Elisabeth-Charlotte d'Orléans : Différence entre versions
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Elisabeth-Charlotte d'Orléans | ||
Titre(s) | Duchesse de Lorraine | |
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Conjoint(s) | Léopold, duc de Lorraine | |
Dénomination(s) | Mademoiselle, Mademoiselle de Chartres | |
Biographie | ||
Date de naissance | 13 septembre 1686 | |
Date de décès | 23 décembre 1744 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Sarah Lebasch, 2015
Élisabeth-Charlotte d’Orléans, dite Mademoiselle de Chartres, fille de Philippe d’Orléans et de la princesse Élisabeth-Charlotte de Bavière, dite la princesse Palatine, est née le 13 septembre 1676 au château de Saint-Cloud. Elle grandit à Versailles où elle occupe dès 1686 un appartement dans la vieille aile du château. Puis, de 1691 à 1696, elle vit dans l’ancien appartement de la marquise de Seignelay (aile Nord) avant de se déplacer une dernière fois vers l’aile des princes (1696), où elle séjourne jusqu’à son mariage. Nièce de Louis XIV, elle reçoit de multiples propositions de divers prétendants: Clément de Bavière, Louis Auguste de Bourbon, Guillaume III, roi d’Angleterre, Joseph, roi des Romains et futur empereur. Finalement, elle épouse, en 1698, le duc de Lorraine Léopold Ier, âgé de 19 ans. Ce mariage d’abord politique se transforme en mariage d’amour, cimentant les relations entre deux familles et entre deux États. Léopold, qui est déjà le neveu de l’Empereur par la naissance, devient, par alliance, celui du Roi-Soleil et se voit ainsi restituer la Lorraine lors des traités de Ryswick, signés le 30 octobre 1697.
Jusqu’en 1702, la Cour vit à Nancy, dans le Palais ducal, avant de s’installer au château de Lunéville. Les premières années de mariage du couple semblent se dérouler paisiblement, du moins jusqu’à l’arrivée en 1708 d’Anne-Marguerite de Ligniville qui restera la favorite du duc jusqu’à la mort de ce dernier en 1729. Malgré l’infidélité de son mari, la duchesse met au monde quatorze enfants entre 1699 et1718. Quatre seulement atteindront l’âge adulte: deux fils - François (1708-1765), futur empereur d’Autriche et père de la reine Marie-Antoinette, et Charles-Alexandre (1712-1780), qui deviendra gouverneur général des Pays-Bas en 1744 - ainsi que deux filles - Elizabeth-Thérèse (1711-1741), qui épousera le roi de Sardaigne en 1737, et Anne-Charlotte (1714-1773), future abbesse du chapitre séculier de Remiremont. La duchesse élève ses enfants avec simplicité, dans une cour sans étiquette, où ils côtoient les arts, les lettres et les sciences. Ils ont notamment à leur disposition une bibliothèque, un «cabinet des herbes», une salle d’armes, une «salle des machines».
Habituée aux fêtes et aux fastes de Versailles, elle exerce un ascendant certain sur les orientations artistiques de la cour de Lorraine (théâtre, musique, arts plastiques) et attire de nombreux artistes à Lunéville. Aimant le théâtre et le ballet, elle fait construire une salle de comédie en 1733, dans le prolongement des appartements ducaux, au sud-est du château. Elle y fait transporter dès 1735 une partie des décors de l’Opéra de Nancy réalisés par l’italien Bibiena. Il n’est par rare que la duchesse participe aux spectacles, comme elle l’avait déjà fait lors de l’opéra Marthésie, première reine des Amazones, créé à Fontainebleau en 1699.
Le 27 mars 1729, la mort prématurée de Léopold consterne les cours européennes. François-Étienne, désormais François III, lui succède mais, étant à Vienne depuis six ans auprès de l’empereur, qui lui destine sa fille Marie-Thérèse, c’est sa mère Élisabeth-Charlotte qui prend les affaires du duché de Lorraine en main. Pendant huit mois, elle réorganise l’administration et les finances jusqu’au retour de son fils. Ce dernier, quittant définitivement le duché en 1731, lui laisse à nouveau la régence jusqu’à la cession à la France des duchés de Lorraine et l’arrivée du roi de Pologne Stanislas Leszczynski en 1737. Elle quitte dès lors la Lorraine pour se réfugier au château de Commercy où elle meurt le 23 décembre 1744.
Élisabeth-Charlotte a marqué le destin de la Lorraine par l’exercice de son mécénat, d’abord, par sa gestion politique du duché en temps de crise, ensuite. Elle a été la dernière duchesse d’un duché, qui fut rattaché à la France à la mort de Stanislas (1766). Son rôle jusqu'ici trop peu connu mérite d’être davantage mis en lumière.
Oeuvres
- 1715-1738: « Lettres d'Elisabeth Charlotte d'Orléans duchesse de Lorraine à la marquise d'Aulède 1715-1738 », éd. M. E. Alexandre de Bonneval, Recueil de documents sur l'histoire de Lorraine, Nancy, Lucien Wiener, 1865 [1].
