Marie Antier/Henri Lyonnet
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[75] Les chanteuses dont le souvenir est digne d'être conservé peuvent, au XVIIIe siècle, se diviser en deux principaux groupes: celles de Rameau et celles de Gluck et de Piccini. Au premier appartient Mademoiselle Antier, Lyonnaise de naissance, née en 1687 et qui avait reçu des leçons de Mademoiselle Le Rochois, l'interprète de Lully. C'était une grande et belle femme, douée d'une physionomie impo-[76]sante et d'une beauté majestueuse. Elle fut la Pomone des Amours de Protée et la Cléopâtre des Festes grecques et romaines. Mariée en 1726, elle fut de celles qui ne causèrent aucun scandale. Ce fut elle qui, figurant la Gloire dans le Prologue d'Armide alla présenter une couronne de lauriers au Maréchal de Villars, qui se montrait à l'Opéra, au retour de la bataille de Denain. Très bien vue en Cour, elle obtint, à sa retraite, survenue après trente ans de brillants services, un appartement au Magasin de l'Opéra, rue Saint-Nicaise.