Marie Moreau/Fortunée Briquet
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MONNET, (Marie Moreau, Dame) fille d'un perruquier de la Rochelle, épousa un inspecteur-général des mines. Son mérite l'éleva au-dessus de la classe où elle naquit. Ses ouvrages donnaient une haute idée de son esprit à ceux qui ne la connaissaient pas, et les qualités de son coeur la rendaient chère aux personnes qui l'approchaient. Elle eut d'illustres amis; Thomas fut du nombre. Madame Monnet sentait vivement les charmes de l'amitié, et elle en remplissait fidèlement les devoirs. Beaucoup de gens pourraient-ils dire comme elle: «Je n'ai point à me reprocher d'avoir oublié une seule fois un seul de mes amis (1)?» Cette femme ingénieuse et sensible mourut à Paris, le 22 brumaire, an 7.
On lui doit: Contes orientaux, ou les Récits du sage Caleb, voyageur Persan, Paris, 1779, in-12; 2e. édition idem. Quand on lit cette production, on sent la justesse de ces vers de Thomas à Madame Monnet:
Ta grâce même en leçons est féconde;
Tu fais chérir les deux biens de ce monde,
Le tendre amour et les douces vertus.
Les Contes orientaux sont écrits avec soin. Le sentiment, l'art de peindre, l'harmonie et la richesse du style en font le mérite. -- Histoire d'Ab-dal-Mazour, suite des Contes orientaux, troisième récit du sage Caleb, voyageur Persan, 1784, in-12. -- Lettres de Jenny Bleinmore, Paris, 1787, 2 vol. in-12. Il faut connaître et chérir fortement la vertu, pour parler aussi bien son langage. Les lettres de Jenny Bleinmore sont pleines d'esprit, d'images et d'idées profondes. L'auteur a mis dans cet ouvrage sa charmante Idylle sur les Fleurs, qui est digne de faire le pendant de la meilleure Idylle de Madame Deshoulières. On y trouve encore, de la composition de Madame Monnet, une comédie en prose et en deux actes, intitulée: Zadig, ou l'Épreuve nécessaire. Le dialogue en est facile. On y remarque des traits d'esprit et de gaieté. -- Essais en vers, au profit des cultivateurs maltraités par l'orage du 13juillet 1788, Paris, 1788. Ce Recueil est tout-à-la-fois un acte de bienfaisance et une preuve de talent. Il contient: la Femme docile, conte; des Vers à Barthe; un Impromptu à Mademoiselle Beaulieu, de l'Académie de peinture de Rome, après avoir vu le tableau où elle a peint la veuve d'Hector; des Stances sur la vanité; des Vers présentés à un ami (Thomas) le jour de Saint Antoine, son patron. Toutes ces pièces sont charmantes; les Stances, sur-tout, ont beaucoup de mérite. -- Des Poésies, insérées dans différens ouvrages périodiques, parmi lesquelles on distingue: des Stances sur le bonheur de la sagesse, qu'elle fit à l'âge de 16 ans; des Stances à M. de Voltaire, qu'elle composa à l'âge de 19 ans. -- Plusieurs manuscrits, qui seraient dignes de voir le jour, dont on cite: sa Correspondance avec Thomas, et quelques Pièces de théâtre, reçues ou destinées à l'être. A l'âge de 18 ans, elle fit un Poëme sur les dangers de la célébrité, qui n'a point été publié.
(1) Extrait d'une lettre de Madame Monnet, en date du 12 février 1780.