– 1673 : «Ces réflexions mettraient une femme en état de travailler en Académicienne à la perfection de sa langue naturelle»
François Poulain de la Barre, De l’égalité des deux sexes (Fayard, 1985, p. 64).
– 1683 : «Sa soeur Mademoiselle Gabrielle Charlote Patin, Académicienne aussi, publia presque en même temps cette dissertation sur le Phoenix d’une Medaille d’Antonin Caracalla.
Nouvelles de la République des Lettres, avril 1685, t. 3, p. 453.
Pierre Richelet, Nouveau Dictionnaire françois…, Cologne, Jean François Gaillard, 1694. [NB1. Cette entrée ne figure pas dans la première édition (1680). NB2. Les membres de l’Académie du Palais (1576-1585), qui était mixte, se nommaient des académiques. NB3. La phrase commençant par «Cette célèbre compagnie…», toujours en place dans l’édition de 1740 du Dictionnaire, disparaît dans celle de 1759. A la place figure: «On ne parle plus de cette académie».]
– 1612 : «Marguerite de Fages, damoiselle, veuve de Calumont» qui se pourvoit en procès devant le parlement de Bordeaux puis en appel devant le parlement de paris en 1565 est présentée «comme mère et légitime administratesse de Jean de Caulmont» son fils.
Barnabé Le Vest, CCXXXVII arrests célèbres et mémorables du Parlement de Paris, Paris, Robert Fouet, 1612, Arrest LXXIX, p.364.
– 1836 : «Madame Flahault est douée d’une haute intelligence, d’une véritable capacité ; si l’on dit femme auteure, nous dirons que madame de Flahault est une femme administrateure. Son influence est visible, vivace et volontaire; elle se maintient par l’activité, elle s’éteindrait dans l’inaction.»
Delphine Gay de Girardin (pseudo : vicomte de Launay), Lettres parisiennes, Paris, Michel Lévy, 1857, p. 44, lettre VII, du 15 décembre 1836.
– 1840 : «Elles n’y sont présentées ni comme actrices essentielles, ni comme agentes secondaires ou indirectes. ».
Les Femmes célèbres de 1789 à 1795, et leur influence dans la Révolution, Pour servir de complément à toutes les histoires de la révolution française ; par E. Lairtullier, avocat, Paris, France, t.I, p.14.
– 1576 : « Ces jours passés, Madame, ayant eu cest heur que de me faire connoistre à vous, & ayant cogneu que vous estes fort amatrice de la Poësie, favorisant tousjours aux esprits qui ont quelque marque de gentillesse : j’ay bien pris la hardiesse de vous dedier ce mien petit recueil de chansons amoureuses, avec aucuns de mes sonnets » (à « Magdeleine de Reincon, dame de Montfort, Ruffay, Brange & Savigny en Revermont »)»
Claude de Pontoux, La Gélodacrye amoureuse, Lyon, Benoist Regaud (sic), 1576.
– 1586 :(à propos des masculins en –teur)«Comment terminent iceux, leur feminin ?En –trice, ainsy amateur-amatrice, donateur-donatrice… »
Jean Bosquet,Elemens ou institutions de la langue française, 1586 (Slatkine reprints, 1972), p. 51.
– 1778 : « Par conséquent, si l’on parle d’un homme, on dira bien Monsieur est Amateur de la musique ; mais parlant d’une femme, il faudra, à ce que je crois absolument mettre, Madame est Amatrice de la musique.»
Linguet, Annales politique, civiles et littéraires, chap. “amatrice”, 1778, p. 386-397 [lire plus]
– 1784 : «Vos remarques gramaticales n’apprennent autre chose, sinon que vous ignorez le langaje du peuple (…) flatrice n’est pas sérieusement dans mes Ouvrages; j’avoue Prejugist; Peintresse, Amateuse, Imprimeuse pouvaient se dire dans mes Nouvelles; où il s’agit des Fammes de ces états: la première loi est d’être clair, et ces noms l’étaient parfaitement dans la circonstance: mais il y a plus; ces mots sont d’usage parmi les Heroïnes que j’historie, et dès lors j’ai pu, j’ai dpu les employer.»
Restif de la Bretonne, «Réponse au journaliste de **», La Prévention particulière
– 1787 : « Un inconnu prétend que c’est un mot nouveau et inutile, et qu’on doit dire une femme amateur, comme on dit une femme auteur. Il est certain qu’amatrice est un mot nouveau, mais il n’est rien moins qu’inutile aujourd’hui que les femmes se piquent de goût pour les arts, autant et plus que les hommes. Pour la femme amateur, que l’inconnu veut qu’on emploie au lieu d’amatrice et à l’imitation de la femme auteur, c’est aussi une nouveauté, et moins autorisée, et qui choque bien plus l’oreille qu’amatrice.»
