Elizabeth C. GOLDSMITH et Colette H. WINN (éd.)
Paris, H. Champion, 2005, 496 p., 83 euros.
Les lettres de femmes ont commencé à bénéficier d’une attention particulière au moment où la lettre familière est devenu un genre proprement littéraire. Mais si la lettre échappe ainsi au monopole masculin, rares sont les épistolières qui se sont fait un nom dans le monde littéraire de leur temps. C’est parce que la lettre n’arrive que rarement à la presse d’imprimerie, elle demeure un genre « privé ». Les correspondances féminines, pour la grande majorité, connurent une gloire posthume, certaines ne parurent pas avant le dix-neuvième siècle.
Le présent ouvrage veut mettre en relief l’apport fondamental des femmes dans le développement, voire l’épanouissement de l’art épistolaire, d’une part leur inventivité, d’autre part la conscience qu’elles ont des exigences stylistiques du genre qu’elles pratiquent (certes distinct du genre épistolaire « masculin » hérité de la tradition des anciens et des humanistes). Il réunit un choix de lettres inédites, de lettres qui n’ont jamais été rééditées depuis leur première parution, de lettres qui n’ont été que partiellement reproduites dans les réimpressions du dix-neuvième siècle ou qui sont à présent difficilement accessibles, éparpillées qu’elles sont dans des biographies ou des collections épuisées.
Les lettres rassemblées ici font intervenir des personnages prestigieux, certains ont même joué un rôle important dans la polémique politico-religieuse de leur temps. En ce sens, cet ouvrage constitue un témoignage important de l’histoire culturelle et littéraire, susceptible d’intéresser l’amateur éclairé aussi bien que l’érudit.