Louise-Françoise de La Baume Le Blanc de La Vallière

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Louise-Françoise de La Baume Le Blanc de La Vallière
Titre(s) Duchesse de La Vallière
Dénomination(s) Mademoiselle de La Vallière, Madame de La Vallière, sœur Louise de la Miséricorde
Biographie
Date de naissance 6 août 1644
Date de décès 6 juin 1710
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)


Notice de Flavie Leroux, 2020

Louise de La Baume Le Blanc, demoiselle de La Vallière, connue pour avoir été maîtresse du roi Louis XIV, est issue d’une famille de la noblesse tourangelle. Peu après le décès de son père, Laurent IV de La Baume Le Blanc, châtelain de La Vallière (1611?-1651), sa mère, Françoise Le Prévost (?-1686), se remarie avec Jacques de Courtarvel (?-1678), sieur de Saint-Rémi, maître d’hôtel de la duchesse douairière d’Orléans. Louise grandit ainsi à la cour de Blois, dans l’entourage des filles de Gaston d’Orléans. Elle gagne Paris en 1661, au moment où elle obtient – probablement par l’intermédiaire de son beau-père – une charge de fille d’honneur de Madame, Henriette d’Angleterre, que le frère du roi vient d’épouser. La même année, elle est remarquée par Louis XIV. Mais s’il commence dans un premier temps par « faire l’amoureux » (selon l’expression de Madame de La Fayette), le roi ne tarde pas à accorder à Louise « tous ses soins et toutes ses assiduités », entraînant l’organisation de diverses cabales autour de Madame des ragots font alors état d’une prétendue liaison entre le roi et sa belle-sœur et contre la nouvelle maîtresse. En témoigne notamment l’affaire dite de « la lettre espagnole » (1665). La demoiselle de La Vallière, que le roi continue de fréquenter, tombe enceinte pour la première fois en 1663. Pour éviter les foudres de la mère et de la belle-sœur du roi, un logement est mis à sa disposition à Paris, près du Palais-Royal : le palais Brion, ensuite remplacé par un hôtel proche des Tuileries. Deux enfants naissent de ces amours en 1663 et 1665, mais décèdent peu avant l’arrivée d’un troisième enfant en 1666, une fille dénommée Marie-Anne. En 1667, alors qu’il s’apprête à partir pour la guerre de Dévolution, le roi décide de légitimer cette enfant – Marie-Anne devient alors « demoiselle de Blois » et de l’établir en même temps que sa mère : il érige en duché-pairie les terres de Vaujours et Saint-Christophe, achetées peu avant par Louise avec les 750 000 livres qu’il lui a fournies à cet effet. Bien que s’ensuivent la naissance et la légitimation d’un quatrième et dernier enfant, Louis, comte de Vermandois, la duchesse de La Vallière est progressivement supplantée par une nouvelle maîtresse, la marquise de Montespan. Elle quitte une première fois la cour en 1671 pour se réfugier chez les visitandines de Chaillot, mais le roi réclame son retour. Dans les trois années qui suivent, Louise reste à la cour dans une position subalterne et accepte avec abnégation les humiliations que, selon plusieurs témoignages, le monarque et madame de Montespan lui infligent. En avril 1674, elle décide d’entrer au couvent des carmélites du faubourg Saint-Jacques à Paris. Peu avant d’y prononcer ses vœux, en juin 1675, elle répartit ses biens et ses revenus entre ses enfants, ses tantes, nièces et filleules, puis finance l’établissement d’un hôpital sur sa terre de La Vallière. Sous le nom de sœur Louise de la Miséricorde, elle mène dès lors une vie de dévotion, partagée entre les prières, les privations (jeûnes, clôture, mortifications corporelles) et les travaux manuels (de couture, de dessin, etc.). Elle reçoit néanmoins quelques visites, notamment celles de sa fille, devenue princesse de Conti en 1680, avec laquelle elle continue d’administrer conjointement l’hôpital de La Vallière (déplacé à Lublé en 1681). Cette même année 1680, paraît chez un libraire de la rue Saint-Jacques les Réflexions sur la miséricorde de Dieu par une Dame pénitente, texte plusieurs fois réédité et attribué nommément à Louise de La Vallière en 1731. Elle aurait rédigé ces Réflexions avant son entrée au couvent, pour faire pénitence et engager ses éventuels lecteurs à faire de même. Elle décède le 6 juin 1710 au Carmel.
Louise de La Vallière fait rapidement l’objet d’un discours hagiographique qui se renforce après sa mort édifiante et est encore véhiculé aujourd’hui. Ce portrait, qui sert souvent de contrepoint à celui de Mme de Montespan, se retrouve dans presque toutes les biographies consacrées à cette femme, au risque de la caricaturer en « maîtresse repentie ». Très peu d’auteurs, Baptiste Capefigue en 1859, ont pris le contrepied de ce point de vue.

