Marie-Guillemine Le Roux de La Ville
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Marie-Guillemine Le Roux de La Ville | ||
Conjoint(s) | Pierre Vincent Benoist | |
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Dénomination(s) | Marie-Guillemine Benoist | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1768 | |
Date de décès | 1826 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Vivian P. Cameron, 2004
Née à Paris le 18 décembre 1768, Marie Guillemine Leroulx-Delaville est la fille d'un fonctionnaire royal. Elle étudie d'abord avec Élisabeth Vigée-Lebrun vers 1781-1782 et, plus tard, vers 1786, avec Jacques-Louis David. Elle présente des portraits et des peintures de genre à l'Exposition de la Jeunesse, où elle débute en 1784, mais on trouve aussi des tableaux d'histoire parmi les oeuvres qu'elle expose aux Salons parisiens, de 1791 à 1812. Son absence au Salon de 1793 est due à son mariage, cette année-là, avec l'avocat royaliste Pierre Vincent Benoist. Elle a eu deux fils (nés en 1794 et 1796) et une fille (née en 1801). Elle expose aussi au Musée spécial de l'École française (à Versailles) en 1800 et 1801. A la fin de 1803 ou au début de 1804, elle reçoit, de la ville de Gand, sa première commande: un portrait de Napoléon, qui lui vaut d'être faite membre honoraire de la Société des Arts de Gand. Napoléon lui décerne une médaille d'or pour ses oeuvres exposées au Salon de 1804; s'ensuivent des commandes de la famille Bonaparte, si nombreuses qu'elle ne peut exposer au Salon de 1808. Sous Louis XVIII, la nomination de son mari comme conseiller d'État (1814) empêche Benoist d'exposer dorénavant au Salon. En 1821, elle réalise une Vierge à l'Enfant pour la cathédrale d'Angers. Elle meurt à Paris le 8 octobre 1826.
Connue pour ses portraits, Benoist avait de plus hautes aspirations, manifestes dans un autoportrait de ses débuts, où l'artiste, vêtue à l'antique, peint une copie du Bélisaire de David. A la fois portrait et peinture d'histoire, cette oeuvre mêle le style de ses deux maîtres: ombres et lumières douces, couleurs pâles avec des draperies aux plis lourds qui mettent en valeur le corps sous-jacent. Son oeuvre la plus célèbre est le Portrait d'une négresse (Salon de 1800). Inspiré par les oeuvres de David, ce tableau est une étude du clair et du foncé: une femme noire -probablement rencontrée dans la maison de son beau-frère, officier de marine qui s'était marié à la Guadeloupe- portant un vêtement et un turban blanc, et placée sur un fond clair. Son portrait de Madame Philippe Desbassayns de Richemont (Salon de 1802) possède une même grâce dans la pose et les draperies. De tels portraits à la mode expliquent les nombreuses commandes napoléoniennes, dont le plus charmant exemple reste le Portrait en pied de la duchesse Napoleone Elisa, princesse de Piombino, avec son élégant costume.
Beaucoup de ses peintures d'histoire, exécutées pendant les années 1790, dépeignent de jeunes femmes pubères, comme Les Adieux de Psyché à sa famille ou L'Innocence entre le Vice et la Vertu. Une jeune femme, vêtue à l'antique, résiste aux avances d'un beau jeune homme, représentant le Vice, et fuit vers la sévère figure féminine de la Vertu, qui désigne le chemin menant au temple de la gloire ou de l'immortalité. Le sujet donnait la possibilité de peindre le corps masculin (bras et jambes nues), tout autant qu'un paysage. Une de ses dernières peintures d'histoire (Salon de 1795) représente la poétesse grecque Sapho s'arrêtant un moment pour méditer sur son oeuvre, une figure qui pourrait avoir été conçue comme une allégorie du processus créatif. Il existe des esquisses au crayon de sujets comme Regulus de retour de Carthage, mais elles n'ont jamais été exécutées à l'huile.
Après avoir peint des scènes tirées de Clarisse Harlowe (Exposition de la Jeunesse, 1787), Benoist revient aux scènes de genre dans les années 1800, avec de nombreuses oeuvres montrant des enfants. Sa Lecture de la Bible reçut les éloges des critiques pour son harmonie et sa véracité.
