Éd. Jean-Philippe BEAULIEU
Saint-Étienne, Publications de l’Université, collection « la cité des dames » n° 2, 2005, 382 p., 10 euros.
Hélisenne de Crenne est certainement, avec Marguerite de Navarre, l’autrice la plus importante de la première moitié du XVIe siècle. Parmi les quatre écrits de genres différents qu’elle fit publier entre 1538 et 1541, le plus populaire fut Les Angoisses douloureuses qui procèdent d’amour, vaste roman réédité une dizaine de fois jusqu’en 1560.
Ce véritable best-seller de la Renaissance suscite aujourd’hui de nombreuses études. Il joue en effet sur plusieurs genres (roman psychologique, sentimental, chevaleresque) et sur une alternance de points de vue, afin d’illustrer les conséquences de l’amour sensuel sur Hélisenne à la fois autrice, narratrice et personnage et son amant Guénélic. Épiée par son entourage, en butte à la violence de son mari, l’héroïne en vient pourtant à se révéler à elle-même à travers cette expérience douloureuse qu’elle consigne sur le papier, dans la solitude de la chambre où elle trouve refuge, solitude qui offre un vif contraste avec les batailles, tournois et navigations de Guénélic et de son compagnon Quézinstra, partis au bout du monde à sa recherche. Le fruit d’un tel travail d’écriture constitue le roman que nous avons sous les yeux, témoignage de la façon dont l’adversité engage cette femme à trouver une place dans le monde des lettres.
Professeur au Département d’études françaises de l’Université de Montréal, Jean-Philippe Beaulieu s’intéresse depuis de nombreuses années aux écrivaines de la Renaissance. Il a consacré plusieurs études et éditions critiques à des figures féminines importantes, dont Marguerite de Navarre et Marie de Gournay. Avec Diane Desrosiers-Bonin, il a récemment dirigé le premier ouvrage collectif consacré à Hélisenne de Crenne (Champion, 2004).
L’ouvrage est disponible auprès des libraires (distribution SODIS).