Jean-François Féraud, Dictionnaire critique de la langue française, t. 1, p. 94
– 1798 : «AMATEUR. s. m. Celui qui a beaucoup d’attachement, de goût pour quelque chose. Amateur de la vertu, de la gloire. Amateur de louanges. Amateur de la nouveauté. Il se dit aussi De celui qui aime les Beaux-Arts sans les exercer. Amateur de la peinture, de la sculpture, de la musique. Il ne sait pas peindre, mais il est amateur. Quelques Écrivains ont dit au féminin, Amatrice. Ce mot est encore nouveau.»
Dictionnaire de l’Académie française, 5ème Edition (en ligne).
– 1801 : « Depuis que les femmes cultivent leur esprit, depuis qu’à l’empire de leurs charmes, elles ajoutent celui des connaissances en tout genre, depuis qu’elles aiment les lettres et les arts, il nous faut un mot doué de l’inflexion féminine pour rendre cette nouvelle idée, et le mot est Amatrice. […] Amatrice vient du latin amatrix, et de l’italien Amatrice. Les analogues d’Amatrice sont sans nombre : directeur, directrice ; consolateur, consalatrice; curateur, curatrice; et par conséquent, amateur, amatrice. L’oreille enfin doit approuver dans Amatrice la désinence qu’elle approuve dans directrice, actrice, tutrice, etc. Ce n’est pas un son nouveau pour elle, c’est même un son qui lui plaît particulièrement […] Je suis donc d’avis que le mot Amatrice, sollicité par le besoin, avoué par le goût parfaitement analogue, ayant des patrons recommandables, circulant déjà parmi les personnes qui parlent bien, est frappé au coin des meilleurs mots français.»
Jean-Sébastien Mercier, Néologie, ou vocabulaire de mots nouveaux, vol. 1 [lire en ligne l’article “amatrice”]
– 1838 : «Nous croyons qu’on doit dire, pour être raisonnable, amatrice et autrice, en parlant d’une femme. Ceux qui disent amateur et auteur ressemblent aux gens qui se laissent avoir faim, ou se contentent de trop peu, auprès d’un arbre couvert de fruits, auxquels ils ne touchent pas par crainte ou par paresse. Les mots sont à nous, et s’ils ressemblent parfois au fruit défendu, rions de la défense, rendons notre pensée. Jamais amateur et auteur ne signifieront amatrice etautrice, pas plus qu’homme, femme, et cheval, jument.»
Napoléon Caillot,Grammaire, générale, philosophique et critique de la langue française, p. 285.
– 1845 : Article « amatrice »«(…) L’usage n’a pas jusqu’alors admis ce féminin, ni celui d’autrice. Cette inadmission vient plutôt d’une vieille habitude que jusqu’alors on (n’)a pas osé combattre, quoique paralysant le principe de la raison ; car, on dit bien actrice, et assurément aujourd’hui on ne dirait pas une femme acteur. Il y a dans la langue française une foule de cas où l’habitude seule entrave la locution et contrarie l’enrichissement de cette langue.»
Jean Baptiste de Radonvilliers Richard,Enrichissement de la langue française, dictionnaire de mots nouveaux.
– 1697 : « Guébriant (Renée du Bec, maréchale de) : (…) Elle fut chargée de mener au roi de Pologne la princesse Marie de Gonzague, qu’il avait épousée à Paris par procureur, et on la revêtit d’un caractère nouveau, ce fut celui d’ambassadrice extraordinaire. (…) Qu’on médise tant qu’on voudra de ceux qui donnent les charges, (…) on ne persuadera jamais aux gens de bon sens que la reine mère et le cardinal Mazarin eussent choisi cette maréchale, pour surintendante de la conduite de la reine de Pologne, et pour ambassadrice extraordinaire, si on ne l’avait jugée propre à faire honneur à la France dans la cour de Pologne. »
Bayle, Dictionnaire historique et critique (1697), édition 1820, vol. 7, p. 311, 314
– 1789 :«Deux seules femmes françoises ont été publiquement chargées de fonctions importante. Madame de la Haye Vantelai fut envoyée à Venise en qualité d’Ambassadricede France. La maréchale de Guébriant fut revêtue du caractère d’Ambassadrice Extraordinaire auprès de la République de Pologne.»
