Henriette-Marie de France/Philibert Riballier et Catherine Cosson

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[291] HENRIETTE-MARIE DE FRANCE, Reine d’Angleterre, fille de Henri IV. et de Marie de Médicis, née en 1609, et mariée n’étant encore âgée que de seize ans à l’infortuné Charles I, Roi d’Angleterre. Elle avoit l’ame noble, ferme et courageuse. D’un coeur tendre et compatissant, d’un esprit vif, agréable, cultivé et orné; elle faisoit l’admiration et les délices de tous ceux qui l’approchoient. Les troubles et les malheurs qui agiterent le regne de Charles, remplirent la vie d’Henriette d’amertumes et de douleurs; mais elle y opposa le courage le plus héroïque. Obligée de fuir de Londres avec son époux et toute sa famille, elle alla elle-même en Hollande vendre, engager ses bijoux, ses pierreries, et en ramena les vivres et les munitions qui manquoient à son parti. Surprise dans le trajet par une affreuse tempête, Henriette, sur le tillac, animoit l’équipage de son vaisseau, disant d’un air riant: «N’ayez point peur; je suis avec vous, et les Reines ne se noient point». Enfin, après avoir dans les divers événemens d’une guerre malheureuse, échappé à des périls sans nombre, elle se réfugia à la Cour de France, dans l’espérance d’y trouver des secours; mais les troubles de ce Royaume les rendirent impossibles. On la vit réduite à demander le simple [292] nécessaire de sa subsistance, et rester ainsi, cinq ans entiers, dans sa propre patrie, en proie aux plus vives humiliations et aux plus cruelles douleurs, qui furent comblées par la fin tragique de son auguste époux, que ses féroces sujets firent périr sous le glaive d’un bourreau. Les dernieres années de la vie d’Henriette furent plus douces; elle vit son fils, sous le nom de Charles II, remonter sur le Trône de ses peres. Dans deux voyages qu’elle fit en Angleterre, elle fut elle-même témoin du sincere repentir de ses peuples. Sans se laisser enivrer par les charmes de ces heureux changemens, Henriette revint en France, dans le dessein de consacrer le reste de ses jours à la retraite, et choisit pour remplir ses vues le Monastere de Chaillot, où elle termina une carriere si orageuse en 1669.

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