Dijon, Editions Universitaires de Dijon, 2017.
Rédigés à la fin de l’Ancien Régime par des avocats pour défendre leurs clients et diffusés en marge des procès, les mémoires judiciaires (ou factums) décrivent avec force détails les ressorts des litiges tout en alimentant les polémiques. Ils représentent une source exceptionnelle pour étudier les mentalités et les relations de pouvoir. La présence de femmes dans ces documents permet de s’intéresser aux places qu’elles occupaient dans la famille et la société à la veille de la Révolution française. Alors même que se multiplient les discours des philosophes et des médecins consacrés aux spécificités de la nature féminine, les factums présentent une image beaucoup plus fine et proche de la réalité des rôles que les femmes peuvent jouer. En analysant les discours produits par un échantillon de plus de 150 factums conservés à la Bibliothèque nationale de France, cet ouvrage propose une immersion dans la vie quotidienne des femmes de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ainsi qu’une réflexion sur la part de pouvoir qu’elles parvenaient à obtenir. Il offre aussi une réflexion sur la manière dont les normes sociales peuvent être nuancées et contestées. Les femmes apparaissent davantage comme des individus aptes à se présenter devant la justice pour défendre leurs droits, plutôt que comme de faibles victimes.