Marie-Denise Lemoine
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Marie-Denise Lemoine | ||
Conjoint(s) | Michel-Jean-Maximilien Villers | |
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Dénomination(s) | Nisa Madame Villers | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1774 | |
Date de décès | 1821 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Margaret A. Oppenheimer, 2004.
Marie-Denise Villers, née Lemoine, voit le jour à Paris en 1774. Elle est la fille de Charles Lemoine et de Marie-Anne Rousselle. Dans les années 1780 et au début des années 1790, Marie-Denise, connue sous le diminutif de Nisa, vit avec sa famille rue Traversière-Saint-Honoré, près du Palais-Royal. Ses deux soeurs, Marie-Victoire Lemoine (1754-1820) et Marie-Elisabeth Lemoine (dates inconnues) sont portraitistes. La portraitiste et peintre de genre Jeanne-Elisabeth Chaudet (1767-1832) est leur cousine germaine. En 1794, Nisa épouse un étudiant en architecture, Michel-Jean-Maximilien Villers. Des miniatures signées «Villers» sont parfois considérées comme ses premières oeuvres, mais la plupart datent des années 1780 ou du début des années 1790, quand elle devait utiliser son nom de jeune fille (Lemoine), si tant est qu'elle ait un jour peint des miniatures. Ce sont plus vraisemblablement les oeuvres d'un miniaturiste nommé Villers, qui a exposé au Salon en 1793.
Marie-Denise Villers fait sa première apparition au Salon de l'An VII (1799), où, en tant qu'élève de Girodet, elle expose trois peintures. Elle bénéficie aussi des leçons et du soutien de François Gérard et de Jacques-Louis David. Au Salon de 1799, elle gagne un «encouragement» de 1 500 francs pour un portrait d'une femme en train de peindre, admiré par les critiques et considéré comme un autoportrait. Malheureusement, elle n'a peut-être jamais reçu la somme promise. Elle expose à nouveau au Salon en 1801, 1802 et 1814, ainsi peut-être qu'en 1800. Son absence des Salons du Premier Empire (1804-1812) a peut-être été déterminée par des raisons politiques, puisque sa soeur, Marie-Victoire Lemoine, n'expose pas non plus de 1806 à 1812. La dernière oeuvre exposée au public par Nisa est un portrait de la duchesse d'Angoulême, présenté au Salon de 1814. Son activité artistique semble avoir cessé bien avant sa mort à Paris le 19 août 1821. Son inventaire après décès ne mentionne ni matériel de peinture, ni atelier. Son oeuvre est largement oubliée à partir de la fin du XIXe siècle, au point que sa Jeune fille dessinant (New York, Metropolitan Museum) a pu être attribuée d'abord à Jacques-Louis David, puis à Constance Charpentier.
À son époque, ses oeuvres lui ont valu une certaine célébrité. Beaucoup de critiques commentent en termes élogieux le portrait pour lequel elle reçoit un «encouragement» au Salon de 1799, et notent l'influence de Girodet sur son style. Ils admirent aussi une Étude de jeune femme assise sur une fenêtre, exposée au Salon de 1801, appréciant la composition élégante et harmonieuse, de même que la beauté du modèle, dont certains pensent qu'il s'agit de l'artiste elle-même. Les critiques sont mineures: le manque de transparence du ciel, des arbres et des ombres de la tête, la longueur de la jambe gauche, ainsi qu'une certaine sécheresse dans les détails.
Villers rencontre à nouveau le succès au Salon de 1802. Son tableau de genre représentant Un enfant dans son berceau, entraîné par les eaux de l'inondation du mois de nivôse an X est unanimement loué pour l'habileté de son exécution et pour son sujet ingénieux et touchant. Il est gravé, au burin par Jean Godefroy, et à l'eau-forte par Charles Landon. Le prince russe Youssoupoff commande une réduction de cette oeuvre, que Villers peint pour lui en 1810. Son Étude de femme d'après nature est aussi acclamée par les critiques, qui notent que l'artiste a adopté des contours plus fluides et un coloris plus brillant. Ce changement est manifeste si l'on compare l'éclairage à contre-jour et les tonalités pâles de la Jeune fille dessinant du Metropolitan Museum, terminée en 1801 et peut-être même dès 1799, avec la palette aux couleurs vives de l'Étude de femme d'après nature du Louvre, peinte en 1801 ou 1802. Dans ces deux tableaux, Villers représente des figures féminines isolées, d'une manière qui estompe la démarcation entre portrait et peinture de genre -un type de composition dont elle a fait sa spécialité. Ces «études de femme», comme l'artiste les appelle habituellement, impliquent une activité ou supposent une histoire (telle la vitre brisée derrière le modèle du tableau du Metropolitan). Leur popularité auprès des contemporains de Villers semble pleinement justifiée, et ces oeuvres conservent aujourd'hui encore leur attrait.
