Louise de Marillac (1591-1660)/Philibert Riballier et Catherine Cosson

[278] GRAS, (Louise de Marillac, veuve du Sieur) née avec un grand fonds de piété, ne se vit pas plutôt, par la mort de son mari, dégagée de ses liens, qu’elle se livra toute entiere aux exercices de la plus fervente et de la plus active charité. Occupée à soulager les indigens, cette vertueuse Dame sentit combien un objet si intéressant étoit dépourvu de moyens et de secours. Son grand zele entreprit d’y remédier, et y réussit par l’institution des Soeurs de la Charité, si connues sous le nom de Soeurs [279] Grises. Ses premiers établissemens ne manquerent pas de faire impression sur les ames sensibles et compatissantes. En peu de tems Madame le Gras eut la douce satisfaction de voir son Institut se répandre par-tout, et ouvrir à la Religion, en faveur des malheureux, des sources intarissables de soulagement et d’assistance dans leurs maladies et leurs besoins. Cette utile Congrégation s’est étendue depuis jusques dans les pays étrangers, et paroît n’avoir pas encore dégénéré des vues et des principes de sa premiere institution. Son illustre Fondatrice finit ses jours en 1662, âgée de soixante-onze ans, emportant au tombeau, avec les regrets de toutes les belles ames, le titre si justement mérité de Bienfaitrice de l’humanité. Sa vie a été écrite par Gobillon.