Principales sources imprimées
- Calmet, Augustin, Histoire de Lorraine, t. VII, Nancy, A. Leseure, 1745-1757.
- Collins, Charles, Histoire abrégée de la vie privée et des vertus de Son Altesse Royale Elisabeth-Charlotte d'Orléans petite fille de France, duchesse de Lorraine et Bar, Nancy, M.-Sch. Balthazard, 1762 [2].
- Dandeau, Philippe de Courcillon, Journal du marquis de Dangeau, t. VI, Paris, F. Didot frères, 1854-1860.
- Durival, Nicolas Luton, Description de la Lorraine et du Barrois, 2 vol., Nancy, Vve Leclerc, 1778-1779
- Charlotte Elisabeth de Bavière duchesse d’Orléans, Correspondance complète de Madame duchesse d’Orléans née princesse palatine, mère du régent, éd. Gustave Brune, t. I et II, Paris, Charpentier, 1855, 3e éd., 1863.
Choix bibliographique
- Boureulle, Paul-Charles Peureux de, La dernière duchesse de Lorraine, St Dié, imprimerie Humbert, 1891.
- Harsany, Zoltan-Etienne, La cour de Léopold, duc de Lorraine et de Bar, Nancy, imprimerie Idoux, 1938 (Thèse d'État en Lettres, U. Nancy).
- Lebasch, Sarah, «Elisabeth-Charlotte d'Orléans (1676-1744), une princesse française à la cour de Lorraine, Mémoire de Master 1 d'histoire-d'histoire de l'art dir. Ph.Martin et P. Sesmat, U. Nancy 2, 2009.
- Lebasch, Sarah, «Elisabeth-Charlotte d'Orléans (1676-1744), une femme à la mode ?», Mémoire de Master 2 d'histoire-d'histoire de l'art dir. Ph. Martin et P. Sesmat, U. Nancy 2, 2010 [3] et [4] -- « Élisabeth-Charlotte d'Orléans (1676-1744) : une femme à la mode ?», Dix-huitième siècle, t. 44, 1/2012, p. 399-423 [5].
- Roz, Francine, « Madame Léopold, Élisabeth – Charlotte d’Orléans, duchesse de Lorraine (1676 – 1744) », Les cahiers du château de Lunéville no 3, Nancy, Conseil général de Meurthe-et-Moselle, 2007 p. 24-29
Choix iconographique
- fin XVIIe siècle: Nicolas II de Larmessin, Portrait d’Elisabeth-Charlotte d’Orléans dite Mademoiselle de Chartres, gravure au burin, 27,2x21,8 cm, château de Lunéville (2002.04.103).
- début XVIIIe s.: Etienne-Jehandier Desrochers, Portrait d’Elisabeth-Charlotte d’Orléans, duchesse de Lorraine, 1er ¼ XVIIIe siècle, gravure à l’eau-forte, 22,5x17,7 cm, château de Lunéville (2002.04.1392).
- XVIIIe s. : Atelier Pierre Gobert, Elisabeth-Charlotte d’Orléans, Huile sur toile, 81,5x101 cm, château de Lunéville.
- XVIIIe s. : Pierre Gobert, Portrait d’Elisabeth-Charlotte d’Orléans, Huile sur toile, château de Lunéville (2002.05.1).
- 1735: Claude Jacquard, Mariage de Marie-Anne Louise, marquise de Lunati-Visconti avec le prince Antoine Esterhazy dans la chapelle du château de Lunéville, Huile sur toile, Fondation Esterhazy, Eisenstadt (Autriche).
Choix de liens électroniques
Jugements
- Elle était «d’assez petite taille et ramassée pour son âge, d’une beauté médiocre, d’un tour de visage plus carré que rond ou ovale, avec de beaux yeux, la bouche moins belle et le nez un peu camard» (Relation de la cour de France en 1690 par Ezechiel Spanheim, envoyé extraordinaire de Brandebourg, éd. Ch. Schefer, Paris, Renouard, 1882, p. 69).
- «[Versailles, le 22 janvier 1697]... Ma fille n’a aucune pensée de coquetterie ni de galanterie […] elle n’est pas belle, mais elle a une jolie taille et bonne mine, et de bons sentiments». (Correspondance complète de Madame duchesse d’Orléans née princesse palatine, mère du régent, voir supra Principales sources imprimées, t. I, p. 25).
- «[Durant la régence 1731-1737] Sa vigilance ne se refusoit à rien et l’on fut surpris de voir au commencement de cette carrière, une Princesse qui ne s’étoit jamais mêlée d’affaires, les comprendre néanmoins à la première explication avec une justesse et un discernement qui ne lui laissoit rien échapper d’essentiel » (Ch. Collins, Charles, Histoire abrégée..., voir supra Principales sources imprimées, p. 106-107).