Madeleine de Brou : Différence entre versions

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Version du 18 décembre 2014 à 14:07

Madeleine de Brou
Dénomination(s) demoiselle de Brou
Biographie
Date de naissance 1594
Date de décès ?
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Nicole Pellegrin, 2014

Madeleine de Brou, baptisée le 22 décembre 1594 à Loudun (aux confins du Poitou et de la Touraine et dans l’actuel département de la Vienne), est la plus jeune des trois filles de «noble» René de Brou, conseiller du roi et sieur de Ligueil en Loudunais, et de Dorothée Genibaut, tous deux alliés à plusieurs familles poitevines de la noblesse et de la magistrature. À la mort des parents de Madeleine, un de leurs amis, Urbain Grandier, le séduisant curé de la paroisse Saint-Pierre-du-Marché à Loudun, devient le confesseur de l’orpheline, tandis qu’une des sœurs de celle-ci, riche et fort dévote, fait ériger en 1629 un coûteux autel de pierre dans l’église des Cordeliers de Poitiers en l’honneur de son mari, Mathieu Vidard de Saint-Clair, procureur du roi au présidial de Poitiers, puis conseiller d’Etat au Conseil privé. Une belle-sœur, Marie Vidard de Saint-Clair, est abbesse de l’abbaye Sainte-Marie de la Règle à Limoges de 1604 à 1612.
Madeleine, lettrée et fortunée, semble elle-même avoir eu le désir de se faire religieuse. Avant qu’elle ne devienne la « bonne amie » (expression locale) de Grandier, celui-ci lui dédie – moyen de la convaincre et/ou preuve d’amour ? – un Traité du célibat des prêtres, où il légitime le désir sexuel et le mariage des clercs au nom de «la loi de nature», de l’Ancien Testament et de divers exemples historiques. Lors du simulacre de « procès » de Grandier (il aurait ensorcelé tout un couvent d’ursulines et quelques laïques du lieu [voir la notice Jeanne de Belcier]), la maison de Madeleine est envahie par la foule pour y débusquer, en vain, «livres de magie» et autres pactes dont les «diables» des religieuses possédées la prétendaient détentrice. Seules des quittances de prêts d’argent faits par Grandier à la jeune femme sont découvertes. Sous mandat d’arrêt dès le lendemain de l’exécution d’Urbain Grandier (18 août 1634), elle se réfugie chez un beau-frère, à Montreuil-Bellay, d’où elle est ramenée le 3 septembre. Après un mois de prison à Loudun, elle est mise en liberté grâce à l’intervention de sa famille auprès du tribunal des Grands Jours siégeant alors à Poitiers et le commissaire du roi Laubardement doit arrêter, le 28 novembre 1634 et sur l’injonction prudente de Richelieu, la procédure intentée contre elle.
Le devenir de Madeleine de Brou n’est pas connu : un départ de Loudun et, semble-t-il, une entrée au couvent. Plusieurs dramaturges et cinéastes (un biopic est actuellement en tournage) ont campé Madeleine de Brou en amoureuse et en concubine : ainsi elle est « étendue sur le lit » d’Urbain Grandier dans une œuvre de 1836 (Urbain Grandier ou Les Religieuses de Loudun. Drame historique en cinq actes d’après un ouvrage de M. Alfred de Vigny par M*** de Loudun, Loudun, Brubeau-Rossignol, 1836). Mais Michel de Certeau est le seul historien à avoir tenté d’imaginer la place de la jeune femme dans « l’affaire » des possédées de Loudun et la mort d’Urbain Grandier. Figure, pour beaucoup, de la jeune fille pieuse séduite par son directeur spirituel, Madeleine de Brou est plus encore le prototype de ces compagnes semi-officielles de prêtres que la Réforme catholique va peu à peu évincer du devant de la scène à partir de la fin du XVIIe siècle.

Principales sources

  • Archives départementales de la Vienne (France) : 1 J 1 et 16 J 472
  • [Grandier, Urbain], Traicté du cœlibat par lequel il est prouvé qu’un ecclésiastique se peut marier, par des raisons et autorités claires et évidentes qui seront déduites succinctement et nuement, sans ornement de langage, afin que la vérité paraissant toute nue et sans fard, soit mieux reçue, [diverses copies manuscrites, s. n. s. d. ; une éd. en 1634 et des réed. dont celle de Robert Luzarche (Paris, Pincebourde, 1866)].

Choix bibliographique

  • Andrault, Jean-Pierre, Poitiers à l’âge baroque, Poitiers, SAO, 2003, 2 vol.
  • Certeau, Michel de, La possession de Loudun, Paris, Gallimard/Julliard, « Archives », 1970.
  • Legué, Gabriel, Urbain Grandier et les possédées de Loudun. Documents inédits de Frédéric Barbier, Paris, Louis Baschet, 1880 [avec plusieurs éléments de l’enquête judiciaire]..
  • Lemaître, Nicole, Histoire des curés, Paris, Fayard, 2002 (chap. VII).

Choix cinématographique

  • Madeleine Grandier, Réalisateur : Franck Allera, avec Ana Girardot [tournage en 2015][1]

Choix de liens électroniques

  • Jean-Claude Raymond, Urbain Grandier et les femmes [2]

Jugements

  • « [Urbain Grandier] advoua à la question un petit livret manuscrit contre le célibat des prestres qui donnoit le soupçon qu’il estoit marié. Notez qu’il est adressé à sa plus chère concubine, le nom de laquelle partout est supprimé aussi bien qu’au titre […] » (lettre du médecin de Tours, Séguin, publiée dans le Mercure en 1634 et citée par Robert Luzarche, «Introduction», de son édition du Traicté du célibat des prestres d'Urbain Grandier , Paris, Pincebourde, 1866, p. 4).

« [Urbain Grandier] est bien coupable, sans doute, et l’amour qui l’a dicté [ le Traité], quelque pur qu’il puisse être, est une faute énorme dans l’homme qui est consacré à Dieu seul, mais ce pauvre prêtre était loin de vouloir encourager l’hérésie, et c’était, dit-on, pour apaiser les remords de mademoiselle de Brou qu’il l’avait composé » (Alfred de Vigny, Cinq-Mars ou Une conjuration sous Louis XIII, 1826) « C’était une belle et timide jeune fille à l’air grave et austère qu’on admirait pour son esprit et ses grâces, qu’on respectait pour sa vertu et sa piété. Elle avait jusqu’à ce jour résisté à toutes les sollicitations de sa famille et n’avait point voulu se marier. […] On espionna Madeleine et au bout de quelque temps ce n’était un mystère pour personne qu’elle était la maîtresse de Grandier. Par quels concours de circonstances cette virginale créature qui passait calme et fière au milieu de la foule, en était-elle arrivée à se perdre ainsi ? Il ne nous appartient pas de soulever les voiles qui enveloppent les cœurs féminins. La femme est l’être mystérieux par excellence. Les plus austères vertus, les plus pures innocences ont souvent sombré dans cet abîme sans fonds qu’on appelle l’amour » (G. Legué, Urbain Grandier et les possédées de Loudun. Documents inédits de Frédéric Barbier, Paris, Louis Baschet, 1880, p. 55-56).

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