Mme de Coicy, Demande des femmes aux États généraux, p. 10.
– 1622 : «la Madeleine est la seule âme à qui le Rédempteur ait jamais prononcé cette parole et promis cette auguste grâce: “en tous lieux où se prêchera l’Évangile, il sera parlé de toi”. D’ailleurs, Jésus-Christ déclara sa très heureuse et très glorieuse résurrection aux dames les premières, afin de les rendre, selon le célèbre mot de Saint Jérôme au Prologue sur le Prophète Sophronias, apôtresses aux propres apôtres [aux apôtres eux-mêmes], et comme l’on sait, avec mission expresse: “Va, dit-il à cette-ci même, et récite aux apôtres et à Pierre ce que tu as vu”.»
Marie de Gournay, L’Égalité des hommes et des femmes, 1622, in Oeuvres complètes, éd. J.-Cl. Arnould et al., Paris, H.Champion, 2002, p.985.
– 1475 : «Que les femmes ouvrant et qui besognent dudit métier de présent en ladite ville de Paris seront maîtresses audit métier si être le veulent, en payant pour leur nouvelle maîtrise et entrée 12 sols parisis, comme dit est ci-dessus des hommes (…). Les apprentisses pourront être reçues maîtresses en faisant chef d’oeuvre et en payant telle somme à appliquer en la manière comme est dit ci-dessus. (…) en effet et substance, tous les points et articles ci-dessus contenus seront communs et s’étendront et appliqueront tant aux femmes que aux hommes, soit qu’il touche la maîtrise ou les ouvrages ou autre chose dudit métier.»
Statuts des tissutiers de Paris, cités par Henri Hauser, Ouvriers du temps passé (XVe et XVIe siècles), Paris, Félix Alcan, 1900, p.154 (le cas est exceptionnel; l’égalité des traitements est attaquée depuis le milieu du siècle précédent).
– 1509 : « Excusez donc l’esperict debille [faible] de la povre aprentisse; se vous sera honneur et deshonneur la redarquer [contredire]. C’est euvre de femme, qui donne rason peremptoire d’excusacion [ce qui est une bonne raison de l’excuser]: plus ample que d’ung homme, qui a liberté aller sa et la aux universitiés et estudez où il peult comprandre toustes sciences par solicitude, [ce] qui n’est l’estat du sexe femynin. »
Catherine d’Amboise, Prologue du Livre des prudens et imprudens, in Catherine d’Amboise (1482-1550), Poésies, éditées et présentées par Catherine M. Müller, Montréal, CERES, 2002, p.22.
– 1677 : «Marguerite du Tertre, veuve de Jean Didiot sieur de la Marche, Maistresse Jurée Sage-femme de nôtre bonne Ville de Paris & de l’Hôtel-Dieu d’icelle, Nous a fait remonstrer qu’elle a composé une Instruction familiere & trés-facile, faite par questions & réponses, touchant toutes les choses principales qu’une Sage-femme doit sçavoir pour l’exercice de son Art, & ce en faveur des Apprentisses Sages-femmes dudit Hostel-Dieu […].»
La Marche, Marguerite du Tertre, veuve de, Instruction familière et très facile faite par questions et réponses, touchant toutes les choses principales qu’une sage-femme doit sçavoir pour l’exercice de son art…, A Paris, chez la dite veuve de la Marche (en ligne).
– 1784 : «IV. L’Architectisse, ou la Famme au Mari partagé.»
Rétif de la Bretonne, Les Contemporaines graduées: ou Avantures des Jolies-Fammes de l’âge actuel, Leïpsick, Büschel, 1784, p.199.
– 1768 : «Spectacle pyrique de Mlle Saint-André artificière du Roi, seule approuvée de l’Académie Royale des Sciences.
Fréron, L’Année littéraire, 1768, III, p.118-119.
– XVIIIe s.: «Je ne crois pas non plus qu’assassine puisse être pris substantivement; il n’est admissible que comme adjectif, encore y-a-t-il très peu d’occasion où l’on puisse l’employer. Il se peut, pourtant, que du temps de Corneille, il fût reçu en poésie, ou qu’il ait projeté d’en enrichir la langue française: ce qu’il y a de certain, c’est que l’Académie ne l’a point adopté comme substantif féminin, et peut-être a-t-elle eu tort; car les crimes et les assassinats étant communs aux deux sexes, pourquoi dit-on: c’est un assassin’ et pourquoi rejette-t-on: c’est une assassine?»
