Nicole Gassot

De SiefarWikiFr

Nicole Gassot
Conjoint(s) Mathias Meslier ; Pierre Le Messier, dit Bellerose
Dénomination(s) Nicole Gassot, Mme Bellerose, Belleroze, la Belle-Roze
Biographie
Date de naissance 1605
Date de décès 1679
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne
Dictionnaire CESAR - Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien Régime et sous la Révolution


Notice de Charles Brenet et Fantine Devin, 2025

Nicole Gassot, née en 1605 et décédée en 1679 à Conflans Saint-Honorine, est une des actrices les plus reconnues de son temps. Le chroniqueur Tallemant des Réaux écrit qu’elle est la meilleure comédienne de tout Paris.
Nous trouvons une première trace de Nicole Gassot sur scène à l’âge de 13 ans dans la troupe de son père Jean Gassot dit La Fortune jouant des « jeux, comédies, tragédies, pastorales et autres actions de théâtre tant en ceste ville de Paris que ailleurs » (voir infra). Son frère Philibert Gassot dit Du Croisy jouera quant à lui dans la troupe de Molière à partir de 1659.
Nicole se marie avec Mathias Meslier, comédien en 1627 dans la troupe du Prince d’Orange ; elle donne naissance à une fille, Charlotte Meslier, qui deviendra comédienne comme ses parents et épousera Floridor. Veuve, elle se remarie avec Pierre Le Messier dit Bellerose, comédien lui aussi, le 9 février 1630. Il devient en 1634 le chef de la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, où Nicole Gassot passe l’essentiel de sa vie de comédienne. Elle quitte le théâtre en 1660 avec une retraite de 1000 livres par an donnée par Raymond Poisson, directeur de la troupe, puis réduite à 600 livres sur ordre du roi en 1670.
Nicole Gassot joua notamment le rôle de Cléopâtre en 1635, dans une pièce éponyme d’Isaac de Benserade, qui s’en était épris. Elle reprit aussi les grands rôles du théâtre de Corneille après les difficultés du Théâtre du Marais où ils avaient été créés (Camille dans Horace, Émilie dans Cinna, Rodogune dans la tragédie du même nom). Nicole Gassot fut même de ces rares femmes de l’époque à porter l’épée sur scène, notamment dans le rôle de Sophronie dans La Mort d’Asdrubal, une tragédie de Montfleury datant de 1647. C’est dans l’exercice de la tragédie que Nicole Gassot a été le plus remarquée, ce qui n’est guère surprenant, étant donné sa carrière à l’Hôtel de Bourgogne, où il est manifeste qu’elle ne joua pas les confidentes ou les ingénues, mais bien les premiers rôles tragiques. En effet, Nicole Gassot semble le plus souvent incarner les rôles féminins impliquant une passion amoureuse et autodestructrice, ou les rôles de guerrières et princesses d’Afrique et d’Orient. Dans tous les cas, qu’il s’agisse de la guerrière carthaginoise Sophronie, de la reine impérieuse Cléopâtre ou de l’intrépide Camille, ce sont des personnages féminins pleins de défiance, de courage et de détermination.
Plusieurs sources démontrent que Nicole Gassot avait non seulement une part active en tant que comédienne, mais aussi une place importante dans la gestion financière du foyer et de la troupe. Une lettre faussement attribuée à son époux Bellerose, adressée à l’abbé de la Rivière (un des agents de Mazarin) le 24 mars 1649, afin de se plaindre des difficultés de son théâtre pendant la Fronde, décrit différentes activités de vente et de gestion que conduit Nicole Gassot pour recueillir de l’argent en urgence. Il y est souligné, à travers un chant nommé Chanson du Savoyard, que faute de celles-ci, son époux Bellerose serait déjà mort de faim. Il convient cependant de signaler le caractère douteux de ce document, qui se présente avant tout comme un libelle injurieux et accuse à demi-mot Mlle Bellerose de prostitution et de proxénétisme. En tout cas, les Bellerose ont été jusqu’à hypothéquer plusieurs de leurs propriétés, ce qui implique une nette aisance financière, pour financer des travaux de rénovation de leur théâtre.
Nicole Gassot manifesta une forte personnalité au service de la montée en puissance du théâtre dans la première moitié du XVIIe siècle.

Principales sources

  • Lettre de Belle-Roze à l’abbé de la rivière, Paris, C. Boudeville, 1649.
  • Archives notariées contenues dans Howe, Alan, Le Théâtre professionnel à Paris 1600-1649, Paris, Centre historique des Archives nationales, 2000. [1]

Choix bibliographique

  • Jal Auguste, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, Paris, H. Plon, 1872.
  • Campardon Émile, Les Comédiens du roi de la troupe française, Paris, H. Campion, 1879.
  • Lyonnet Henry, Dictionnaire des comédiens français. Biographie bibliographie iconographie, t. 1, A-D, Genève, Slatkine reprints, 1969.
  • Lemazurier Pierre-David, Galerie historique des acteurs du théâtre français depuis 1600 jusqu’à nos jours, tome II, Paris, Chamerot, 1910.

Jugements

  • « Encore est-ce un bonheur pour elle // Qu’à cinquante ans elle soit belle // Cela lui fait passer chemin. // Car je tiens pour chose certaine // Ne gagnant plus rien sur la Seine // Qu’elle trafique sur le Rhin » (avec jeux de mots Seine/scène, Rhin/rein, « Chanson du Savoyard », Lettre de Bellerose à l’abbé de la Rivière, voir supra, p.8).
  • « La Bellerose est la meilleure comédienne de Paris ; mais elle est si grosse que c’est une tour » (Tallemant des Réaux, « Mondory ou l’histoire des principaux comédiens français », Historiettes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade » t.II, p.778).
Outils personnels