À son meilleur, l'oeuvre de Benoist se caractérise par des poses élégantes, des gestes gracieux, des contours fluides mais fermes, des draperies disposées avec élégance et une utilisation harmonique des couleurs. Ses talents de portraitiste sont fréquemment relevés par les critiques et son Portrait d'une négresse est devenu l'icône de la femme noire du XIXe siècle. Grâce aux récentes recherches d'Oppenheimer, le talent de Benoist commence à être mieux reconnu.
(traduction Sandrine Lely)
Oeuvres
- 1784 (Exposition de la jeunesse) : Portrait de son père. Coll. privée.
- 1784 (Exposition de la jeunesse) : Tête d'étude,pastel. Non localisé.
- 1784 (Exposition de la jeunesse) : Tête d'étude. Pastel. Non localisé.
- 1785 (Exposition de la jeunesse) : Deux jeunes personnes. Non localisé.
- 1785 (Exposition de la jeunesse) : Portrait d'un homme de lettres -- le poète Demoustier? Coll. privée.
- 1785 (Exposition de la jeunesse) : Didon, tête d'étude.Pastel. Non localisé.
- 1786 (Exposition de la jeunesse) : Portrait de l'artiste. Coll. privée -- Ballot (voir infra),fig. opp. p.32.
- 1787 (Exposition de la Jeunesse) : Clarisse Harlowe chez l'Archer. Non localisé.
- 1788 (Exposition de la jeunesse) : Le frère de Clarisse sort pour se battre avec Lovelace. Le Capitaine Morden rendant visite à Clarisse Harlowe la veille de sa mort. Non localisés.
- 1791 (LeBrun exposition no 1) : Les Adieux de Psyché à ses parens. Non localisé.
- 1791 (Salon no 164) : Les Adieux de Psyché à sa famille. Non localisé.
- 1791 (Salon no 194) : Scène tirée de Clarisse Harlowe. Non localisé.
- 1791 (Salon no 273) : L'Innocence entre le Vice et la Vertu. France, coll. privée -- Ballot (voir infra), fig. opp.p.64, et Harris et Nochlin (voir infra), p.208, fig.70 (détail).
- 1795 (Salon no 300) : Tableaux représentant Sapho: auparavant à la Galerie Chaucer, Londres -- Jean-François Heim, Claire Béraud et Philippe Heim, Les Salons de peinture de la Révolution française 1789-1799, Paris, C.A.C. Sarl, 1989, p.137.
- 1795 (Salon no 301) : Portrait d'homme. Non localisé.
- 1795 (Salon no 302) : Tête de femme.Non localisé.
- 1796 (Salon no 21bis) : Deux portraits de femmes (ovales.). Coll. privée -- Ballot (voir infra), frontispice (si, comme le suggère l'auteure, une de ces oeuvres était un autoportrait).
- 1796 (Salon no 21bis) : Deux têtes d'étude. Non localisé.
- 1796?:Portrait de Miss Georges Anne Bellamy. Dessin. Paris, Bibliothèque nationale de France, Cab. des Estampes.
- 1798? : Portraits de Prosper et Denys, enfants. Coll. privée.
- 1800 : Portrait de Benoist Gavay. Non localisé.
- 1800 (Salon no 238) : Portrait d'une négresse. Paris, Louvre -- Margaret Barlow, Women Artists, n.p, Hugh Lauter Levin Associates, Inc., 1999, p.42.
- 1801? : Portrait de l'artiste. Gravure.
- 1802 (Salon no 16) : Portrait d'une jeune personne. Non localisé -- Oppenheimer (voir infra), p.148, fig.8.
- 1802 (Salon no 17) : Portrait d'une jeune femme avec un enfant. Madame Philippe Desbassayns de Richmont. New York, Metropolitan Museum of Art -- Oppenheimer (voir infra), p.144, fig.2.
- 1802 (Salon no 18) : Une jeune fille portant deux pots de fleurs. Portrait. France, coll. privée -- Ballot (voir infra), fig. opp.p.160.
- 1802 (Salon no 19) : La Sorcière, tête d'étude. Non localisé.
- 1802 : Portrait de sa fille Augustine. Non localisé.
- 1804 (Salon no 14) : Portrait de Mme M...(Maret). Non localisé.