Lekain, in Mémoires de Lekain, précédés de réflexions sur cet acteur et sur l’art théâtral, par M. Talma, Paris, Etienne Ledoux, 1825.
– 1910 : Pendant le siège de Paris (1870) existait un «Club de femmes où les hommes n’étaient admis que comme spectateurs. Le Président était une Présidente, les Assesseurs des Assesseuses.»
Marc de Villiers, Histoire des clubs de femmes et des légions d’amazones, 1793-1848-1871, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1910, p.390.
- Athlétesse
– 1922 : «les premiers Jeux olympiques féminins nous montreront, au stade Pershing qui va leur servir de cadre le 20 août prochain, des luttes entre les seules championnes des nations sportives, c’est-à-dire entre les athlétesses de l’Amérique, de la Belgique, de la Tchéco-Slovaquie, de la Suisse, de l’Italie, de l’Angleterre et de la France.»
Rodolphe Darzens, Le Journal, 3 août 1922
– 1480 : «Lettres-patentes en parchemin, escrites en langage gascon, de Magdeleine, fille du roy Charles VIIe de France et soeur du roy Louis XIe, vefve du prince de Viane, et mère, autrice et gouvernante de François-Phoebus, roy de Navarre, duc de Nemours (…) par lesquelles lettres ladicte dame fait ledict Bernard de Béon chambellan dudict Roy, son fils et ce avec honorable commémoration de ses services, scellées de l’an 1480» .
Bibliothèque impér., cabinet des titres, dossier de Béon ; preuves pour l’ordre du Saint-Esprit). Cité dans Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, Par Henri Gabriel O’Gilvy, Typographie G. Gounonilhou, 1860.
– 1524 : «Après donc la malédiction du serpent, le doux et bon médecin faict et baille les emplastres et cauteres necessaires pour la guerison de la playe de nature humaine, preservation et conservation de santé, s’adressant à la femme, comme auctrice de péché et plus blessée».
Briçonnet, lettre à Marguerite d’Angoulême, 31 août 1524
– 1529 : «Sur quoi lesdits seigneur roy et dame m’ont escript, comme autrice de paix, vouloir pourveoir et remedier, tant par lettres à V. M. que à l’imperatrice, afin que mesdits seigneurs leurs enffans (…) soient bien traictez (…)»
Marguerite d’Autriche à Charles Quint, le 11 octobre 1529, en référence à la récente signature de la “Paix des dames” (même année) par elle et Louise de Savoie, et à la libération prochaine des Enfants de France retenus prisonniers à Madrid, Négociations diplomatiques entre la France et l’Autriche durant les trente premières années du XVIe siècle, publiées par M. Le Glays, Paris, Imprimerie royale, 1845, tome 2, p. 710.
– 1541 :
« Aux premiers vers que tu escriptz et mandes
Au tien Phaon, Sapho, tu luy demandes
S’il a congneu que ta lettre gentille
Feust de ta main escripte, et de ton stille.
Certe aussi tost qu’en sa main l’a tenue
Sans point l’ouvrir l’authrice il a congneue, […] »
Michel d’Amboise, Contrepistres, Paris, Denis Janot, 1541, « La XV epistre de Phaon à Sapho », v. 1-6, f. 109 v.
– 1529 : «Sur quoi lesdits seigneur roy et dame m’ont escript, comme autrice de paix, vouloir pourveoir et remedier, tant par lettres à V. M. que à l’imperatrice, afin que mesdits seigneurs leurs enffans (…) soient bien traictez (…)»
Marguerite d’Autriche à Charles Quint, le 11 octobre 1529, en référence à la récente signature de la “Paix des dames” (même année) par elle et Louise de Savoie, et à la libération prochaine des Enfants de France retenus prisonniers à Madrid, Négociations diplomatiques entre la France et l’Autriche durant les trente premières années du XVIe siècle, publiées par M. Le Glays, Paris, Imprimerie royale, 1845, tome 2, p. 710.
– 1554 : «Quelqu’un vous dira telles Dames n’estre autrices des constitutions [lois], qui sous leur nom sont publiées, ains [mais] leur conseillers»
La Claire, ou De la prudence de droit, Dialogue premier, Plus La clarté amoureuse, Par Lois le Caron Droitconseillant Parisien, et advocat au souverain Senat des Gaulles, Paris, Guillaume Cavellat, 1554, f°17v-18r.
– 1573 : .
«Ils permettront que la malice,.
Contre ta vertu rebouchant,.
Recherra dessur son authrice,.
Bourreau de son crime mechant.» (v.1609) .
