La Littérature pour la jeunesse contemporaine

La Place des femmes de l’Ancien Régime
dans la Littérature pour la jeunesse contemporaine

Présentation par Edwige Keller-Rahbé
 
Les textes présentés ici sont le fruit de plusieurs débats et communications organisés dans le cadre
  • des 8e Rencontres de la SIEFAR dont la demi-journée d’études a été consacrée à la représentation des femmes de l’Ancien Régime dans la littérature pour jeunesse contemporaine.
Ces manifestations scientifiques ont été l’occasion pour la SIEFAR de se pencher sur les représentations des femmes de l’Ancien Régime dans ce type de littérature, d’autant que le succès des romans historiques ne se dément pas en raison de leur lien privilégié avec la culture institutionnelle : littérature « para-scolaire » aux « profits éthiques ou savants » , elle est largement prescrite par les enseignants comme par les parents, soucieux du « bien lire » des/de leurs enfants.
Dans cette perspective, quels destins de femmes sont-ils mis en lumière, et selon quels scénarios ? Sommes-nous en présence de récits qui véhiculent des clichés historiques, psychologiques et/ou idéologiques, de récits qui se penchent sur la construction de la différenciation des sexes à travers la reconstitution historique, ou encore de simples intrigues « roses et dorées » ?
  • «L’éducation des filles au Grand siècle au prisme de la littérature de jeunesse contemporaine.», résumé de sa communication par Dominique Picco, MCF histoire moderne, Université de Bordeaux

Au sein d’un corpus d’une vingtaine de romans pour jeunes adolescents publiés entre 1993 et 2011, et ayant pour cadre la France du Grand Siècle , quelle place les auteurs accordent-ils à l’éducation des enfants, filles et garçons, et de quelle manière abordent-ils cette thématique ? Le regard porté sur ces textes est celui d’une historienne, spécialiste de l’éducation des filles dans la France moderne qui examine d’abord l’adéquation entre l’éducation montrée dans ces romans et les réalités historiques connues à la fois par des sources normatives et par des témoignages de contemporains. Y a-t-il, de la part des auteurs de ces ouvrages, recherche de la vérité historique, de la véracité ou simplement de la vraisemblance ? Cherchent-ils à reconstituer le plus fidèlement possible les pratiques éducatives du temps ou bien s’en écartent-ils -volontairement ou non- élaborant par la même un imaginaire de l’éducation des enfants dans la France du Grand Siècle ? Peut-on déterminer si l’option choisie résulte des connaissances ou des lacunes de l’auteur ou bien plutôt d’une volonté d’infléchir les réalités historiques en fonction du récit et d’un objectif à atteindre ? Un aspect particulier a également retenu notre attention, celui de la différence d’éducation entre les filles et les garçons, en fonction des différents milieux sociaux. Les auteurs de ces romans y sont sensibles et choisissent d’en retenir quelques éléments, mais là-encore avec quels objectifs ? Au final, cet échantillon permet de réfléchir, à partir de l’éducation des enfants, à la manière dont ces auteurs utilisent l’histoire pour présenter une construction bien différente des genres.

Accès au corpus de Dominique Picco

  • Publier des romans historiques, pour quoi dire ?, le point de vue de l’éditrice de Jacques Cassabois, Cécile Terouanne

«Pour un éditeur, le roman historique excède la notion de genre, dans laquelle il faut bien pourtant le “ranger” pour des besoins évidents de classement et d’identification. Le roman historique permet en effet d’interroger toutes les dimensions de la pratique éditoriale, depuis la relation à l’auteur, son accompagnement, jusqu’à la promotion et la pérennisation du fonds ainsi créé. En quelques lignes, je formule les grands axes de ce que veut dire pour moi la publication de romans historiques pour jeunes lecteurs, adolescents et jeunes adultes. Car nos publications s’adressent à un vaste lectorat, à partir de 8 ans pour les meilleurs lecteurs, jusqu’à plus de 15 !

Alors, publier des romans historiques, pour “quoi dire” ?
– pour apprendre, sur des sujets inépuisables, par le biais de personnages ayant existé ou pétris de fiction. On rejoint ici toute la question de la créativité littéraire et fictionnelle. Les oeuvres dont je parle sont bien de la littérature, et non du documentaire.
– pour comprendre, en cela que les romans historiques sont des romans de formation… du lecteur ! Si j’ai mieux compris l’Histoire, c’est davantage en lisant des romans de Jacques Cassabois ou Annie Jay, Jeanne Albrent ou Béatrice Nicodème, qu’en apprenant mes leçons d’histoire à l’école.
– pour travailler avec des auteurs d’une exigence absolue : exactitude des faits et des mots pour le dire. Entre la documentation et la fiction, une pâte ô combien subtile à pétrir… qui fait de l’éditeur un premier lecteur parfois impitoyable “ça ne prend pas, je m’ennuie, quel exposé, ça ne vit pas”, mais aussi enthousiaste “pour la première fois j’ai compris ce que cela pouvait signifier de vivre, aimer, penser au XIV° siècle, sous Louis XIV, pendant la Seconde Guerre Mondiale”…
– pour rendre disponible des textes vivants au service du patrimoine et de la mémoire. Publier JEANNE au 21° siècle, c’est témoigner d’une certaine conception de la fonction de l’éditeur, c’est s’engager aux côtés d’un auteur et mesurer intellectuellement la dimension d’éclaireur de notre activité. Allier ce socle à toutes les techniques de promotion, de mise en vente, de communication qu’inclut notre métier, c’est une aventure à chaque fois passionnante, impressionnante et stimulante.
– pour accompagner des textes et des auteurs d’une grande modernité : les droits numériques des romans historiques de notre catalogue ont été parmi les premiers cédés par nos auteurs. Ainsi l’Antiquité égyptienne et les rouleaux de papyrus rejoignent-ils la nouvelle nature de la représentation de l’oeuvre, sur écran !

Pour parler du roman historique, je pourrais aussi largement aborder la question des abrégés, et celle des réécritures de textes dits patrimoniaux, ou classiques. Il y a tant à dire ! »