(traduction de Sandrine Lely)
Oeuvres
- 1799 (Salon no 344): La Peinture. Painting. Possibly identical with the Young Woman Drawing at the Metropolitan Museum of Art and 1801 Salon no 366. [Note: The reviewers seem to have noted only one painting by Villers at the Salon of 1799, but refer to it variously as no 344 and 346 of the livret.]
- 1799 (Salon no 345): Une Bacchante endormie. Painting. Location unknown.
- 1799 (Salon no 346): Un portrait. Painting. Possibly identical with the Young Woman Drawing at the Metropolitan Museum of Art and 1801 Salon no 366 [see note above about La Peinture].
- An 9 (1800-1801): Etude d'une jeune femme assise sur une fenêtre (1801 Salon no 364). Oil on canvas. Sold at auction, Versailles, Hôtel des Chevaux-Légers, December 3, 1961, no 8, pl. II, as Portrait de jeune fille au camélia -- Oppenheimer, 1996 (voir infra), p.169, fig.6.
- c.1800: Study for Etude d'une jeune femme assise sur une fenêtre. Oil on canvas. Private collection.
- 1801 (Salon no 365): Etude d'une femme à sa toilette. Painting. Probably identical with Collection d'une collection capitale provenant du cabinet de M. Villers, architecte, composée de tableaux des trois écoles... Par J.B.P. Lebrun. Paris, chez M. Félix et M. Lebrun, 1812, no 119. Location unknown.
- 1801 (Salon no 366): Un portrait. Possibly identical with the Young Woman Drawing at the Metropolitan Museum of Art and 1799 Salon no 346 or 344.
- c.1799-1801: Young Woman Drawing, formerly called Portrait of Mlle Charlotte du Val d'Ognes (1801 Salon, possibly no 366). Oil on canvas. New York, The Metropolitan Museum of Art -- Oppenheimer, 1996 (voir infra), p.166, fig.2.
- 1802 (Salon no 310): Un enfant dans son berceau, entraîné par les eaux de l'inondation du mois de nivôse an X. Painting. Location unknown. Engraved by Jean Godefroy under the title La Fidélité (Paris, Bibliothèque nationale) -- Oppenheimer, 1996 (voir infra), p.174, fig.13. Line etching in Charles Landon, Annales du Musée et de l'Ecole Moderne des Beaux-Arts, Paris, 1803, IV, pl.16.
- An 10 (1801-1802): Une étude de femme d'après nature, also known as Portrait of Madame Soustras (1802 Salon no 311). Oil on canvas. Paris, Louvre -- Oppenheimer, 1996 (voir infra), p.165, fig.1.
- 1810: Un enfant dans son berceau, entraîné par les eaux de l'inondation du mois de nivôse an X. Painting. Reduction of the 1802 Salon painting. Russia, Arkhangelskoyé Museum-Estate.
- Before 1813: Une petite Fille blonde, tenant une corbeille de jonc remplie de fleurs; figure de grandeur naturelle, à mi-corps; elle est vêtue d'une robe rouge, sur fond de paysage. Oil on canvas. Collection d'une collection capitale provenant du cabinet de M. Villers, architecte, composée de tableaux des trois écoles... Par J.B.P. Lebrun. Paris, chez M. Félix et M. Lebrun, 1812, no 120. Location unknown.
- 1814 (Salon, hors livret): Portrait de la duchesse d'Angouleme. Mentioned in Le Mercure de France, 62, janvier-février 1815, p.306. Location unknown.
OEUVRES (ATTRIBUÉES)
- 1800 (Salon no 366): Jeune fille au chien. Oil on canvas. Paris, Galerie Georges Petit, Collection du Vicomte de Curel, November 25, 1918, no 29, and Paris, Galerie Charpentier, June 20, 1957, no 142. Location unknown -- Oppenheimer, 1996 (voir infra), p.173, fig.11.
Choix bibliographique
- Harris, Ann Sutherland and Nochlin, Linda. Women Artists: 1550-1950. Exhibition catalogue, Los Angeles County Museum of Art et al. New York, Alfred A. Knopf, 1976, p.217.
- La Femme artiste d'Elisabeth Vigée-Lebrun à Rosa Bonheur. Exhibition catalogue, Musée Despiau-Wlerick, Donjon Lacataye, Mont-de-Marsan, 1981, p.32-5.