«Et toy, pauvre vieillotte, authrice malheureuse .
D’un esclandre si grand pour ta Dame amoureuse,.
Pourras-tu regarder le sainct thrône des Dieux » (v.1885) .
Robert Garnier, Hippolyte, 1573.
– 1581 : «J’ay recouvert quelques petites oeuvres poétiques… par le moyen de mes amis et de la mesme damoiselle autrice du précédent discours» .
Marie de Romieu, «L’Imprimeur au lecteur», Oeuvres poétiques, 1581.
– 1582 : «Tous les maux d’Etolie l’occision de tant de gens, voire la mort de Meleager : ils disent que tout cela vient de Diane, qui en fut l’autrice» («Sacrifices, 1») «Comme si, estant maistresse et autrice de toutes ces choses elle prenait sus soy-mesme toute la coulpe» («Du Chercheur de repues franches, 2»).
Lucien de Samostate, Oeuvres, trad. du grec par Filbert Bretin, 1582.
– fin XVIe : «On l’a fort accusée du massacre de Paris: ce sont lettres clauses pour moi quand à cela, car j’estois à nostre embarquement de Brouage; mais j’ai bien ouy dire qu’elle n’en fut la première autrice ».
Brantôme, «Discours sur la reine Catherine de Médicis», in Étienne Vaucheret (éd.), Recueil des Dames, poésies et tombeaux, Paris, Gallimard, «La pléiade», 1992, p.48.
Marie de Gournay, L’Egalité des hommes et des femmes, in Œuvres complètes, vol.1, p.984.
– 1639 : (À propos de la marquise de Sablé) «Tout ce que vous dittes sur les femmes autrices est admirable» .
Chapelain, «Lettre à M. de Balzac, 9 oct. 1639», in Ph. Tamizey de Larroque (éd.), Lettres, Paris, Impr. nat., 1880-1883, tome I.
– 1651 : «Pour parvenir à la conqueste de cette insigne Toison d’or, les poëtes ont feint que la déesse Pallas avoit esté l’autrice de la grande nef Argo, dans laquelle Jason et ses illustres conquerans s’embarquerent pour le voyage de Colchose (…)».
Apothéose de Madame la duchesse de Longueville, princesse du sang, sn, sl, p.4.
– 1662 : (à propos de Mlle Desjardins pour son Carrousel du Dauphin)
«Au Carrousel de notre Roi,
La jeune Autrice de Torquate,
Pièce charmante et délicate,
A fait en style net et fin, Un Carrousel pour le Dauphin.».
Loret, La Muse historique, 27 mai 1662.
– 1665, 1687, 1690 :« part d’autrice ».
La Grange, Registres du Théâtre Français, à propos des premières dramaturges professionnelles jouées par la troupe de Molière.
– 1682 : «Un Homme est un Autheur, une Femme est autrice. Appelez-donc Madame Autrice, et non Autheur».
De la Thuillerie, Crispin bel esprit, Paris, J. Ribou, 1682, sc.10.
– 1689 : «Il faut dire cette femme est Poëte, est Philosophe, est Médecin, est Auteur, est Peintre ; et non Poëtesse, philosophesse, Médecine, Autrice, Peintresse, etc.» .
Nicolas de Boisregard, Reflexions sur l’usage présent de la langue française, 1689, p. 228.
– 1750 : «Quoique le terme de spectarice ne soit pas nouveau, l’usage qui s’est déclaré contre celui d’authrice sembla par là avoir proscrit le premier dans un sens à peu près semblable ; mais il fallait exprimer le sexe vrai ou prétendu de l’Auteur, le but qu’il se propose On aurait pu lui donner simplement le titre de Spectateur femelle, en traduisant littéralement celui de l’original ; mais cette expression paraissait basse, peu correcte et on n’osait pas s’en servir. .
La Spectatrice, «Avertissement sur le titre», La Haye 1750.
– 1752 : «Autrice. s. f. Mot que l’usage n’admet pas, pour signifier celle qui a composé un ouvrage d’esprit. J’avais déjà lu plus d’une fois, Madamoiselle, la lettre sur les bons mots, insérée dans le Mercure du mois d’avril dernier, lorsque Madame la Marquise de la S.** me dit que vous en êtes l’autrice. Mercure, juin 1726. Il falloit dire l’auteur, suivant le bon usage et la décision de l’Académie Françoise.» .
Dictionnaire universel français et latin, vulgairement appelé Dictionnaire de Trévoux, Paris, Compagnie des Libraires associés,1752.
