etc. Le prosaïsme de certaines anecdotes fait la particularité du texte de sœur Florence qui use d’expressions très concrètes pour évoquer le flot des maladies dont souffrent (et s’enorgueillissent) les pionnier-e-s de l’ordre et pour souligner à la fois leur courage et leur ingéniosité face à l’adversité.
Malheureusement (du point de vue des historien.ne.s) modernisé (orthographe et ponctuation) dans son édition de 1967, le manuscrit original vaudrait d’être analysé de très près et comparé à d’autres chroniques, celles de « la Famille » (montfortaine), celles de congrégations féminines contemporaines. Tel quel, il révèle l’existence et les talents d’une écrivaine historienne au sein d’un ordre au recrutement socialement moins relevé que celui des bénédictines, des visitandines ou des ursulines qui eurent des chroniqueuses célèbres dès leur époque : Blémur, Chaugy, Pommereu, etc.

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