Marie-Angélique de Scorailles de Roussille
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Marie-Angélique de Scorailles de Roussille | ||
Titre(s) | duchesse de Fontanges | |
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Dénomination(s) | demoiselle de Fontanges, le"carrosse gris" | |
Biographie | ||
Date de naissance | 27 juillet 1661 | |
Date de décès | 28 juin 1681 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Flavie Leroux, 2020
Marie-Angélique de Scorailles (ou d’Escorailles) de Roussille est connue pour avoir été maîtresse du roi Louis XIV. Née au château de Cropières, en Auvergne, elle est le cinquième des sept enfants de Jean-Rigaud (ou Jean-Rigal) de Scorailles (1618-1701), comte de Roussille, et d’Aimée-Éléonore (ou Edme-Éléonore) du Plas (?-1685). Probablement par l’intermédiaire d’un cousin par alliance de sa mère (le comte de Peyre), elle obtient en 1678 une charge de fille d’honneur au service de Madame, Élisabeth-Charlotte de Bavière, duchesse d’Orléans. Alors que le souverain entretient depuis plusieurs années une liaison avec la marquise de Montespan, il remarque Marie-Angélique peu de temps après son arrivée à la cour, en 1679. Plusieurs contemporains déduisent son élévation dans la faveur royale de ses toilettes, assorties à celles du roi, et de ses maladresses répétées, cependant tolérées. Au début de l’année 1680, la demoiselle de Fontanges accouche d’un premier enfant, qui décède quelques semaines plus tard. En avril, Louis XIV lui accorde une faveur sans précédent : il lui octroie une pension d’un montant exceptionnel (80 000 livres par an) et la déclare duchesse, par simple adresse. Pour autant, cet honneur n’est pas consacré par un brevet ou par des lettres patentes d’érection ; d’ailleurs, Marie-Angélique ne possède aucune terre en propre, pas même celle dont elle arbore le nom et qui provient de sa grand-mère paternelle. Au faîte de sa faveur, elle lance des modes (la coiffure dite « à la Fontanges ») et obtient également des grâces pour ses parents, notamment pour sa sœur Jeanne, qui est nommée en mai 1680 à la tête de l’abbaye Notre-Dame de Chelles. Mais la toute jeune duchesse de Fontanges tombe rapidement malade et décède le 28 juin 1681, à l’âge de dix-neuf ans, alors que l’Affaire des poisons bat son plein. Des rumeurs d’empoisonnement se répandent et amènent la famille à réclamer une autopsie, qui conclut à une « pourriture totalle des lobes droits du poumon ».
Les contemporains s’accordent à peu près tous pour décrire la duchesse de Fontanges comme une jeune femme d’une grande beauté, mais d’un esprit limité – constituant une menace réelle mais éphémère pour la [[Françoise dite Athénaïs de Rochechouart de Mortemart|marquise de Montespan]. Les historiens ont été plus cléments et lui ont consacré quelques biographies de qualité, revenant sur son élévation fulgurante mais fugace et sur l’histoire de sa famille.
Principales sources
- Archives nationales (France, Paris), O1 24, fol. 185, brevet de pension, juillet 1680.
- Archives nationales (France, Paris), Minutier central des notaires parisiens, ét. LIII, carton 84, inventaire après décès, commencé le 1er juillet 1681.
- Bibliothèque nationale de France (Paris), département des Manuscrits, Français 21591, fol. 80r°-178r°, pièces relatives au décès de la duchesse de Fontanges (juin-juillet 1681).
- Bussy-Rabutin, Roger, comte de, Scudéry, Marie-Madeleine de, Correspondance, éd. par C. Blanquie, Paris, Classiques Garnier, 2019.
- Saint-Simon, Louis de Rouvroy, duc, Mémoires de Saint-Simon, éd. par A. de Boislile puis L. Lecestre et J. de Boislile, Paris, librairie Hachette, 1879-1930, 45 volumes.
- Sévigné, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de, Correspondance, éd. par R. Duchêne avec la collaboration de J. Duchêne, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1972-1978, 3 volumes.
Choix bibliographique
- Gallotti, Jean, Mademoiselle de Fontanges, Paris, Impr. moderne Fasquelle, 1939.
- Grimmer, Claude, Mon Tout, mon roi. La Fontanges (1661-1681)', Paris, Mercure de France, 1988.
- Leroux, Flavie, Les Maîtresses du roi, de Henri IV à Louis XIV, Seyssel, Champ Vallon, 2020 (à paraître).
- Leymarie, Hélène, Marie Angélique, duchesse de Fontanges et la vie en Limousin au XVIIe siècle, Tulle, Lemouzi, 1988.
Choix iconographique
- 1681 ? : Nicolas II de L’Armessin, Portrait de M. A. Scoraille de Roussille, duchesse de Fontanges, en buste, de 3/4 dirigé à droite dans une bordure ovale (gravure), Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et photographie, collection Michel Hennin (RESERVE FOL-QB-201 (59)) – catalogue de la Bibliothèque nationale de France.