– 1762 : «Et comment pourrait-on se refuser d’admettre les termes d’Éditrice et d’Autrice, d’après les exemples nombreux de la formation, par principe, des termes de protectrice, de bienfaitrice, de coadjutrice, d’actrice, etc., tandis qu’on a été jusqu’à féminiser des termes de dignités qui ne sont point personnels aux femmes, comme Mad. la Présidente, Mad. la Conseillère, la Maîtresse des Comptes, Mad. la Maréchale, Mad. la Commandante, Mad. la Gouvernante, etc. ?»
«Lettre de Mlle Corr** à Mad. De Beaumer, Autrice du Journal des Dames», Nouveau Journal des dames, février 1762 (lire l’intégralité de la lettre et la réponse favorable de Mme de Beaumer)
– 1777 : [à propos des Proverbes dramatiques mêlés d’arriettes connus, de Madame de Laisse, publiés «chez la veuve Duchesne, Libraresse, rue Saint-Jacques, au Temple du Goût; et chez l’Auteur, au Luxembourg»] «Permettez-moi de vous dire, Madame la Comtesse, que j’aurais voulu que Madame Delaisse eût mis chez l’Autrice, comme j’ai mis Libraresse. Ces qualifications ne sont pas approuvées, il est vrai, par l’Académie Française, mais elles n’en sont pas moins bonnes et significatives; d’ailleurs l’usage les autorise: car nous disons tous les jours à Paris, une Notaresse, une Commissaresse, une Libraresse, etc. Revenons au mot forgé d’Autrice; il n’est point nouveau, plusieurs fois on l’a dit et même écrit: ce mot d’Autrice est consigné dans les fastes (sic) de l’Histoire du Théâtre Français, tome XIII, p. 58. Je transcris l’article, “le Voleur ou Titapapouf, petite Comédie de Mademoiselle de Longchamps, non imprimée, représentée pour la première fois le mardi 4 novembre 1687″. MM. Parfait rapportent ensuite l’extrait du Registre de l’année, conçu en ces termes:”Mardi 4 novembre, Britannicus et la première représentation du Voleur ou Titapapouf, par Mademoiselle Longhamps, Souffleuse, part d’Autrice 9 liv.” “Vendredi 7 novembre, Bérénice et la seconde représentation deTitapapouf part d’Autrice 9 liv. Samedi 8 novembre, Mitridate, et la troisième et dernière représentation de Titapapouf part d’Autrice 9 liv.” Me voilà, ce me semble, assez autorisé à me servir du nom d’Autrice, pour signifier une femme de Lettres.» .
De Coudray, «Annonces et Extraits des Ouvrages dramatiques, ou relatifs à cet Art», Correspondances dramatiques, Tome I, Lettre XIV (en réalité: Lettre XVI), 1er juin 1777, p.257-258.
– 1784 : «Ah ! ciel ! une femme AUTRICE! Mais c’est le comble du délire! (…) Une femme AUTRICE sort des bornes de la modestie prescrite à son sexe. (…) Toute femme qui se produit en public, par sa plume, est prête à s’y produire comme actrice, j’oserais dire comme courtisane: si j’en étais cru, dès qu’une femme se serait fait imprimer, elle serait aussitôt mise dans la classe des comédiennes et flétrie comme elles: ainsi, je ne permettrais d’écrire qu’aux femmes entretenues et aux actrices. J’accorderais aux AUTRICES le privilège flétrissant des filles de théâtre, qui les soustrait au pouvoir paternel: car c’est là surtout ce qui établit la bassesse des comédiennes, les tire du rang des citoyennes, et les place dans la classe des prostituées».
N. Restif de la Bretonne, La Paysanne pervertie, Slatkine reprints, 1988 (1784), p.143.
– 1785 : «Calliope, la Première des fammes-auteurs, autrices ou auteuses, n’avait fait qu’un ouvrage, mais d’un grand mérite, quoique ce fût un Roman» N. Restif de la Bretonne, Les Contemporaines graduées, XXXIX, 32,1785.
– 1801 : «Quand on est Autrice, il faut être une Autrice distinguée: alors c’est bien. Mais il faut révéler: Quod latet arcana inenaurabile fibra. Les auteurs encensent, adulent les Autrices, mais ils ne les aiment pas.»
Louis Sébastien Mercier, Néologie ou vocabulaire de mots nouveaux à renouveler ou pris dans des acceptations nouvelles, Paris, Moussard/ Maradan,1801.
