Catherine d'Amboise
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Catherine d'Amboise | ||
Titre(s) | Dame de Chaumont | |
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Conjoint(s) | Christophe de Tournon, seigneur de Beauchastel Philibert de Beaujeu, seigneur de Lignières Louis de Clèves, comte d'Auxerre | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1482 | |
Date de décès | 1550 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Evelyne Berriot-Salvadore, 2003
Enfant posthume de Charles Ier d'Amboise et de Catherine de Chauvigny, Catherine d'Amboise est issue de cette importante famille de Touraine qui compte de si nombreux mécènes sous le règne de Louis XII. Mariée très jeune à Christophe de Tournon, sieur de Beauchastel, chambellan de Charles VIII, dont elle a un enfant qui ne survit pas, elle est veuve à 17 ans et se remarie, en 1501, avec Philibert de Beaujeu, seigneur de Lignières, qui meurt en 1541. À plus de soixante ans, elle contracte un troisième mariage avec Louis de Clèves, comte d'Auxerre, qui la laisse à nouveau veuve en 1545. La mort de son frère, Charles Chaumont d'Amboise, en 1511, puis celle de son neveu, Georges II d'Amboise, à Pavie en 1525, la font héritière de la seigneurie de Chaumont et également d'une partie de la bibliothèque du grand prélat humaniste Georges d'Amboise. Elle prend alors sous sa protection le fils naturel de Chaumont d'Amboise, le poète Michel d'Amboise, qui lui dédiera La penthaire de l'Esclave fortuné (1530).
Tout comme Anne de Graville, belle-soeur de son frère Charles, Catherine d'Amboise laisse des oeuvres manuscrites attestant le rôle culturel des grandes dames de l'aristocratie à l'aube de la Renaissance. C'est en Berry, dans le château de Lignières, où avait grandi Jeanne de France, qu'elle compose des traités didactiques et des poésies religieuses. Les deuils qui l'ont frappée très jeune, les traverses dans la destinée d'une famille placée au sommet du royaume, sont à l'origine de son premier essai littéraire en 1509 ; Le Livre des prudens et imprudens des siecles passés est un long traité en prose rassemblant, à la manière du De casibus virorum illustrium de Boccace, les destinées de ceux et de celles qui, depuis Adam jusqu'à Charlemagne, illustrent les conséquences du vice et le pouvoir de Prudence. Pour chacun des douze livres, ont été retenues six histoires, tirées, entre autres, de l'Ancien Testament, de Boccace, de Vincent de Beauvais, de La Mer des histoires d'Orose ou des Histoires romaines. Catherine ne masque pas ses dettes à l'égard d'une littérature riche en exempla, mais également à l'égard des Chroniques qui fondent l'idéal de l'aristocratie. Le recueil, tout en proposant un miroir de vertus, dans la tradition des grandes compilations historiques et didactiques, fait écho à cet humanisme aristocratique dont le cardinal d'Amboise fut un des plus illustres représentants. Voisinent alors avec les grandes figures de l'histoire profane et sacrée, Cicéron, Virgile et Boèce qui a «repandu les sciences en traduisant Aristote».
Le déclin de la maison d'Amboise, après le décès du cardinal, en 1510, puis de Charles Chaumont d'Amboise et de son fils Georges, accentue la prédilection de Catherine pour Boèce. Dans La Complaincte de la dame pasmée contre Fortune, récit allégorique en prose, l'auteure qui, ici, reste anonyme apparaît à la fois comme narratrice et actrice: terrassée par de nouveaux malheurs, elle reçoit la visite de Raison qui l'engage à méditer sur les misères de ce monde, pour finalement trouver le chemin du «parc d'Amour divin», où réside Dame Patience. La réflexion sur l'inconstance de la Fortune, inspirée par Sénèque et par le livre De la consolation de Boèce, devient méditation religieuse qui permet finalement de détrôner celle dont les «idolâtres» ont fait une déesse. Les malheurs du monde ne sont que le difficile mais bref passage conduisant vers la félicité éternelle. Cette pérégrination mystique, qui s'achève sur une vision du Christ en croix, annonce la dernière oeuvre connue de Catherine d'Amboise: Les devotes epistres. Dans ces poésies écrites et signées de son château de Lignières, et contenant une Epistre à Jesus Christ, une Epistre à la Vierge, suivie d'un Chant Royal et d'une Epistre de Jesus Christ, l'influence de la littérature pénitentielle n'efface pas la culture antiquisante: pour louer la Vierge, Catherine invoque les anges, Judith, Ester et Rachel mais aussi les Muses, Amphion, Orphée et Apollon.
Catherine d'Amboise est absente de l'histoire littéraire. À la fin du XVIe siècle, Les Bibliothèques de La Croix du Maine et de Du Verdier l'ignorent. L'abbé Goujet, au XVIIIe siècle, retient son nom parce qu'elle est la tante de Michel d'Amboise. Grâce à l'édition de ses Epistres, au XIXe siècle, des études consacrées aux poètes chrétiens (La Maynardière, A. Müller) lui accordent une brève mention. Ce n'est que tout récemment que l'intérêt s'est porté sur l'ensemble de son oeuvre.
Oeuvres
- 1509 : Le livre des prudens et imprudens des siecles passés, inédit.
- 1525-30? : La complaincte de la dame pasmée contre fortune, inédit.
- 1545? : Les devotes epistres. Les devotes epistres de Katherine d'Amboise. Éd. Abbé J.-J. Bourassé, Tours, Imprimerie A. Mame,1861 -- Les devotes epistres. Éd. Yves Giraud, Fribourg (Suisse), Éditions Universitaires, 2002.
Choix bibliographique
- Anselme P., continué par M. du Fourny. Histoire généalogique, et chronologique de la maison royale de France, t. VII. Paris, 1733, p.119-129.
- Balteau, J. et M. Barroux (dir.). Dictionnaire de biographie française, t 2. Paris, 1933, p.486.
- Berriot-Salvadore, E. Les femmes dans la société française de la Renaissance. Genève, Droz, 1990, p.417-420.
- Orth, Myra Dickman. «Dedicating Women: Manuscript Culture in the French Renaissance, and the Cases of Catherine d'Amboise and Anne de Graville». Journal of the Early Book Society, Éd. Martha W. Driver, vol.I, 1, 1997, p.17-39.
- Souchal, Geneviève. «Le mécénat de la famille d'Amboise». Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest. 3e trimestre de 1976, 4e série, t.XIII, p.485-526; 4e trimestre de 1976, 4e série, t.XIII, p.567-612.
Jugements
- «...une qui na seconde
En rhetoricque ny aussi en faconde
Une sans pere : de bonte et de grace
Qui toutes dames de doulceur et lotz passe
Qui est pudicque plus que ne fut Lucresse
Plus que Judith remplye de gentillesse
Une qui na au monde sa semblable/ Qui est piteuse, debonnaire, amiable
Qui ayme dieu et liberalite
[...]
Celle qui a beaucoup plus de science
Que neut jadis lytavienne hortense...»
(Michel d'Amboise, Les complainctes de lesclave fortune, Paris, Jehan Sainct Denis, 1529, fol.XXV).