Madame de Mortemard raccrocher à la notice 674/Marguerite Buffet
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[283] Eloge de Madame de Mortemard.
Si on se persuade que les plus beaux esprits ne se trouvent qu'à la Cour des grands Princes, au Bareau, et dans le gouvernement des [284] affaires publiques; il faut un peu se détromper pour estre persuadé que c'est dans les cloistres où se trouve les plus rares et les plus exellens genies. Nous en avons une illustre preuve en la personne de Madame de Mortemard Religieuse, qui est un des beaux et des rares esprits non seulement de tout son ordre, mais de toutes celles qui ont été appellées dans la vie Monastique. Cette jeune merveille, belle comme un Astre, a recherché les sciences dés le berceau: Elle est si sçavante dans la connoissance des belles lettres, qu'elle fait bien voir qu'elle n'a jamais rien aimé avec plus de plaisir, ayant trouvé le se-[285]cret de se bien servir du conseil de ce Philosophe, qui a laissé des preceptes admirables du bon usage que l'on doit faire du temps. Cette illustre le tient si precieux, qu'elle donne toutes ses heures de recreation ordinaire à étudier. C'est une merveille surprenante, qu'elle ait plus d'acquis à dix-huit années que celles qui ont trois fois son âge. Elle est fort sçavante dans la Philosophie, dans la Geographie, et n'ignore rien de toute l'histoire, parle fort bien diverses sortes de langues. C'est l'esprit du monde la plus doux, et le plus agreable pour la conversation. Elle a cette politique, qu'elle en use fort [286] bien avec toute sorte de personnes, tant seculieres que Religieuses; on peut dire, qu'elle a le coeur et l'estime de l'un et de l'autre.