Les mots de A à Z – lettre C

  • Cafetière

1710-1711 : «Après cela, il nous conta qu’étant entré dans un café en arrivant à La Haye, après s’y être suffisamment rafraîchi, il voulut payer l’hôtesse et que cette cafetière, qui est une grande et grosse Hollandaise, au lieu de prendre son argent, lui avait serré la main en fermant en même temps la sienne»
Mme Du Noyer, Mémoires, 1710-1711, t.5, p.87.
1782 : «On courtise les cafetières»
Mercier, Tableau de Paris, LXXI, 1782.
1844-50 : «Les coiffures chinoises de la belle cafetière, au luxe de laquelle contribuaient les gros bonnets de Soulanges»
Balzac, Les Paysans, 1844-50, p.312.
1975 : «Cafetier, ière, subst.: Tenancier, (ière) d’un café, d’un débit de boissons. Rem. Rare au féminin»
Trésor de la langue française, dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe siècle (1789-1960), dir. Paul Imbs, 1975.


  • Capitainesse
1588 : «J’en voyois plusieurs si craintives, qu’elles n’eussent osé monstrer le nez pour faire la barbe aux masles, et de les prier d’estre capitainesses de la bande feminine, c’estoit vous livrer à une toute descouverte desconfiture.»
Cholières, sieur de, La Guerre des masles contre les femelles, representant en trois dialogues les prérogatives et dignitez tant de l’un que de l’autre sexe, avec les Mélanges poétiques du sieur de Cholières, reprod. Bruxelles, Mertens et fils, 1864, p.4.
– 1634 : «A quoy, Monsieur, je vous respondray, qu’en mon particulier, j’ay jusques icy suivi l’usage, et que je dis bien qu’une femme a esté conseillere d’une telle action, mais non pas jugesse d’un tel proces; qu’elle a esté mon advocate, mais non pas qu’elle a esté mon orateur. Je dis bien qu’un tel soldat est de la Compagne Colonelle, mais non pas qu’un tel est de la Mestresse-de-Camp. Je dis la galere capitainesse, mais je n’appelle pas capitainesse une femme, quoy qu’elle soit femme d’un Capitaine.»
Guez de Balzac, «Lettre de Balzac à Girard, 7 mai 1634», Oeuvres, Genève, Slatkine Reprints, 1971 (1665), t. I, p.257.
1639 : « Le jour de l’Assomption, il ce fit une prossession généralle des François et Sauvages . Madame de la Pelterie servoit de capitainesse au fames sauvages ; elle marchoit en teste avec de nos petttites séminariste à ces costez » .
Mère Cécile de Ste-Croix à la Supérieure des Ursulines de Dieppe, 2 septembre 1639, in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971, p.957.
1646 : « La Doyenne et comme la Capitainesse de cette troupe de jeunes Néophites étoitune petite fille du premier Chrétien de cette nouvelle Eglise, que son père et samère vouèrent dès sa naissance. Elle nous fut donnée dès l’âge de deux ans, à causede la mort de sa mère, et nous l’avons élevée environ trois ans dans le dessein de lafaire Religieuse, à cause du vaeu de ses parens, au cas qu’elle en eut la volonté.».
Marie de l’Incarnation, lettre à son Fils, 29 août-10 septembre 1646,in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971, p.286.
1654 : « Dans le traitté de paix on a proposé aux Hiroquois de nous amener de leurs filles, et le R . Père le Moine à son retour de leur païs nous devoit amener cinq filles des Capitainesses, mais l’occasion ne lui en fut pas favorable. Ces capitainesses sont des femmes de qualité parmi les Sauvages qui ont voix delibérative dans les Conseils, et qui en tirent des conclusions comme les hommes, et même ce furent elles qui déléguèrent les premiers Ambassadeurs pour traiter de la paix ».
Marie de l’Incarnation, lettre à son Fils, 24 septembre 1654,in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971,p.546
1655 :« Pendant le séjour de tous ces Ambassadeurs à Québec, ils nous ont visitées plusieurs fois, comme aussi une Capitainesse avec sa compagnie. Nous les avons régalez deux fois splendidement à leur mode, car c’est ainsi qu’il les faut attirer. Ils ont pris un singulier plaisir à voir et à entendre nos Séminaristes, et entr’autres une petite Huronne de dix à onze ans que nous Francisons. Elle sçait lire, écrire et chanter en trois langues, sçavoir en Latin, en François et en Huron. Après qu’elle eut fait le Catéchisme à ses compagnes en leur présence ; elle fut faire une petite harangue au chef de la troupe, luy témoignant le plaisir qu’elle avoit de la paix, et de ce qu’il emmenoit des Pères, qu’elle le prioit de nous envoier des filles Hiroquoises pour être instruites parmi celles du Séminaire, et qu’elle les tiendroit comme sessceurs. Il agréa sa proposition recevant un petit présent qu’elle luy fit, et admirant l’esprit et l’adresse de cette jeune fille . Elle en fit autant à la Capitainesse qui luy promit sa fille en luy faisant des caresses tout à fait extraordinaires à des Sauvages. »
Marie de l’Incarnation, lettre à son Fils, 12 octobre 1655,in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971, p.565
1655 :« Le Révérend Père Chaumonnot (…) me dit que la Capitainesse que nous avons veue icy luy a donné charge de me mander qu’elle prie Dieu, et même qu’elle y invite les autres (…)Le R. Père Chaumonnot a mandé que la Capitainesse dont j’ay parlé, sçait déjà chanter à la Messe, comme le font nos Chrétiennes Huronnes, et qu’elle est si zélée, qu’elle va convoquer les autres pour venir à la prière. Le R. Père d’Ablon ne faisant que d’arriver de France, et par conséquent ne sçachant pas bien la langue, elle est continuellement auprès de luy afin de la luy enseigner et de luy apprendre des mots. »
Marie de l’Incarnation, lettre à son Fils, 12 octobre 1655,in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971, p.566
1655 :« Nostre Capitainesse m’a prié de vous escrire qu’elle tiendra parole, et qu’elle vous envoyera, non sa fille, qui est trop petite, mais une de ses soeurs, qui est de l’âge de Marie vostre petite Huronne. Cette Capitainesse, ayant laissé à Montréal une sienne parente, lors qu’elle est descendue à Kébec, l’a esté voir aussitost que nous y sommes arrivés, et nous l’a amenée pour la faire prier Dieu, et en ma présence elle l’a instruite sur les mystères que nous luy avons enseignés.»
Joseph-Marie Chaumonot, jésuite, lettre à Marie de l’Incarnation, 4 octobre 1655,in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, 1971, p.993.
1655 :« Une des Maistresses du Séminaire des Ursulines m’escrit merveille de la douceur, de la docilité, de l’esprit des enfans originaires du païs, soit François, soit Sauvages. Elle dit que les Iroquois descendus à Kébec les estans allés visiter en leurs parloirs, ont esté ravis, voyans la gentillesse des petites filles Sauvages élevées à la Françoise ; ils demandoient combien il falloit de temps pour franciser une fille, et luy apprendre ce que de petites Huronnes faisoient paroistre en leur présence. Les femmes Iroquoises à qui les Mères Ursulines firent festin, ne se pouvoient comprendre. La Capitainesse, pour me servir des termes couchés sur mon papier, fut prise par les yeux à la veue d’une jeune Séminariste nommée Marie Arinadsit; elle la voulut voir sans barrière et sans grille entre deux : on la fit sortir hors du Monastère ; elle la prit, l’embrassa, l’appela sa fille, et l’autre sa mère, elle la fit manger avec elle dans un mesme plat. »