Oeuvre

  • 1680 : Réflexions sur la miséricorde de Dieu par une dame pénitente, Paris, A. Dezallier, 1680 -- Réflexions sur la miséricorde de Dieu, éd. Stéphane-Marie Morgain, Toulouse, Éd. du Carmel, 2011.

Principales sources

  • Lettres écrites par Louise de La Vallière après sa vêture, retranscrites dans Pierre Clément (éd.), Réflexions sur la miséricorde de Dieu par la Duchesse de La Vallière, suivie de ses lettres et des sermons pour sa vêture et sa profession par messieurs d’Aire et de Condom, Paris, J. Techener, 1860, 2 volumes, vol. 2.
  • Archives départementales d’Indre-et-Loire (France, Tours), fonds 14 J, Château-La-Vallière.
  • Archives nationales (France, Paris), X1A 8671, fol.344r°-345r°, « état […] concernant la disposition des fruits et revenus de son duché de la Vallière », 24 mars 1675.
  • Bibliothèque nationale de France (Paris), département des Manuscrits, NAF 23313, expédition des lettres d’érection du duché-pairie de La Vallière, mai 1667.
  • Bibliothèque nationale de France (Paris), Clairambault 735, fol. 139-142C, pièces relatives aux terres de Vaujours et Saint-Christophe, 1667-1673.
  • Bussy-Rabutin, Roger, comte de, Scudéry, Marie-Madeleine de, Correspondance, éd. par C. Blanquie, Paris, Classiques Garnier, 2019.
  • Choisy, François-Timoléon, abbé de, Mémoires, éd. par G. Mongrédien, Paris, Mercure de France, coll. Le Temps retrouvé, 2000.
  • Montpensier, Anne-Marie-Louise d’Orléans, duchesse de, Mémoires de la Grande Mademoiselle, éd. par B. Quilliet, Paris, Mercure de France, coll. Le Temps retrouvé, 2008.
  • Motteville, Françoise de, Mémoires, éd. par F. Riaux et C.-A. de Sainte-Beuve, Paris, Charpentier, 1855, 4 volumes.
  • Saint-Maurice, Thomas-François de Chabod, marquis de, Lettres sur la cour de Louis XIV, éd. par J. Lemoine, Paris, Calmann-Lévy, 1910, 2 volumes.

Choix bibliographique

  • Bonnet, Charles, « Documents inédits sur Mlle de La Vallière, tirés des minutes du notaire royal de Saint-Germain-en-Laye », Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, 1904, n°3, p. 161-176.
  • Lair, Jules, Louise de La Vallière et la jeunesse de Louis XIV : d’après des documents inédits, Paris, Plon-Nourrit, 1907.
  • Lemoine, Jean, Lichtenberger, André, De la Vallière à Montespan, Paris, Calmann-Lévy, 1902.
  • Leroux, Flavie, Les Maîtresses du roi, de Henri IV à Louis XIV, Seyssel, Champ Vallon, 2020 (à paraître).
  • Petitfils, Jean-Christian, Louise de La Vallière, Paris, Perrin, 1990 (rééd. 2011).