- 1804 (Salon no 15) : Portrait de Mme A(la comtesse Charles d'Autichamp). France, coll. privée.
- 1804 (Salon no 16) : Portrait de Mlle L....Non localisé.
- 1804 (Salon no 17) : Portrait de Mme F....Non localisé.
- 1804 (Salon no 18) : Portrait de M. L...(Jean-Dominique Larrey). Toulouse, Musée des Augustins -- Oppenheimer (voir infra), p.146, fig.5.
- 1804 (Salon no 19) : Une jeune fille chantant pour distraire son vieux père aveugle. Non localisé.
- 1804 : Portrait du premier Consul. Gand, Hôtel de Ville -- Edward Lilley, "Consular Portraits of Napoleon Bonaparte," Gazette des Beaux-Arts, CVI, nov. 1985, p.151, fig.6.
- 1805 : Portrait du maréchal Brune. Détruit en 1871.
- 1805? : Portrait of Mlle. Carnot. Miniature au crayon noir. Cambridge, Mass., Fogg Art Museum -- Agnes Mongan, David to Corot. French Drawings in the Fogg Art Museum, Cambridge, Mass. et Londres, Harvard University Press, 1996, p.5, fig.8.
- 1806 (Salon no 20) : Deux jeunes enfants. France, coll. privée.
- 1806 (Salon no 21) : Le sommeil de l'enfance et celui de la vieillesse. Berlin?.
- 1806 (Salon no 22) : Portrait d'une dame (Mme Lacroix-Saint-Pierre?). Château de la Beyrie? -- Ballot (voir infra), fig. opp.p.176.
- 1806 (Salon no 23) : Portrait d'homme. Non localisé.
- 1806 : Portrait du grand-maître des cérémonies. Non localisé.
- 1807 : Portrait de sa fille, Augustine. Non localisé.
- 1807 : Portrait de Félix Lepeletier. Non localisé.
- 1807 : Portrait d'Eléonore. Non localisé.
- 1807 : Portrait du général comte de Casa-Bianca, Paris, coll. privée?
- 1807 : Portrait de l'Empereur, pour la ville de Brest. Non localisé.
- 1807 : Portrait de l'Empereur, donné à la ville de Le Mans. Non localisé.
- 1808 : Portrait du Docteur Gall. Non localisé -- Ballot (voir infra), pl. opp. p.192.
- 1808 : Portrait de l'Empereur. Angers, Musée des Beaux-Arts, en dépôt à l'École de Génie, Angers.
- 1808 : Portrait de Pauline Bonaparte, duchesse de Guastalla, princesse Borghese. Versailles, Musée national du Château de Versailles, en dépôt à Fontainebleau -- Claire Constans, Les Peintures. Musée national du Château de Versailles,Paris, Réunion des Musées nationaux, 1995, vol. l, p.81, no 441.
- 1810 (Salon no 34) :Portrait en pied de la duchesse Napoleone Elisa, princesse de Piombino. Versailles, Musée national du Château de Versailles, en dépôt à Fontainebleau -- Constans (voir supra), vol. 1, p.81, no 442.
- 1810 (Salon no 35) : Lecture de la Bible. Louviers, Musée municipal.
- 1810 (Salon no 36) : Portraits de deux petites filles qui regardent une collection de papillons.Non localisé.
- 1810 (Salon no 37) : Portrait de femme.Non localisé.
- 1810 (Salon no 38) : Tête d'homme. Non localisé.
- 1812 (Salon no 43) : Portrait en pied de S. M. l'Impératrice et Reine. Fontainebleau, Musée national du Château.
- 1812 (Salon no 44) : La Diseuse de bonne aventure[avec un paysage de M. Mongin]. Saintes, Musée de l'Échevinage -- La Femme artiste d'Elisabeth Vigée-Lebrun à Rosa Bonheur. Catalogue d'exposition, Musée Despiau-Wlerick, Mont-de-Marsan, 1981, p.31, fig.12.
- 1812 (Salon no 45) : Plusieurs portraits, dont Mme de Vins. Non localisé(s).
- 1817 : Portrait de M. Benoist, France, coll. privée.
- 1817 : Portrait de Denys Benoist. France, coll. privée.
