Chaque année les Journées du Patrimoine invitent le public européen à venir découvrir gratuitement 17 000 lieux emblématiques. Ces lieux sont à 95% créés, dessinés, peints, sculptés… par des hommes. Alors que notre histoire regorge de scientifiques, d’écrivaines, de militantes, de femmes politiques, d’artistes, de résistantes, elles sont invisibilisées de l’espace public.
Pour la troisième année, différentes manifestations culturelles seront organisées dans toute la France afin de célébrer dans l’espace public les créatrices et femmes célèbres de l’Histoire.
Plusieurs concernent les femmes de l’Ancien Régime :
Mardi 11 septembre :
- 19h, Scène nationale de Châteauroux, Equinoxe / Conférence : “Matrimoine” par Aurore Evain
Les actrices ne furent pas de tout temps les bienvenues sur la scène de nos théâtres. Leur apparition, entre le XVIe et le XVIIe siècle, suscita de vives polémiques. À la même époque, les premières autrices professionnelles partirent à l’assaut de l’écriture théâtrale, genre « mâle » par excellence, pour accéder à la parole publique et à l’espace social, artistique et politique que constituait la scène de l’Ancien Régime. Comment ces Amazones des lettres disparurent de notre mémoire, au point d’y perdre jusqu’à leur qualificatif d’« autrice » ? Et aujourd’hui, qu’en est-il ? La redécouverte de ces devancières n’a-t-elle pas un rôle à jouer dans la quête de visibilité des créatrices d’aujourd’hui ? Leur histoire n’est-elle pas un puissant outil de légitimité ? À la cohorte des comédiennes, muses et héroïnes littéraires qui peuplent l’histoire du théâtre, il est désormais temps d’y adjoindre les autrices. Avec elles résonne un irréductible féminin, « autrice », auquel on a longtemps fait la guerre, mais qui résiste au fil des siècles… Autrice, comédienne, metteuse en scène et historienne du théâtre, Aurore Évain est directrice artistique de la compagnie La Subversive et artiste associée du Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon. En parcourant l’Histoire des créatrices de théâtre, Aurore Évain évoquera l’enjeu que représente aujourd’hui la mise en lumière de notre matrimoine. En savoir plus
Samedi 15 septembre :
- 16h30, Bobigny auditorium de la Bourse Départementale du Travail / Lectures : Les Amazones : archéologie d’un mythe féministe. Workshop pluridisciplinaire autour de la figure de l’Amazone.
Qu’est-ce qu’une Amazone, quelles sont les traces physiques de leur existence ? Comment ont-elles inspiré les arts et sur quelle période ? Comment expliquer leur effacement ? Comment remettre en scène ces héroïnes ? Pastilles artistiques proposées : Lecture d’un extrait des Amazones d’Anne-Marie du Boccage ; Présentation d’une cartographie fantasmée des Amazones (en partenariat avec le CRD de Pantin) ; Lecture d’un extrait de La Cité des Dames de Christine de Pizan ; Visualisation d’œuvres d’arts plastiques illustrant l’évolution de l’image de l’Amazone jusqu’à la représentation de Marianne. Dans le cadre des Journées du matrimoine organisées par HF Île-de-France.
Dimanche 16 septembre :
- 11h30, SACD, Paris 9ème / Musique – « Ah ! Si vous saviez, mes compagnes… », airs sérieux et à boire de compositrices du Grand Siècle : Julie Pinel, Mlle Guédon de Presles, Mlle de Ménetou, Antonia Bembo.
A la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles, l’éditeur Christophe Ballard publie des milliers d’airs dont ceux-ci, composés par des femmes plus ou moins connues à leur époque. On y retrouve les thèmes traditionnels des errements amoureux et du plaisir du vin. Chant : Amal Allaoui ; Théorbe : Marie Langlet. Dans le cadre de l’Apéro-Matrimoine dans le jardin d’hiver de la SACD, organisé par le collectif Midi Minuit du Matrimoine, de 11h à 13h, 11bis rue Ballu, 75009, Paris. Programme complet
Samedi 15 et dimanche 16 septembre :
- 16h, 19 rue de Beaujolais, Paris 2e / Visite guidée : « Un personnage en quête d’Autrice »
Une visite culturelle de Paris va commencer avec pour thème les autrices du passé. Soudain, survient Mademoiselle Fifi, dite « Boule de suif », échappée des pages de Guy de Maupassant. Estimant être maltraitée par son auteur, elle part en quête d’autrices pour que sa vie soit écrite autrement. Après quelques rencontres d’écrivaines ou de personnes liées à l’écrit, Mademoiselle Montansier, Colette, Madame de Lambert, lui sont présentées des autrices qui pourraient lui prêter leur plume. Au-delà de Christine de Pizan, la première à vivre de sa plume, toutes ont lancé un courant littéraire. Marguerite de Valois (mémorialiste), Madame de Lafayette (roman moderne), Madame de Sévigné (la littérature du quotidien), Madame de Scudéry (mouvement précieux), Madame de Sablé (les maximes), Nathalie Sarraute (le nouveau roman). Au fur et à mesure, Fifi progresse. Partie de l’idée de vouloir raconter sa vie, aucune plume ne lui convient. De fait, elle veut être autrice de sa vie, prendre la parole avec les révolutionnaires comme Madame Roland. 2e partie : Mademoiselle Fifi rejoint l’association Le deuxième texte, ce jour-là installée 4, rue de Cléry. Voici Mademoiselle Fifi et le public qui l’a suivie, face aux ordinateurs et encadrés pour leurs premiers pas d’éditeurs et d’éditrices au service des textes des femmes du passé. Des chants du XVe au XXe siècle ponctuent le parcours, interprétés par des professionnel.le.s issu.e.s du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Écrit par Edith Vallée, autrice. Conception musicale : Emmanuelle Cordoliani, metteuse en scène, et Jérôme Billy, chanteur. Composition originale pour Christine de Pizan : Romain Dumas. Conduite du parcours : Anne-Laure Grenon, comédienne Avec Edith Vallée, Josée Rodrigo et Moïra Sauvage. Chants : Jérôme Billy, Fabien Hyon, Karine Godefroy, Fiona McGown, Romain Dayez, Vincent Pavesi, Lena Spohn, Brenda Poupard, Laura Holm, Marie-Bénédicte Souquet. Le deuxième texte : Philippe Gambette. Dans le cadre des Journées du matrimoine organisées par HF Île-de-France.