Choix iconographique

  • 1667 ? : Jean Nocret, Louise-Françoise de La Baume Le Blanc, duchesse de la Vallière et de Vaujours (huile sur toile, 129 x 96 cm), Versailles, Château de Versailles et de Trianon (MV 3539) – site internet des collections du Château de Versailles.
  • 1650-1680 : Claude Lefebvre, Louise-Françoise de La Baume Le Blanc, duchesse de la Vallière et de Vaujours (huile sur toile, 134 x 103 cm), Versailles, Château de Versailles et de Trianon (MV 3540) – site internet des collections du Château de Versailles.[1]
  • 1674-1678 : Nicolas II de L’Armessin, Louise-Françoise de La Baume Le Blanc, duchesse de la Vallière [en religieuse] (burin et eau-forte, 23,5 x 16,6 cm), Versailles, Château de Versailles et de Trianon (INV.GRAV 3813) – site internet des collections du Château de Versailles.
  • 2e moitié du XVIIe siècle : Pieter van der Faes, dit sur Peter Lely, Mademoiselle de La Vallière et ses enfants (huile sur toile, 222 x 212 cm), Rennes, Musée des Beaux-Arts (D 34.1.2 ; MV 3562 ; INV 1280 ; B 1340) – site internet Plateforme Ouverte du Patrimoine.
  • 1865 : Schmitz, d’après Pierre Mignard, Louise-Françoise de la Baume le Blanc, duchesse de la Vallière, entourée de ses deux enfants : mademoiselle de Blois et le comte de Vermandois (huile sur toile, 185,5 x 247,5 cm), Versailles, Château de Versailles et de Trianon (MV 5052) – site internet Plateforme Ouverte du Patrimoine.

