Groupe de Recherche d’Histoire (GRHis), Université de Rouen Normandie (France) – Institut Universitaire de France
8ème Colloque du Réseau Européen “Gender Differences in the History of European Legal Cultures”
Université de Rouen Normandie, 17-18 Novembre 2016
Maison de l’Université, salle des conférences, Place Émile Blondel, Mont St Aignan
Organisatrices :
Anna Bellavitis (GRHis-Université de Rouen Normandie/Institut Universitaire de France)
Beatrice Zucca Micheletto (GRHis-Université de Rouen Normandie)
Le 8ème colloque du réseau Gender Differences in the History of European Legal Cultures se propose d’analyser les conséquences des systèmes juridiques européens sur le développement de rôles économiques spécifiques pour les hommes et les femmes. Au cœur de la comparaison il y a les différentes évolutions des régions européennes à l’époque moderne. L’Europe du Nord était caractérisée par une grande variété de droits coutumiers, qui toutefois avaient des éléments en commun ; alors que l’Europe du Sud était caractérisée par le droit romain, mais avec des variantes locales, parfois très importantes.
Dans les dernières années, des historien-ne-s du genre et de l’économie ont appliqué aux sociétés de l’époque moderne des catégories d’analyse forgées par les économistes des pays émergents, afin de questionner les liens entre les droits des femmes, l’économie maritale et le développement économique.
Dans un article stimulant publié en 2005, Amy L. Erickson a suggéré l’existence d’une relation entre le développement du capitalisme anglais, au XVIIIe siècle, et le fait que les femmes mariées, sous le régime de la “common law” perdaient leurs droits de propriété au profit du mari. Cela permettait aux maris d’utiliser librement les biens de leurs épouses, alors qu’en principe, dans l’Europe méditerranéenne sous le régime du droit romain, tout mari se devait de protéger les biens dotaux de sa femme pour qu’elle puisse les récupérer en cas de veuvage. En même temps, les femmes célibataires gardaient le contrôle de leurs biens, plus que dans d’autres sociétés européennes de l’époque moderne. Le résultat était que, dans l’Angleterre moderne, il y avait un nombre important d’investisseurs potentiels.
Dans un article publié en 2010, Tine De Moor et Jan Luiten Van Zanden ont soutenu que dans l’Europe du Nord-Ouest, à l’époque moderne, le régime de propriété fut un facteur crucial pour le développement de stratégies orientées vers le marché du travail, et permit une croissance économique rapide de toute la région. En effet, la nécessité de cumuler des ressources en vue du mariage encourageait les jeunes célibataires des deux sexes à entrer temporairement en service. En même temps, le régime marital basé sur la mise en commun des biens entre époux incitait les épouses à participer à l’entreprise familiale. Par contre, dans l’Europe méridionale le système de la dot aurait tenu les femmes loin du marché du travail, puisque leur destin était déjà plus ou moins fixé par la propriété de la dot qu’elles recevaient à titre de partage de l’héritage familial et dont elles récupéraient la possession en cas de veuvage.
Sheilagh Ogilvie a suggéré un lien entre l’exclusion des femmes et des juifs du “capital social” des corporations dans l’Allemagne Méridionale, et le retard dans le développement économique de cette région. Les recherches sur les corps de métier dans l’Europe moderne ont souvent insisté sur l’exclusion des femmes : le problème historique de leur présence, ou plutôt absence, est un aspect de la problématique plus large de l’évolution du rôle féminin dans les activités qualifiées durant la première époque moderne, depuis la « thèse du déclin » développée par Alice Clark, et remise en question, pour le cas italien, par Angela Groppi et Simona Laudani et, pour le cas français, par Claire Crowston et Daryl Hafter.
D’une façon plus générale, le but de ce colloque est d’interroger le modèle de la “grande divergence” entre les économies du Nord et du Sud de l’Europe en relation à la possibilité d’agir dans la société en qualité d’acteurs économiques que les systèmes juridiques offraient aux hommes et aux femmes. Étaient-ils vraiment très différents ? Est-ce-que les femmes avaient la possibilité de jouer un rôle public reconnu par les institutions ? Quel était le rôle de la propriété féminine dans l’économie urbaine ? Et jusqu’à quel point l’économie maritale influençait le développement économique ? Les notions de “industrious revolution” et de “industrial revolution” sont des outils pertinents pour comprendre le développement économique, et, si est le cas, sont-ils propres à des systèmes juridiques spécifiques ?
Langues du colloque : Français, Anglais
Envoyez un résumé de votre proposition de contribution en Anglais ou en Français (3000 signes max) avant le 30 Juillet 2016 à : anna.bellavitis@univ-rouen.fr et à beatrice.zucca@gmail.com
L’organisation du colloque prendra en charge les frais de séjour et la plupart des repas des intervenant-e-s. Les participant-e-s sont invité-e-s à vérifier, auprès de leur institution de rattachement, la possibilité de couvrir les frais de voyage. L’organisation évaluera la possibilité de prendre en charge les frais de voyage pour celles et ceux qui ne pourraient pas trouver d’autres financements.