Agnès de Poitiers/Fortunée Briquet
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AGNÈS DE POITIERS, fille de Guillaume V, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, surnommé Le Grand, et d'Agnès de Bourgogne, vit le jour en 1025. Elle épousa l'empereur Henri III, dit le Noir, fils de Conrad le Salique. Henri IV, le Vieil et le Grand, et Conrad, duc de Bavière, furent ses fils Elle hérita des talens, du courage et de la sagesse de Guillaume V. Ses éminentes qualités lui donnent le premier rang parmi les femmes célèbres de son siècle. Après la mort de son époux, arrivée l'an 1056, elle prit pendant la minorité de son fils les rênes de l'état. Elle égala dans son gouvernement la sagesse de Théodora, fille de Constantin le jeune, morte la même année qu'Agnès monta sur le trône.
Quelques seigneurs, jaloux de l'autorité de l'impératrice et du crédit du chancelier Guibert et de Henri, évêque d'Augsbourg, lui enlevèrent son fils, l'an 1061. Affligée de cet évènement, elle abdiqua la régence en 1062. Son règne ne fut pas aussi long qu'il eût été à désirer pour la prospérité de l'empire. Elle fit un voyage en France, qui fut marqué par ses bienfaits, et bientôt renonçant au monde, elle prit le voile à Frutelles en Lombardie. En 1072, elle revint en Allemagne pour réconcilier Rodolfe, duc de Suabe, avec le roi son fils. Le but de cette démarche était de prévenir une guerre civile. Après avoir heureusement terminé cette affaire, elle retourna dans sa retraite. Elle mourut à Rome le 14 décembre 1077, et fut enterrée dans l'église de Sainte Pétronille.
Ce fut pour exécuter ses ordres, qu'Atton, son chapelain, homme de lettres, traduisit les ouvrages latins de Constantin son maître, surnommé l'Africain, moine du Mont-Cassin. Saint Pierre de Damien, cardinal d'Ostie, et Jean, abbé de Fécam, célèbrent sa mémoire dans leurs écrits. Celui-ci a composé, à sa demande, un Recueil de prières, tirées de l'Écriture et des Pères de l'Église.
Il nous reste deux lettres de cette impératrice. La première est écrite à André, abbé de Frutare, et la deuxième à Hugues, abbé de Cluny. Celle-ci se trouve dans le recueil de pièces de Don Luc d'Achéry, connu sous le titre de Spicilège, tome II, page 397. Dans l'une on remarque beaucoup d'érudition; la mort de Henri III est le sujet de l'autre.