Une Ursuline à Paul Le jeune, jésuite, avant le 17 octobre 1655,in Dom Guy-Marie Oury (éd.),Marie de l’Incarnation, Correspondance, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes, p.995 (et dans R.G. Thwaites, The Jesuit Relations and Allied Documents, the Travels and explorations of the Jesuit missionaries in New-France, 1610-1791, LXXIII vol., Burrows Brothers Company, Cleveland, 1896-1901, Relation de 1655, t.41, p.228-230.)
1689 : «On dit bien la Galere capitainesse, mais on n’appelle pas une femme Capitainesse, quoy qu’elle soit femme d’un Capitaine ou qu’elle conduise des Troupes.»
Nicolas de Boisregard, Reflexions sur l’usage présent de la langue française, 1689, p. 228.


  • Caporale

1910 : « à Saint-Éloi, le 14 mai [1871], la femme Rogissard, caporale au bataillon féminin du 12arrondissement, s’écria […]»
Cité par Marc de Villiers,  Histoire des clubs de femmes et des légions d’amazones, 1793-1848-1871. Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1910, p.395.


  • Charpentière

1660 : Archives de l’Hôtel-Dieu de Lyon, F 54, registre d’entrées des malades civils, décembre 1660, entrée de Jacqueme Savilin, 26 ans, servante de charpentière.


  • Charretière

déb. du XIVe : «En ville, les femmes exercent quantité de métiers : un recensement fait au début du XIVe siècle en dénombre 125 ! Broderesses, chasublières, ferronnes, maçonnes, charretières, hongresses, lavandières de tête»
Jean Rabaut, Histoire des féminismes français, Paris, Stock, 1978, p.18.


  • Chasublière (qui confectionne des vêtements liturgiques)

déb. du XIVe : «En ville, les femmes exercent quantité de métiers : un recensement fait au début du XIVe siècle en dénombre 125 ! Broderesses, chasublières, ferronnes, maçonnes, charretières, hongresses, lavandières de tête»
Jean Rabaut, Histoire des féminismes français, Paris, Stock, 1978, p.18.


