Angélique-Madeleine Cénas
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Angélique-Madeleine Cénas | ||
Conjoint(s) | Pierre-Henri de Moulinneuf, dit Montroze | |
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Dénomination(s) | Mademoiselle Cénas Mademoiselle Cénas l'aînée Mademoiselle Coudurier | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1757 | |
Date de décès | Après 1790 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Jean-Philippe Van Aelbrouck, 2005
Angélique-Madeleine Cénas naît à Stockholm le 14 mai 1757. Sa mère, Barbe-Marguerite Henry, était comédienne dans la troupe du roi de Suède, pays où elle a épousé, le 4 mai 1755, un négociant en soie du nom de Jean-Baptiste Coudurier. Après la mort de celui-ci, elle s'est remariée en 1770 avec Gaspard Cénas, maître de danse à la cour de Suède.
En compagnie de sa mère et de sa soeur cadette Thérèse-Antoinette, Mlle Cénas joue à Rouen en 1773, puis elle débute à Lille l'année suivante, où elle recueille «une fureur d'applaudissements» dans les rôles d'ingénues. La mère tente ensuite de faire engager la famille à Bruxelles; dans une lettre adressée à Louis Compain, directeur du Théâtre de la Monnaie, Mme Cénas propose sa fille pour les rôles d'ingénues et de jeunes premières dans la comédie et l'opéra bouffe ainsi que pour les rôles «marqués au coin de la grande jeunesse» dans la tragédie. De son côté, la mère remplirait les rôles de premières confidentes dans la tragédie, les seconds caractères, grimes, rôles à baguette et paysannes dans la comédie; la cadette jouerait les secondes soubrettes, tandis que le mari pourrait figurer dans les ballets [Archives générales du Royaume à Bruxelles, Fonds des Manuscrits divers, 3847]. La direction du Théâtre de la Monnaie ne semble pas avoir donné suite à cette sollicitation.
On rencontre ensuite Mlle Cénas seule à La Haye en 1778 et en 1779, où elle donne plusieurs représentations à son bénéfice, jouant notamment dans L'Ecole des mères de Marivaux et dans La Belle Arsène de Monsigny.
Elle est engagée comme première chanteuse à Bruxelles dès la saison 1779-1780. Le 5 novembre 1781, elle épouse dans cette ville le haute-contre Pierre-Henri de Moulinneuf, dit Montroze (qu'il ne faut pas confondre avec la famille de comédiens Barizain, dits Monrose), et devient première soubrette durant la saison 1782-1783. Elle obtient ensuite un ordre de début à Paris, au Théâtre-Italien, où elle paraît le 23 mai 1783. Une semaine plus tard, elle débute également à la Comédie-Française. Malgré les leçons que lui donne Mlle Doligny, elle ne sera reçue dans aucun des deux théâtres. Le couple joue ensuite à Amsterdam de 1784 à 1787, où il donne naissance à trois enfants, puis à Liège de 1788 à 1790. On perd ensuite toute trace de Mlle Cénas-Montroze, qui se retire vraisemblablement de la scène.
Les commentateurs de l'époque nous ont laissé peu d'appréciations du jeu de cette actrice, dont la carrière a été relativement courte et s'est déroulée principalement sur des scènes secondaires. Aujourd'hui, son nom a disparu des Histoires du théâtre consacrées aux comédiens et comédiennes du XVIIIe siècle.
Choix bibliographique
- Koogje, A. J., «Répertoire du Théâtre français de La Haye, 1750-1789». Studies on Voltaire and the eighteenth century, Oxford, Voltaire Foundation, 327, 1995.
- Lhotte, G., Le Théâtre à Lille avant la Révolution. Lille, Danel, 1881, p.53.
Jugements
- «La timidité d'une Débutante intéresse toujours, quand elle est jointe au talent; on s'empresse de la lui faire perdre à force d'encouragemens, à peu près comme on ôte à un vase précieux le voile qui en cache la beauté. Mlle Monrose, élève de Mlle Doligny, a dû s'apercevoir le 23 Mai [1783], lorsqu'elle s'est essayée dans le rôle d'Angélique de l'Epreuve. L'esprit & la vérité avec lesquels elle en a rendu les principaux endroits, lui ont attiré des éloges. Si elle avoit eu plus d'assurance, elle auroit mis plus de vivacité dans son débit & de variété dans son jeu. Docile aux avis qui l'ont guidée, elle s'est défaite d'un certain mouvement de tête qui la déparoit, & dont à la longue les Spectateurs auroient pu être fatigués» (D'Origny, Annales du Théâtre italien, Paris, Veuve Duchesne, 1788, t.III, p.82-83).