- 1726-1741 : Étienne-Jehandier Desrochers, Marie-Angélique de Scorailles de Roussille, duchesse de Fontanges (eau-forte, 15 x 9,9 cm), Versailles, Château de Versailles et de Trianon (INV.GRAV 2846) – site internet des collections du Château de Versailles.
- XVIIe siècle : Anonyme, Marie-Angélique de Scorailles de Roussille, duchesse de Fontanges (huile sur toile), Aurillac, Archives départementales du Cantal (portraits conservés au château d’Anjony, Tournemire, cote 2) – site internet des Archives départementales du Cantal.
Jugements
- « Mademoiselle de Fontanges fait bruit à la cour ; beaucoup de gens la trouvent trop grande, et M. de Montausier sur tous » (lettre de Mme de Scudéry au comte de Bussy, 23 novembre 1678, dans Bussy-Rabutin, Roger, comte de, Scudéry, Marie-Madeleine de, Correspondance, voir supra, principales sources, p. 274).
- « Sa jeunesse, sa beauté fort au-dessus de tout ce qu'on avoit vu depuis longtemps à Versailles, accompagnée d'une taille, d'un port et d'un air capables de surprendre et de charmer une cour aussi galante, quoique d'ailleurs avec un esprit médiocre et qui tenoit encore d'une véritable provinciale, produisit bientôt tout l'effet qu'elle s'étoit promis. […] Sa complaisance réciproque fut bientôt récompensée du rang et de la qualité de duchesse, qu'elle avoit mis dans son marché, et qu'elle soutenoit avec tout l'éclat d'une belle et jeune maîtresse de son Roi, et qui par là se voyoit arrivée au comble de ses désirs, mais aussi, de son côté, avec une dépense si excessive, qu'elle n'auroit pu, à la longue, que déplaire au Roi et lui donner lieu de la retrancher, comme on avoit déjà commencé. Mais son règne fut de peu de durée, ayant été enlevée au monde, à la cour et à sa faveur en l'an 1683 [sic pour 1681], par une fâcheuse maladie qui lui resta de sa première couche, et qu'un bruit assez public, quoique peut-être sans fondement, attribua à un breuvage qui lui auroit été donné par les ordres secrets de Mme de Montespan » [1690] (Spanheim, Ézéchiel, Relation de la cour de France en 1690, éd. par C. Schefep, Paris, Libr. Renouard, 1882, p. 15-16).
- « La surprenante et éclatante beauté de Mlle de Fontanges l’avoit emportée sans réflexion et presque malgré lui. Il avoit été touché de sa mort précipitée et s’étoit rendu ensuite aux sages conseils de Mme de Maintenon. […] Mlle de Fontanges, belle comme un ange et sotte comme un panier, l’ensorcela de même, et le traita encore avec plus d’autorité que les autres » (Choisy, François-Timoléon, abbé de, Mémoires, éd. par G. Mongrédien, Paris, Mercure de France, coll. Le Temps retrouvé, 2000, p. 207-208 et p. 267)
- « Mlle de Fontanges plut assez au Roi pour devenir maîtresse en titre. Quelque étrange que fût ce doublet, il n’étoit pas nouveau : on l’avoit vu de Mme de La Vallière et de Mme de Montespan, à qui celle-ci ne fit que rendre ce qu’elle avoit prêté à l’autre. Mais Mlle de Fontange ne fut pas si heureuse, ni pour le vice, ni pour la fortune, ni pour la pénitence. Sa beauté la soutint un temps ; mais son esprit n’y répondit en rien. Il en falloit au Roi pour l’amuser et le tenir. Avec cela il n’eut pas le loisir de s’en dégoûter tout à fait : une mort prompte, qui ne laissa pas de surprendre, finit en bref ces nouvelles amours » (Saint-Simon, Louis de Rouvroy, duc de, Mémoires, voir supra, vol. 28, p. 182).
- « La Montespan était un diable incarné, mais la Fontange était bonne et simple ; toutes deux étaient fort belles. La dernière est morte, dit-on, parce que la première l’a empoisonnée dans du lait ; je ne sais si c’est vrai, mais ce que je sais bien, c’est que deux des gens de la Fontange moururent, et on disait publiquement qu’ils avaient été empoisonnés » [1715] (Orléans, Charlotte-Élisabeth de Bavière, duchesse d’, Correspondance complète de Madame, duchesse d’Orléans, éd. G. Brunet, Paris, Charpentier, 1863, 2 volumes, vol. 1, p. 199-200).
- « “Belle et bête comme une statue”, disait madame de Montespan de mademoiselle de Fontanges. Selon la Palatine, “elle était belle depuis les pieds jusqu’à la tête. On ne pouvait rien voir de plus merveilleux, mais elle était sotte comme un petit chat.” – “La belle sotte,” disait l’abbé de Choisy. Il disait aussi : “Belle comme un ange et sotte comme un panier.” C’est encore une réputation usurpée : mademoiselle de Fontanges n’était pas sotte, c’est tout au plus si elle était bête » (Houssaye, Arsène, Mademoiselle de La Vallière et Madame de Montespan. Études historiques sur la cour de Louis XIV, Paris, H. Plon, 1860, p. 321-322).