Louise Jacob

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Louise Jacob
Conjoint(s) Joseph du Landas, sieur du Bignon, dit Dupin
Dénomination(s) Louise Jacob, Mademoiselle Dupin, Mademoiselle Du Pin, Louise Jacob de Montfleury, Louise Jacob de Monfleury
Biographie
Date de naissance 30 mars 1649
Date de décès 8 avril 1709
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne
Dictionnaire CESAR - Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien Régime et sous la Révolution


Notice de Sarah Eyraud et Fauve Roux, 2025

Louise Jacob est née le 30 mars 1649. Elle est la fille du célèbre comédien Zacharie Jacob de Montfleury et de Jehanne de La Chappe, d’une famille de comédiens et de comédiennes. Sa sœur aînée est aussi une comédienne renommée, Françoise, dite Mademoiselle d’Ennebaut, tandis que son frère Antoine écrit des pièces de théâtre.
Louise Jacob fait ses débuts en tant que comédienne à la cour de Hanovre où elle rencontre Joseph Dupin, son futur mari. À son retour en France, elle joue, avec sa tante (Victoire de La Chappe) et son mari (Charles de La Hazé), dans la troupe de François Serdin à Rouen (du 16 mars 1665 au 29 mars 1667). Son mari, Joseph Dupin, fait également partie de la troupe, qu’il intègre juste après sa création, le 26 mars 1665, un jour avant leur mariage. Elle joue ensuite avec lui dans la troupe du Théâtre du Marais de 1671 à 1673 ; elle y retrouve Charles Chevillet, dit de Champmeslé, qui a aussi fait partie de la troupe de François Serdin. En 1673, la troupe du théâtre Guénégaud, formée après la mort de Molière, se retrouve privée de trois comédiens qui rejoignent celle de l’Hôtel de Bourgogne, et recrute plusieurs comédiens et comédiennes du Théâtre du Marais, dont Louise Jacob et son mari.
Mlle Dupin occupe une place importante dans la troupe du théâtre Guénégaud : en témoigne le fait qu’elle a droit à une part de la recette dès son arrivée. Elles ne sont alors que trois femmes sur huit à avoir une part pleine, les autres n’en ayant qu’une demie. On lui confie des rôles de premier plan comme Elvire dans Le Festin de Pierre de Molière, Pulchérie dans Pulchérie (1672) ou Cléopâtre dans la reprise de Rodogune (Corneille). On peut aussi mentionner le seul rôle connu qu’elle crée, à savoir celui de Clarisse dans Le Triomphe des dames de Thomas Corneille (1676). Il semblerait que les talents de son mari soient moins appréciés, puisqu’il n’a qu’une demi-part ; c’est même le seul homme dans cette situation à cette date-là. Il est aussi le seul à recevoir une pension moins importante que celle de son épouse.
Pendant la période où elle joue au théâtre Guénégaud, elle est impliquée dans plusieurs procès. En 1674, Louise Jacob, son mari, Dauvilliers et sa femme sont exclu.e.s de la troupe, puis poursuivi.e.s par celle-ci, après leur opposition à la production de Circé, une pièce à machines nécessitant d’importantes dépenses. Elle est réintégrée l’année suivante. Mlle Dupin aurait perdu un autre procès en 1679 qui aurait empêché des représentations de Germanicus.
Mlle Dupin appartient toujours à la troupe du théâtre Guénégaud quand celle-ci reçoit l’ordre de fusionner avec celle de l’Hôtel de Bourgogne en 1680 pour former la Comédie-Française. Louise et sa sœur Françoise, qui avait jusque-là fait partie de l’Hôtel de Bourgogne, travaillent désormais dans la même troupe, et ce jusqu’à leur mise à la retraite en 1685. Louise reçoit alors 1000 livres de pension par an de la troupe. Elle meurt le 8 avril 1709.
Elle était considérée comme une femme belle et bien faite, sa beauté lui valut notamment d’être au cœur de rumeurs sur le nombre de ses amants. Bien qu’elle eût six enfants de son époux, il semblerait qu’elle ne vécut pas toujours avec lui. Enfin, on dit d'elle qu'elle était superstitieuse : elle aurait eu recours à l’utilisation de porte-bonheurs fournis par la célèbre empoisonneuse la Voisin pour maintenir le succès de sa troupe et elle aurait aussi fait appel à elle pour avorter.
Louise Jacob fut une actrice assez populaire dont on louait le talent, qu’elle aurait hérité de son père. On lui attribuait cependant deux défauts notables : elle grasseyait (c’est-à-dire parlait sans rouler les r) et avait une voix nasillarde. Cela ne l’empêcha pas d’avoir du succès ni de se distinguer dans sa fratrie vouée au théâtre.

Principales sources

  • Madeleine Jurgens et Elizabeth Maxfield-Miller, Cent ans de recherche sur Molière, sur sa famille et sur les comédiens de sa troupe, Paris, Archives Nationales, 1963.
  • Madeleine Jurgens et Marie-Antoinette Fleury, Documents du minutier central concernant l’histoire littéraire (1650-1700), Paris, PUF, 1960.
  • Charles Varlet de la Grange, Archives de la Comédie-Française, Registre de La Grange, 1658-1685, Paris, J. Claye, 1876.

Choix bibliographique

  • Émile Campardon, Les Comédiens du roi de la troupe française pendant les deux derniers siècles. Documents inédits recueillis aux Archives nationales, Paris, Honoré Champion, 1879.
  • Pierre-David Lemazurier, Galerie historique des acteurs du Théâtre français, t. 2., Paris, Chaumerot, 1910.

Choix de liens électroniques

  • Site relatif à la naissance de la critique dramatique [1]

Jugements

  • « Elle aime les plaisirs et veut qu’ils soient secrets // Du moindre petit bruit son fier honneur s’offense // Elle a beau désirer des amants bien discrets, // Elle en a trop pour sauver l’apparence » (La Fameuse Comédienne ou Histoire de la Guérin, auparavant femme et veuve de Molière, Francfort, F. Rottenberg, 1688, p.91).
  • « La Dupin, à taille poupine, // Y fait le rôle Agrippine, // D’une si charmante façon, // Qu’elle prend à son hameçon // Les coeurs de tous ceux qui la voient // Et qui, si bien déclamer, l’oient, // Soit qu’elle parle avec Drusus, // Pison, ou bien, Germanicus, // Qui, tous trois sentent dans leur âme // Pour elle, l’amoureuse flamme » (Charles Robinet, Lettres en vers : le 27 mai 1673, Robinet annonce le Germanicus d’Edme Boursault. Il lui consacre un long compte-rendu de sa lettre du 3 juin).
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