Anne d'Este
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Anne d'Este | ||
Titre(s) | Duchesse de Guise Duchesse de Nemours | |
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Conjoint(s) | François de Lorraine, duc de Guise Jacques de Savoie, duc de Nemours | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1531 | |
Date de décès | 1607 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647) |
Sommaire
Notice de Penny Richards, 2004.
Née à Ferrare le 16 novembre 1531, fille aînée de Renée de France et d'Hercule d'Este, héritier du duché de Ferrare, Anne d'Este est par sa mère la petite-fille du roi Louis XII. Le 4 décembre 1548, Anne épouse François de Lorraine, qui deviendra le deuxième duc de Guise en 1550. Vainqueur à Metz (1553) et à Calais (1558), il est, de son vivant même, considéré comme un héros. De leurs sept enfants, quatre connaîtront une renommée nationale: Henri (né en 1550), Catherine, duchesse de Montpensier (1552), Charles, duc de Mayenne (1554) et Louis, cardinal de Guise (1555).
En 1563, François de Guise est assassiné par Poltrot de Méré. Selon les Guise, l'assassinat a été commandité par l'amiral Coligny, chef de file des huguenots. Anne et sa belle-mère, Antoinette de Bourbon, prennent la tête d'une procession qui défile devant la cathédrale de Meulan, où Charles IX écoute les vêpres, pour demander réparation. En 1566, Anne épouse Jacques de Savoie, duc de Nemours, brillant militaire de l'entourage des Guise. Elle lui donne trois enfants, dont deux atteindront l'âge adulte: Charles-Emmanuel, né en 1567, et Henri de Saint-Sorlin, né en 1572. À la tête de la Ligue catholique, les Guise prennent une large part aux guerres de Religion et représentent une menace directe pour le pouvoir royal. Henri, troisième duc de Guise, est considéré par beaucoup comme l'instigateur des massacres de la Saint-Barthélemy à Paris en 1572. Anne est également impliquée: l'assassin de Coligny, Maurevert, logeait dans ses appartements parisiens au moment du mariage d'Henri de Navarre avec Marguerite de Valois.
En décembre 1588, après l'assassinat, ordonné par Henri III, de ses fils Henri et Louis de Guise au château de Blois, Anne est arrêtée dans cette même ville et emprisonnée quelque temps au château d'Amboise. L'assassinat donne lieu à de nombreux pamphlets publiés par la Ligue, dont deux, Remonstance faicte au Roy par Madame de Nemours, sur le massacre de ses enfans et Les Regrets de Madame de Nemours sur la morte des messeigneurs de Guyse ses enfans, sont édités à son nom puis réimprimés fréquemment avec des variantes. À sa libération, Anne rejoint à Paris d'autres membres de sa famille et commence à participer activement aux actions politiques de la Ligue, encourageant les défenseurs de la ville en attendant que son fils Mayenne vienne à son secours. En 1589, pendant la vacance du pouvoir qui suit l'assassinat d'Henri III (peut-être à l'instigation de la fille d'Anne, Catherine de Montpensier), il semble possible que Mayenne devienne Roi de France. Mais les campagnes victorieuses d'Henri de Navarre mettent vite fin à ces aspirations: en 1594, ce dernier fait sous le nom d'Henri IV son entrée solennelle dans Paris, sonnant le glas des espoirs des Guise. Anne entreprend alors de faire la paix et de négocier avec le nouveau roi au nom des membres de sa famille désireux de faire soumission. Son succès est tel qu'elle retrouve sa place à la cour et devient, de 1601 à 1607, surintendante de la maison de Marie de Médicis, seconde épouse d'Henry IV.
Tout au long de sa vie, Anne est une courtisane accomplie, présente auprès de cinq rois (Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV). Personnage important de la Ligue, Anne reste pourtant proche et de sa mère calviniste, Renée de France, et d'Antoinette de Bourbon, figure matriarcale qui a supervisé l'éducation de ses enfants, comme celle de générations d'enfants de la famille Guise, et avec qui elle entretient une correspondance régulière. Anne correspond également avec Catherine de Médicis et avec sa belle-soeur Marie de Lorraine, régente d'Écosse. Elle veille d'ailleurs sur la fille de celle-ci, Mary Stuart, pendant sa jeunesse en France. Toute sa vie, Anne possède de vastes propriétés dans toute la France, notamment des terres héritées de sa mère à Montargis et des biens en Normandie, à Dourdan, à Provins et à Saumur. Elle meurt le 17 mai 1607, ayant survécu à la plupart de ses enfants et des membres de sa famille paternelle.