– 1836 : «Demain jeudi, à l’heure où nous écrivons, aura lieu pour la réception de M. Dupaty, la séance solennelle dont nous nous empressons de rendre compte ; l’assemblée aura été nombreuse, une foule de femmes célèbres s’y sera fait remarquer. Les femmes auteures auront sorti leurs petits chapeaux de plumes qui ne voient le jour que lorsque les quatre Classes se réunissent, et leurs petites pèlerines soi-disant garnies de dentelles, mantelets de fantaisie, qui suffisent à la science.» ; «Madame Flahault est douée d’une haute intelligence, d’une véritable capacité ; si l’on dit femme auteure, nous dirons que madame de Flahault est une femme administrateure. Son influence est visible, vivace et volontaire; elle se maintient par l’activité, elle s’éteindrait dans l’inaction.»
Delphine Gay de Girardin (pseudo : vicomte de Launay), Lettres parisiennes, Paris, Michel Lévy, 1857, p. 21, lettre du 9 nov. 1836 et p. 44, lettre VII, du 15 déc. 1836.
–1838 :«Nous croyons qu’on doit dire, pour être raisonnable, amatrice et autrice, en parlant d’une femme. Ceux qui disent amateur et auteur ressemblent aux gens qui se laissent avoir faim, ou se contentent de trop peu, auprès d’un arbre couvert de fruits, auxquels ils ne touchent pas par crainte ou par paresse. Les mots sont à nous, et s’ils ressemblent parfois au fruit défendu, rions de la défense, rendons notre pensée. Jamais amateur et auteur ne signifieront amatrice et autrice, pas plus qu’homme, femme, et cheval, jument.»
Napoléon Caillot,Grammaire, générale, philosophique et critique de la langue française, p. 285.
– 1845: Article « amatrice »«(…) L’usage n’a pas jusqu’alors admis ce féminin, ni celui d’autrice. Cette inadmission vient plutôt d’une vieille habitude que jusqu’alors on (n’)a pas osé combattre, quoique paralysant le principe de la raison ; car, on dit bien actrice, et assurément aujourd’hui on ne dirait pas une femme acteur. Il y a dans la langue française une foule de cas où l’habitude seule entrave la locution et contrarie l’enrichissement de cette langue.»
Jean Baptiste de Radonvilliers Richard, Enrichissement de la langue française, dictionnaire de mots nouveaux.
– 1847 : «Il vous plaît que Mme Farrenc, par exemple, dont le nom brille d’un vif éclat parmi ceux des femmes vivantes que cite notre collaborateur, soit “excellente auteur” dans un genre qui paraissait inaccessible à son sexe: la grande symphonie, et que “cette savante compositeur” regrette de n’avoir pu écrire pour la scène. (…) Les noms d’auteur et de compositeur appliqués aux femmes avec une terminaison masculine sont pour elles une véritable injure et semblent précisément indiquer cette interdiction qui a si fort choqué M. Bourges».
Adrien de La Fage, «Supplément aux deux articles des femmes compositeurs», Revue et Gazette musicale de Paris, 14, 3 oct.1847, p.323-325.
– 1864 : «Mais en Angleterre, les authoress sont, la plupart du temps, des jeunes filles emportées vers la carrière littéraire par la passion des lettres, ou même simplement élevées pour être médecines ou avocates»
J. Claretie, La Libre parole, 1864.
– 1899 : «Un journal discourait naguère sur authoresse, et, le proscrivant avec raison, le voulait exprimer par auteur. Pourquoi cette réserve, cette peur d’user des forces linguistiques’ Nous avons fait actrice, cantatrice, bienfaitrice, et nous reculons devant autrice, et nous allons chercher le même mot latin grossièrement anglicisé et orné, comme d’un anneau dans le nez, d’un grotesque th.»
Rémi de Gourmont, Esthétique de la langue française, 1899, p.88.
– 1924 :«Nombreuses en effet sont les femmes qui ont “en tiroir” des manuscrits de pièces refusées – ou non offertes parce qu’assurées de n’être pas lues – et plus nombreuses seraient-elles si l’espoir de leur faire un sort soutenait leurs auteurs ou autrices.»
Gabrielle Bruno, réponse à l’enquête du journal LeCri de Paris,«Pourquoi y a-t-il si peu de femmes auteurs dramatiques’»
– 1996 : (à la définition d’«auteur») «Rem. Il existe un féminin, autrice». Alain Rey et Josette Rey-Debove (dir), Le Petit Robert, éd. 1996
– 1999 : «Toutes les “autrices” sont minorées. Pourquoi étudie-t-on moins George Sand que Flaubert ou Stendhal’ Quel livre d’histoire accorde une place à Olympe de Gouges, qui a écrit la “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne”?»
