Le corps humain au XVIIIe siècle n’est plus oublié, stigmatisé ou jugé indigne par les philosophes, moralistes et gens de lettres. Le temps des Lumières voit au contraire émerger une littérature et une philosophie sensuelles où le corps trouve sa place, comme chez Rousseau ou Diderot. Certains penseurs matérialistes comme La Mettrie ont même pour ambition d’expliquer par le corps tous les phénomènes humains.
Peut-on pour autant parler d’une libération des corps par opposition aux corps contraints du Grand Siècle ? Les Lumières participent en effet d’un mouvement historique où l’évolution rapide de la médecine et des savoirs sur le corps correspondent à une saisie de plus en plus intime de celui-ci par les institutions. Le discours sur le corps va-t-il alors de pair avec le pouvoir sur la vie ? Que devient le corps saisi par le politique comme enjeu d’ordre, par les théoriciens politiques comme nécessité matérielle ou par la théorie sociale naissante comme base du « corps social » émergent ?
Ce recueil d’articles vise à explorer la prise en compte du corps dans les discours sur le fait politique et sur le fait social, mais également dans les discours du politique, et la manière dont ces discours contribuent à dessiner le corps même qui en fait l’objet ; comment le corps, loin de préexister au discours qui le qualifie, est transformé et même inventé par ce discours. Entre redéfinitions du corps et nouvelles formes de la contrainte, corps coupables et corps à protéger, l’étude de l’investissement du corps par le fait social à l’époque des Lumières permet de mettre en valeur ce qui se joue dans ce rapport.
Les études proposées concerneront le XVIIIe siècle au sens large, et pourront donc également étudier des auteurs ou des phénomènes qui ne sont pas considérés comme faisant partie des Lumières, voire s’y opposent. Elles pourront explorer la manière dont le corps est pris en compte dans les discours des pouvoirs politiques, des institutions sociales ou des théoriciens politiques et sociaux ; mais également les enjeux sociaux ou politiques des discours sur le corps issus de différents domaines (médecine, pédagogie, littérature, arts de la danse et du spectacle non exclusivement). Elles pourront explorer des corpus francophones ou non francophones. Des contributions issues des différentes disciplines des sciences humaines et sociales et des lettres sont les bienvenues.
Les propositions d’articles sont à envoyer à Capucine Lebreton (Université de Genève, équipe Herméneutique des Lumières) : capucine.lebreton@unige.ch
Calendrier :
30 juin 2017 : date limite d’envoi des propositions d’articles (une page maximum hors bibliographie).
17 juillet : acceptation des propositions.
1er novembre : réception des articles complets.
Publication du recueil prévue au premier semestre 2018.