Anne d'Este était admirée par ses contemporains comme grande princesse et beauté de renom. L'assassinat de son premier mari, puis celui de ses deux fils, Henri et Louis de Guise, font d'elle une figure centrale de la politique de la Ligue. Comme personnage romanesque, Anne d'Este est évoquée dans La Princesse de Clèves. Elle est ensuite largement oubliée, jusqu'au regain d'intérêt suscité par l'étude des femmes dans la seconde moitié du XXe siècle.
(traduction Sylvie Déléris)
Oeuvres
- 1588 : Remonstance faicte au Roy par Madame de Nemours, sur le massacre de ses enfans, Paris, Hubert Velu (attribution incertaine) -- Éd. D. Pallier, Recherches sur l'imprimerie à Paris pendant la Ligue 1585-1594, Genève, Droz, 1976, nos 281, 311.
- 1589 : Les Regrets de Madame de Nemours sur la mort de messeigneurs de Guyse ses enfans, Paris, Hubert Velu (attribution incertaine) -- Éd. D. Pallier, Recherches sur l'imprimerie... (voir supra), nos 308-309.
- correspondance : avec des membres de sa famille et des acteurs de la scène politique nationale comme Catherine de Médicis et le duc de Montmorency. Voir Foreign Correspondence, with Marie de Lorraine, Queen of Scotland, from the Originals in the Balcarres Papers, 1548-57,ed. M. Wood, Edinburgh, 1925; beaucoup de lettres manuscrites à sa mère à la BNF; voir également la correspondance of Catherine de Médicis, ainsi que les Archives de Chantilly, Papiers Condé (1) Série L. XXXIX fo. 46.
Choix bibliographique
- Carroll, Stuart. Noble Power during the French Wars of Religion: The Guise Affinity and the Catholic Cause in Normandy. Cambridge, Cambridge University Press, 1998.
- Munns, Jessica et Penny Richards, «Exploiting and Destabilizing Gender Roles: Anne D'Este», French History, vol. 6. no 2 (June 1992), p.206-215.
- Richards, Penny. «The Guise Women: Politics, War, and Peace», in Jessica Munns and Penny Richards (dir.), Gender, Power, and Privilege. London, Longman, 2003, p.159-170.
- Viennot, Éliane. «Veuves de mère en fille au XVIe siècle: le cas du clan Guise», in Nicole Pellegrin et Colette Winn (dir.), Veufs, veuves et veuvage dans la France d'Ancien Régime, Paris, Champion, 2003.
- Viennot, Éliane. «Des "Femmes d'Etat" au XVIe siècle: les princesses de la Ligue et l'écriture de l'histoire», in Danielle Haase-Dubosc et Éliane Viennot (dir.), Femmes et Pouvoirs sous l'Ancien Régime. Paris, Rivages, 1991, p.77-97.
Choix iconographique
- Anonyme, Anne d'Este (huile sur bois), France, XVIe siècle (vers 1550?). Musée de Versailles (3212).
- Atelier de Clouet, A
nne d'Este (crayon sur papier) après 1566. Chantilly, Musée Condé (De Broglie, 318).
Jugements
- «La princesse de Ferrare [...] est une des belles et honnestes princesses que l'on sauroit voir.» (François d'Orléans, duc de Longueville, à sa mère, in Marie de Lorraine in Scotland, December 1548, Foreign Correspondence with Marie de Lorraine [Balcarres Papers], Edinburgh University Press, 1925, p.20).
- «Je la vis un jour danser, comme j'ay dit ailleurs, avec la Reine d'Escosse, elles deux toutes seules ensemble et sans autres Dames de compagnie, et ce par caprice, que tous ceux et celles qui les advisoient danser ne sceurent juger qui l'emportoit en beauté; et eut-on dit, ce dit quelqu'un, que c'estoyent les deux soleils assemblez qu'on lit dans Pline avoir apparu autresfois pour faire esbahir le monde. Madame de Nemours, pour lors Madame de Guise, monstroit la taille plus riche; et s'il m'est loisible ainsi le dire sans offenser la Reine d'Escosse, elle avoit la majesté plus grave et apparente, encor qu'elle ne fust Reine comme l'autre; [...] ç'a esté une très-belle femme en son printemps, son esté et son automne, et son hyver encor, quoy qu'elle ait eu grande quantité d'ennuis et d'enfans.» (Pierre de Bourdeille, Seigneur de Brantôme, Discours sur l'amour des dames vieilles... [vers 1585], Recueil des dames, poésies et tombeaux, éd. É. Vaucheret, Paris, Gallimard «la Pléiade», 1991, p.607, 609 [Lives of Gallant Ladies, essay 5, translated by Alec Brown, London, 1961, p.370-72].