«Ségolène Royal et la “parité intellectuelle”», Elle, 11 octobre 2006.
– 2003 : (à la définition d’«auteur») «Rem. La forme féminine est autrice (lat. auctrix): on la rencontre parfois aux sens 2 (auteur de (un livre, une oeuvre d’art)), 3 (personne qui a fait un ou pluieurs ouvrages littéraires) et 4 (Par ext. personne qui écrit des textes de chansons)».(une entrée «autrice» renvoie à l’entrée «auteur».)
Alain Rey et Josette Rey-Debove (dir), Le Petit Robert, éd. 2003.
– 2003 : “Si l’on tient absolument à mettre auteur au féminin, la seule forme correcte serait autrice, bien attestée au XVIe siècle (comme matrice, actrice, lectrice, etc.) Vous-même écrivez avec raison conceptrice, directrice“.
Claude Lévi-Strauss, Lettre du 12 juillet 2003, collection particulière.
– 2004 :«Je félicite votre journal pour son emploi très judicieux du féminin écrivaine à la fois élégant et tout à fait français, sur le modèle de châtelaine, vilaine. En revanche, je ne saurais trop vous dissuader de tenter d’imposer (pour faire plaisir à qui ?) le très disgracieux et surtout très incorrect auteure lors que le féminin logique d’auteur est évidemment autrice car, que je sache, vous écrivez créatrice et non créateure, actrice et non acteure, rectrice et non recteure, sénatrice et non sénateure, oratrice et non orateure, sculptrice et non sculpteure, etc. Enfin, et pour les mêmes raisons, abandonnez, de grâce, le ridicule procureure alors que le seul féminin de procureur est évidemment procureuse.»
Jacques Nizart,«La place du féminin», Courrier des lecteurs du Monde, 10 mars 2004.
– 2006 : «Louise Labé (…) s’inscrit donc dans ce qui deviendra une grande tradition française, celle de ces autrices supposées, objet de prédilection des écrivains mâles (…)» [à propos de cette polémique, consulter notre rubrique «Louise Labé attaquée!»]
Mireille Huchon, Louise Labé, une créature de papier, Genève, Droz, p.274.
– 2008 : « Histoire d’Autrice, de l’époque latine à nos jours »
Titre de l’article d’Aurore Evain sur l’histoire de ce féminin, paru dans SÊMÉION, Université Paris Descartes, n°6, février 2008 et en ligne sur le site de la SIEFAR (communication pour le séminaire « Rapports sociaux de sexe dans le champ culturel », octobre 2004) .
– 2012 :« autrices ? ça se dit, ça ?»
Billet d’humeur des correcteurs et correctrices du Monde.fr, sur le blog« Langue, sauce piquante», en faveur de l’emploi de ce terme.
– 2013 : emploi systématique d’autrice dans la Lettre de la Charteuse, Centre nationale des écritures du spectacle (11 occurrences).
La Charteuse, Villeneuve-lez-Avignon, n°83, avril-juin 2013, en ligne
– 2017 : Préconisation de l’emploi du féminin “autrice” dans le Guide pratique pour une Communication sans stérétotype de sexe du Haut Conseil à l’égalité
En ligne
– 1796 :« la Révolution française n’est que l’avant-courière d’une autre révolution bien plus grande, bien plus solennelle, et qui sera la dernière. »
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Avocate
– 1634/1689 : on dit bien qu’une femme a esté conseillere d’une telle action, mais non pas iugesse d’un tel procès ; qu’elle a esté mon Avocate, mais non pas qu’elle a esté mon oratrice.
Nicolas de Boisregard, Reflexions sur l’usage présent de la langue française, 1689, p. 228, citantGuez de Balzac, « Lettre de Balzac à Girard, 7 mai 1634 ».
– 1729 : Mme Sorbin. — Mort de ma vie ! qu’on nous donne des armes, nous serons plus méchantes que vous ; je veux que dans un mois nous manions le pistolet comme un éventail (…) Arthénice. — Il n’y a que de l’habitude à tout. Mme Sorbin. — De même qu’au Palais à tenir l’audience, à être Présidente, Conseillère, Intendante, Capitaine ou Avocate. Un Homme. — Des femmes avocates ?
Marivaux, La Colonie, scène 13 (in Théâtre complet, éd. Marcel Arland, Paris, Gallimard « la pléiade », 1949, p. 637-671).