Jugements

  • « Ils [le roi et Madame] jetterent aussi les yeux sur Chimerault, une fille de la Reine, fort coquette, & sur la Valiere, qui étoit une fille de Madame, fort jolie, fort douce, & fort naïve : la fortune de cette fille étoit médiocre ; sa Mere s’étoit remariée à St Rémi, premier Maître-d’Hôtel de Monsieur le Duc d’Orléans ; ainsi elle avoit presque toujours été à Orléans ou à Blois. Elle se trouvoit très-heureuse d’être auprès de Mdame ; tout le monde la trouvoit jolie, plusieurs jeunes gens avoient pensé à s’en faire aimer : le Comte de Guiches s’y étoit attaché plus que les autres ; il y paroissoit encore tout occupé, lorsque le Roi la choisit pour une de celles dont il vouloit éblouir le Public » [vers 1661] (La Fayette, Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de, Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, Maëstricht, J.-E. Dufour et P. Roux, 1779, p. 56-57).
  • « Dans ces mêmes temps, le Roi se déclara avoir de l’inclination pour mademoiselle de La Vallière, une des filles de Madame. Elle étoit aimable, et sa beauté avoit de grands agrémens par l’éclat de la blancheur et de l’incarnat de son teint, par le bleu de ses yeux qui avoient beaucoup de douceur, et par la beauté de ses cheveux argentés qui augmentoit celle de son visage » [vers 1661] (Motteville, Françoise de, Mémoires, voir supra, Principales sources, vol. 4, p. 279).
  • « La conversion de mademoiselle de la Vallière me confirme de plus en plus que Dieu attire les gens à lui par toutes sortes de voies. Il aurait eu de la peine, si l’on ose parler ainsi, de tirer cette pénitente des mains de son amant, ou même s’il l’eût quittée pour ne rien aimer : mais la jalousie a fait ce miracle. Je faisais ces jours passés réflexion sur le grand bruit qu’elle a fait contre sa vie passée, et il me paraissait qu’elle n’en usait pas tant ainsi par humilité que par vengeance, et que sous son nom, elle prétendait dire des injures à sa rivale » (lettre du comte de Bussy à Mme de Scudéry, 14 juin 1674, dans Bussy-Rabutin, Roger, comte de, Scudéry, Marie-Madeleine de, Correspondance, voir supra, Principales sources, p. 158-159).
  • « Mlle de La Vallière n’étoit pas de ces beautés toutes parfaites, qu’on admire souvent sans les aimer. Elle étoit fort aimable ; et ce vers de La Fontaine, « Et la grâce, plus belle encor que la beauté », semble avoir été fait pour elle. Elle avoit le teint beau, les cheveux blonds, le sourire agréable, les yeux bleus, et le regard si tendre, et en même temps si modeste, qu’il gagnoit le cœur et l’estime au même moment ; au reste, assez peu d’esprit, qu’elle ne laissoit pas d’orner tous les jours par une lecture continuelle. Point d’ambition, point de vues ; plus attentive à songer à ce qu’elle aimoit qu’à lui plaire ; toute renfermée en elle-même, et dans sa passion, qui a été la seule de sa vie ; préférant l’honneur à toutes choses, et s’exposant plus d’une fois à mourir, plutôt que de laisser soupçonner sa fragilité ; l’humeur douce, libérale, timide ; n’ayant jamais oublié qu’elle faisoit mal, espérant toujours rentrer dans le bon chemin : sentiment chrétien, qui a attiré sur elle tous les trésors de la miséricorde, en lui faisant passer une longue vie dans une joie solide, et même sensible, d’une pénitence austère » (Choisy, François-Timoléon, abbé de, Mémoires, voir supra, Principales sources, p. 130-131).
  • « Heureux s’il [le roi] n’eût eu que des maîtresses semblables à Mme de La Vallière, arrachée à elle-même par ses propres yeux, honteuse de l’être, encore plus des fruits de son amour, reconnus et élevés malgré elle, modeste, désintéressée, douce, bonne au dernier point, combattant sans cesse contre elle-même, victorieuse enfin de son désordre par les plus cruels effets de l’amour et de la jalousie, qui furent tout à la fois son tourment et sa ressource, qu’elle sut embrasser assez au milieu de ses douleurs pour s’arracher enfin, et se consacrer à la plus dure et la plus sainte pénitence ! » (Saint-Simon, Louis de Rouvroy, duc, Mémoires de Saint-Simon, éd. par A. de Boislile puis L. Lecestre et J. de Boislile, Paris, librairie Hachette, 1879-1930, 45 volumes, vol. 28, p. 7).
  • « Des trois femmes qui ont véritablement occupé Louis XIV, et qui se sont partagé son cœur et son règne, Mme de La Vallière, Mme de Montespan et Mme de Maintenon, la première reste de beaucoup la plus intéressante, la seulement vraiment intéressante en elle-même. Fort inférieure aux deux autres par l’esprit, elle leur est incomparablement supérieure par le cœur […]. Toutes les fois qu’on voudra se faire l’idée d’une amante parfaite, on pensera à La Vallière. Aimer pour aimer, sans orgueil, sans coquetterie, sans insulte, sans arrière-pensée d’ambition, ni d’intérêt, ni de raison étroite, sans ombre de vanité, puis souffrir, se diminuer, sacrifier même de sa dignité tant qu’on espère, se laisser humilier ensuite pour expier ; quand l’heure est venue, s’immoler courageusement dans une espérance plus haute, trouver dans la prière et du côté de Dieu des trésors d’énergie, de tendresse encore et de renouvellement ; persévérer, mûrir et s’affermir à chaque pas, arriver à la plénitude de son esprit par le cœur, telle fut sa vie, dont la dernière partie développa des ressources de vigueur et d’héroïsme chrétien qu’on n’aurait jamais attendues de sa délicatesse première » (Sainte-Beuve, Charles-Augustin, Causeries du lundi, Paris, Garnier frères, 1851-1862, 15 volumes, vol. 3, p. 365-366).
  • « En faisant la part de l’exagération, il doit résulter néanmoins de ce récit : Que mademoiselle de La Vallière affichait une certaine hardiesse dans toutes ses démarches qui allait jusqu’à s’enorgueillir du crédit dont elle jouissait auprès du roi ; elle aimait à montrer son amant, non pas dans la solitude, mais à la cour ; elle se paraît de ses bijoux ; elles les étalait devant ses amies comme pour révéler sa position nouvelle, même en présence de la reine, l’épouse légitime de Louis XIV, à Saint-Germain et Versailles. On pouvait pardonner un entraînement, mais une faiblesse aussi publique, orgueilleuse d’elle-même, c’est ce qui serait difficile d’élever jusqu’à la pudeur qui rougit et se cache d’une faute » (Capefigue, Baptiste, Mademoiselle de La Vallière et les favorites des trois âges de Louis XIV, Paris, Amyot,1859, p. 31).
  • « Elle aurait pu se retirer dans l’une de ces abbayes mondaines où d’autres courtisanes converties trouvaient une aimable retraite, tout en jouissant de leurs confortables revenus. Louise n’aspirait, au contraire, qu’à se donner à Dieu sans partage » (Braux, Gustave, Louise de La Vallière : de sa Touraine natale au Carmel de Paris, Tours, C.L.D, 1981, p. 87-88).
  • « Sa prodigieuse fortune ne lui a apporté ni l’assurance insolente qui convient à une favorite, ni même la tranquillité de conscience. Elle demeure effarée de sa fortune et troublée par de fréquents remords » (Lemoine, Jean, Lichtenberger, André, De La Vallière à Montespan, supra, Choix bibliographique, p. 84).
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