- 1821 : Une Vierge. Cathédrale d'Angers.
- 1823 : Portrait de Paul Benoist d'Azy. France, coll. privée.'
Choix bibliographique
- Ballot, Marie-Juliette. Une Elève de David. La Comtesse Benoist, L'Émilie de Demoustier,1768-1826. Paris, Plon, 1914.
- Cameron,Vivian. "Mme Benoist", in Delia Gaze (éd.), Dictionary of Women Artists (2 vols). Londres et Chicago, Fitzroy Dearborn Publishers, 1997, I, p.244-47.
- Harris, Ann Sutherland et Nochlin, Linda. Women Artists: 1550-1950. Catalogue d'exposition, Los Angeles County Museum of Art et ailleurs. New York, Alfred A. Knopf, 1976.
- Oppenheimer, Margaret A. "Three Newly Identified Paintings by Marie-Guillemine Benoist". Metropolitan Museum Journal, 31, 1996, p.143-50.
Choix iconographique
- Auto-portrait, 1786. Coll. privée -- Ballot (voir supra),fig. p.32.
Jugements
- [À propos de l'Innocence entre le Vice et la Vertu] «...Mademoiselle la Ville m'a trop bien disposée à tout attendre de son pinceau; et pour rendre en peu de mots les beautés rares de cette nouvelle production, je dirai tout simplement que le tableau de cette artiste enchanteresse est encore au-dessus de ses deux autres [...]» (Anonyme, La Béquille de Voltaire au Salon..., Paris, [1791], Collection Deloynes, t.XVII, no 439, p.320).
- «Mlle le Roux de la Ville acquiert considérablement. Son tableau, les adieux de Psiché à sa famille no 164 est d'un excellent ton de couleur; il y a de la perspective aérienne dans les accessoires et de l'expression dans tous les personnages de ce sujet, qui d'ailleurs est très intéressant. Les artistes l'engageront sans doute à mettre plus de correction dans ses formes et dans son dessin. Le corps de Psyché n'est pas ensemble et sa tête est trop petite» (Petites affiches de Paris. Exposition au Louvre des ouvrages de peintures, sculpture et gravure, s.l., 1791, Collection Deloynes, t.XVII, no 449, p.542-3).
- [À propos de Deux portraits de femmes, Salon 1796] «Les portraits de la C. Benoît ont de la grace. Celui de la C. de Lestre est blanc, trop blanc; les deux enfans ne sont pas d'une belle nature et les draperies de la mère sentent trop le manequin [sic]» («Observations sur l'exposition des Tableaux au Salon du Louvre, 1796», Mercure de France. Collection Deloynes, t.XVIII, no 491, p.975).
- «Portrait d'une jeune personne. Debout et adossée à une balustrade, une jeune femme tient de la main gauche son voile et de l'autre une branche de lilas. Cet ouvrage a beaucoup de mérite, et il assigne à Mme Benoist un rang distingué parmi les Peintres de Portraits. Il atteste que dans l'espace d'une année elle a fait des progrès vraiment extraordinaires, et qui ne seraient pas présumables si ce Portrait n'en démontrait l'évidence» (Anonyme, Journal des Arts, des Sciences, et de littérature, no 228, 30 Fructidor an 10 [1801], p.426).
- [À propos du Portrait d'Homme, no 23] «Le talent seul de madame Benoist, et le mérite de ses Portraits suffisent pour exciter l'intérêt le plus vif [...] ce Portrait, surtout la tête, fait un honneur infini au talent incroyable de madame Benoist; car cette tête est d'un si beau ton, si bien peinte, avec une telle vigueur [...]; les plans y sont accusés avec une telle précision, avec une telle fermeté, enfin, il y a une si grande franchise d'exécution, que si ce Tableau était anonyme, on ne balancerait pas à l'attribuer à l'un des plus forts élèves de David» (Chaussard, Pierre-Jean-Baptiste, Pausanias français; état des arts du dessin en France, à l'ouverture du XIXe siècle: Salon de 1806. Ouvrage dans lequel les principales productions de l'école actuelle sont classées, expliquées, analysées... et représentées dans une suite de dessins exécutés et gravés par les plus habiles artistes, Paris, F. Buisson, 1806, p. 366-369).