- Oppenheimer, Margaret. "Nisa Villers, née Lemoine (1774-1821)". Gazette des Beaux-Arts, 127, no 1527, April 1996, p.167-80.
- Sterling, Charles. "A Fine 'David' Reattributed". The Metropolitan Museum of Art Bulletin, IX, no 5, 1951, p.121-32.
Choix iconographique
- 1799 (Salon no 208): Marie-Victoire Lemoine. Une jeune femme appuyée sur le bord d'une croisée, also called Portrait of Marie-Denise Villers. Oil on canvas. Private collection -- Oppenheimer, 1996 (voir infra), p.167-68, fig.4 & fig.5.
- 1799: François Gérard. Madame Villers. Location unknown.
Jugements
- [À propos de La Peinture, Salon of 1799]
Damon. Je parie que la citoyenne Villers est élève de Girodet; les cheveux de son tableau tendent à me le persuader.
Le Peintre. Effectivement, c'est Girodet qui lui donne sa manière. J'invite la citoyenne Villers de suivre tout ce qu'a de bon son maître, mais d'abandonner sa manière sèche; si elle suit ce conseil, j'ose pouvoir avancer que cette aimable femme aura un talent très-distingué.
(La Revue du Muséum, in the Collection Deloynes, 21, pièce 562, p.27-8).
- [À propos de l'Etude d'une jeune femme assise sur une fenêtre, Salon of 1801]
"...A l'exactitude des traits
Nisa sait joindre l'élégance;
Voyez sous son joli pinceau
Comme s'enrichit l'accessoire:
Un portrait devient un tableau
Dont la beauté fournit l'histoire."
(L'Observateur au Muséum, ou la Critique des Tableaux, en Vaudeville, Paris, Gautier, s.d., in the Collection Deloynes, 26, pièce 690, p.325).
- [À propos de l'Etude d'une jeune femme assise sur une fenêtre, Salon of 1801] "Ce paysage est mat, faux de ton, sans air, et lourd de touche; ces vases et ces fleurs sont mesquins; cette main est peut-être trop petite; mais la droite est si belle! Ce poignet est peut-être cassé; mais le bras est d'un si beau trait! Ces contours sont si sévères et si purs, que l'on désirerait les suivre davantage sous le vêtement, qui ne les accuse pas assez à mon grand regret. Ce tableau est parfaitement harmonieux; il est exécuté avec tout le charme d'un sexe et toute la fermeté d'un autre. [...] il lui sera difficile dorénavant de se surpasser elle-même" ([Pierre-Jean-Baptiste Chaussard], Journal des Arts, des Sciences et de Littérature, nos. 157-174, 10 Vendémiaire an 10 - 30 Frimaire an 10, p.55).
- [À propos d'Un enfant dans son berceau, entraîné par les eaux de l'inondation du mois de nivôse an X, Salon of 1802] "Le sujet de ce beau Tableau suffirait seul pour en faire la fortune; mais à l'intérêt qu'il inspire se trouve jointe une exécution savante, et peut-être même trop historique. Il annonce dans toutes ses parties un Artiste consommé dans son Art, et il n'est point de maître qui ne tînt à gloire de l'avoir fait. L'enfant est peint et dessiné avec une perfection rare; la tête du chien est d'une expression admirable; les linges et les voiles du berceau sont largement jetés; le ton des eaux est d'une grande vérité. Ce bel ouvrage est de nature à fixer sans retour la réputation de M.me Villers. Il confirme ce que les deux beaux Portraits que l'on a vus d'elle aux deux précédentes expositions, avaient fait pressentir; c'est qu'elle sait, quand elle le veut, se rendre à son choix familiers les divers caractères de beauté qui distinguent le faire de nos plus célèbres maîtres" ("Suite de l'examen des tableaux exposés au Salon," Journal des Arts, des Sciences, et de Littérature, No 228, 30 Fructidor an 10, p.426).
- [À propos d' Une étude de femme d'après nature, Salon of 1802, et d'Un enfant dans son berceau, entraîné par les eaux de l'inondation du mois de nivôse an X, Salon of 1802] "[...] Maria Cosway...attended us to several Artists. First Mad.me Villers a very pretty woman wife to an architect. They are nicely loged [sic] and her painting room is very good. The pictures we saw of hers were female figures or children, quite in the french [sic] style of colouring, but with taste and fancy. A picture of herself in black with a transparent veil covering half her face and tying on her shoe is very clever, but her best is a child sleeping in a cradle carried away by an inundation, and a dog swimming to bring it ashore" (Bertie Greatheed, An Englishman in Paris: 1803, ed. by J.P.T. Bury and J.C. Barry, London, 1953, p.72-3).