Journée d’étude organisée à l’Université Paris Diderot – Paris 7
Les représentations sociales, politiques, culturelles, religieuses, philosophiques de la parentalité sont en constant mouvement, faisant écho aux évolutions des sociétés dans lesquelles ces représentations s’inscrivent. « Être père » ou « être mère » renvoie alors à une multitude de pratiques, d’enjeux, de définitions suivant les espaces, les époques et les groupes sociaux. Dans cette perspective, le concept de genre, désignant la construction sociale et culturelle des identités et des rapports sociaux de sexe, s’avère utile. Il permet non seulement de penser la pluralité des parentalités mais aussi de mener une réflexion sur la construction des identités maternelles et paternelles, ainsi que sur les relations entre père-s et mère-s, parent-s et
enfant-s.
Comment hommes et femmes s’approprient-ils les identités parentales et quelles sont les positions assignées à chacun des deux sexes dans leur rapport à la parentalité ? Quelles sont les manières d’endosser, voire de performer, les rôles perçus comme paternels ou maternels dans une société donnée à un moment donné ? Entre traditions et évolutions, ces identités et pratiques sont traversées par des enjeux, notamment sociaux et moraux, qui redéfinissent sans cesse leur contenu, leurs limites. Pourtant, nous pouvons nous interroger sur les similitudes, les permanences et les recompositions des rôles parentaux alors même que les sphères familiales peuvent sembler disparates et dissemblables selon les contextes géographiques, économiques, politiques, etc.
Plusieurs champs de recherche pourront être explorés durant cette journée :
1. Un « bon » père, une « bonne » mère ? Enjeux, appropriations et résistances face au « devenir parent ».
La parentalité est toujours encadrée de normes, variables selon l’aire géographique, l’époque, la sphère sociale, mais également le sexe auquel un individu appartient. Elle suppose des qualités, des dispositions, des comportements attendus et engendre des stéréotypes de genre définissant ce que doit être un « bon » père, une « bonne » mère. Il s’agit non seulement d’établir le contenu de ces modèles de parentalité légitimes, la conformité des individus à ces modèles construits et valorisés dans un contexte précis, mais également les résistances qu’ils opposent à ces injonctions sociales. Ces dernières ne sont pas forcément aussi contraignantes pour un sexe que pour l’autre. Par ailleurs, qu’en est-il du sentiment maternel ou paternel et en quoi peut-il différer selon le sexe du parent ? Un autre aspect pourra être abordé afin de penser au mieux la multiplicité des parentalités : qu’en est-il du « devenir parent » et de son éventuelle (re)définition face aux injonctions liées à la féminité et à la masculinité, en contexte national, transnational ou migratoire ?
2. Du « pater familias » au « nouveau père » : questionnements autour des paternités.
La paternité n’échappe pas aux « crises » récurrentes de la virilité/masculinité. Dans différents espaces et époques, plusieurs modèles de paternités – parfois antagonistes – sont amenés à coexister, ce qui ne se fait pas sans tensions. Dans quelle mesure l’apparition des « nouveaux pères » remet-elle en cause une image traditionnelle et monolithique de la paternité ? Le pater familias et ses attributs ne seraient-ils plus qu’un mythe ? Quelles sont les permanences et les ruptures (historiques, sociales, morales, philosophiques, voire religieuses) dans les représentations de la paternité, et comment penser ces dynamiques dans des sociétés appartenant à des aires géographiques plurielles ?
3. Parent biologique, parent légal, parent quotidien.
Les familles monoparentales, recomposées, homoparentales sont autant de modèles différents, où la place de chacun est à construire. La transmission du nom, l’éducation quotidienne des enfants ne sont plus simplement des logiques sociales exercées par le parent biologique, légal, mais aussi par le parent quotidien. Ces formes de famille interrogent la parentalité, ses droits et ses fonctions sociales, l’articulation entre ses différentes modalités (biologique, légale, quotidienne) mais aussi les relations qui se tissent entre (beaux)-enfants et (beaux)-parents. Comment penser la maternité et la paternité dans tous ces contextes familiaux ? Comment les différentes sociétés établissent-elles l’articulation entre ces versants biologique, légal, quotidien ?
4. Mères et pères en images : quels discours visuels ?
De nombreuses figures de mères et de pères peuplent le cinéma, la photographie, la publicité, la peinture, la bande-dessinée, ou des formes iconographiques bien plus anciennes. Comment ces images concourent-elles à l’élaboration et à l’affirmation de stéréotypes de genre appliqués à la maternité ou à la paternité ? À l’inverse, dans quelle mesure les arts visuels, mêlant partis-pris esthétiques et contraintes techniques, peuvent-ils devenir des vecteurs de transformation et de reconfiguration des modèles paternels et maternels et des liens familiaux, en devenant des espaces alternatifs faisant voir d’autres manières d’être pères et mères ?
Ces axes de recherche ne sont pas exhaustifs et/ou exclusifs. Les communications pourront s’inscrire dans différents contextes géographiques et chronologiques.
Modalités de soumission : cette journée pluridisciplinaire s’adresse à de jeunes chercheurs-ses (doctorant-e-s, post-doctorant-e-s) issus-e-s de disciplines et d’horizons différents (histoire, sociologie, littérature, ethnologie, anthropologie, philosophie, études cinématographiques, droit, etc.). Les propositions de communication (500 mots et 5 mots-clés) ainsi qu’un court CV sont à envoyer au plus tard le 15 février 2016 à l’adresse suivante : maternitespaternites2016@gmail.com
Comité d’organisation :
- Myriam Chatot, doctorante (EHESS, IRIS et CMH, Sociologie)
- Sophie de Chivré, doctorante (Université Paris Diderot, Laboratoire ICT, Institut Émilie du Châtelet, Histoire)
- Ghislain Graziani, doctorant (Université Paris Diderot, Università di Bologna, Laboratoire ICT, Histoire)
- Nouri Rupert, doctorant (Université Paris Diderot, LCSP/CEDREF, Sociologie)