Catherine Duchemin/Florent Le Comte

[III,144] Il est juste que les femmes vertueuses et sçavantes trouvent icy leur place, et leur rang; je me feray un fort grand plaisir d'en parler.
Je commenceray par DAMOISELLE CATHERINE DU CHEMIN.
Elle a excellé à peindre des fleurs, et elle s'étoit rendue si habile dans ce talent, que les fleurs naturelles cedoient aux siennes, comme par respect, pour la maniere sçavante avec laquelle son agréable main les sçavoit toucher, et à l'odorat prés, tout y étoit trompé; cette Demoiselle, d'ailleurs si agréable ne fut pas long-tems sans distinction, et Messieurs de l'Academie de Peinture et Sculpture, connoissant trop bien son mérite, ne tardérent pas à l'honorer d'une Lettre d'Academicienne, qu'elle reçeut comme un des plus grands honneurs que le beau Séxe puisse recevoir du Public.
Elle devint l'Epouse de Monsieur GIRARDON aujourd'huy Chancelier et Recteur de cette Academie; mais quittant la maison de son Pere, elle y laissa son pinceau, et se fit un capital du soin de sa maison et de l'éducation de ses enfans; elle est decedée en Novembre 1698.