  • Chercheuse

1741 : Antoine-René de Voyer d’Argenson, marquis de Paulmy (1722-1787), La Chercheuse d’esprit, opéra comique de M. Favart (et du Mis de Paulmy)


  • Chevaleresse, Chevalière
1685 : « Nous trouvons dans les Histoires des Pays-Bas des chevaleresses. Hemericourt au chapitre XX des Nobles du Pays de Liège, parle d’un seigneur de Waroux nommé Breton le vieux qui eût six garçons tous chevaliers et deux filles chevaleresses. Humbert de Lexy second fils de ce seigneur de Waroux eût aussi quatre filles chevaleresses. Il y a des chevalières de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem qui sont religieuses. À Nivelle on fait chevalières les chanoinesses après leur réception et à S. Quirin de News la première fois qu’elles prennent le surplis c’est un gentilhomme qui le nouë en signe de chevalerie.»
Le Père Ménestrier, Les Diverses Espèces de noblesse et les manières d’en dresser les preuves, Paris, R. J. B. de la Caille, 1685, p. 323-324.

1704 : «SALIZ (Saliez), (Madame) née à Alby, étoit aggrégée à l’Académie des Ricovrati de Padoue. En 1704, elle érigea dans sa patrie une Académie des Vertus, sous le titre de Société des Chevaliers et des Chevalieres de bonne foi».
Notice du dictionnaire Riballier – Cosson, 1779 (Voir aussi la notice de Mme Saliez dans le dictionnaire Fortunée Briquet, 1804)
1839 : «[La reine Philippe de Hainaut est accouchée et le roi Édouard III lui envoie ses dames et ses gens d’arme qu’il fait monter dans ses bateaux] puis, ayant fait passer sur une nef particulière, et qui était connue pour sa marche rapide, toutes les comtesses, baronnesses, chevaleresses et bourgeoises de Londres qui allaient rejoindre la reine à Gand, il leur donna une garde de trois cents hommes d’armes et de cinq cents archers.»
Alexandre Dumas, La Comtesse de Salisbury, Paris, éd. Les Belles-Lettres, chapitre XIV, p. 132 .

1850 : « chevalière, femme qui a le rang de chevalier, ou épouse d’un chevalier […] titre qui se donnait souvent aux cadets de bonne maison »
Littré, Dictionnaire,  entrée «officier»

– 1896«C’est en 1887 que Mme Furtado-Heine a été décorée de la Légion d’honneur. À cette date-là, la Légion ne comptait ou n’avait compté que très peu de chevalières en dehors des religieuses. Les plus marquantes avaient été la veuve Brulon, qui, sous un déguisement masculin, avaient été sous-lieutenant d’infanterie et décorée en 1815 ; Augustine Drevon, cantinière à Magenta ; Mlle Dodu (Juliette) ; Mme Jarrethout, Mme Marcel Dieulafoy et Rosa Bonheur. Mlle Rosa Bonheur reste aujourd’hui la seule officière. Une autre légionnaire, Mme Rosalie Cahen, est chevalière pour services rendus comme ambulancière en 1871.
Le Gaulois, samedi 12 décembre 1896 («Les femmes décorées.»)


 

  • Clergesse
vers 1540-1542 : à propos de Méridienne, femme dangereusement savante car «clergesse» et savante «en l’art de necromance».
Pugnition de l’amour contemné (1540); Contes amoureux de Madame Jeanne Flore (vers 1542), éd. Reynolds-Cornell, p.100.

1594 : «Elle n’estoit ny n’avoit desiré d’estre une grande clergesse, non qu’elle n’honorat les sçavantes dames, mais elle disoit que c’estoit savoir tout, que n’ignorer point les moyens de son salut.»
Les filles de Gabrielle de Coignard, dédicace « Aux dames devotieuses », dans Œuvres chrestiennes de feu Gabrielle de Coignard, vefve a feu Monsieur de Mansencal, President en la Cour de Parlement de Tolose. A Tolose, Pierre Jagourt et Bernard Carles.
1619 : «J’ay tousjours bien dit qu’il estoit dangereux d’aymer une femme clergesse, et qui eust esté nourrie parmy ces druides des Carnutes…»
Honoré d’Urfé, Astrée, 3e partie, éd. H. Vaganay, Paris, Slatkine, 1966, t. III, p.260.
1880 : «CLERGESSE: femme lettrée, (ou) religieuse. C’est le féminin de “clerc”.»
Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, F. Viewey, Paris, 1880, p.151.


  • Commissaresse

1777 : [à propos des Proverbes dramatiques de Madame Delaisse, publiés «chez la veuve Duchesne, Libraresse, rue Saint-Jacques, au Temple du Goût; et chez l’Auteur, au Luxembourg»]
«Permettez-moi de vous dire, Madame la Comtesse, que j’aurais voulu que Madame Delaisse eût mis chez l’Autrice, comme j’ai mis Libraresse. Ces qualifications ne sont pas approuvées, il est vrai, par l’Académie Française, mais elles n’en sont pas moins bonnes et significatives; d’ailleurs l’usage les autorise: car nous disons tous les jours à Paris, une Notaresse, une Commissaresse, une Libraresse, etc.»
De Coudray, «Annonces et Extraits des Ouvrages dramatiques, ou relatifs à cet Art», Correspondances dramatiques, Tome I, Lettre XIV (en réalité, Lettre XVI), 1er juin 1777, p.257-258.


  • Conseillère
1640 : «Sont féminins les noms d’office et de condition appartenantes aux femmes: Reyne, Comtesse, Duchesse, Abbesse, Nonne, Conseillère, Barbière»
Antoine Oudin, «Du genre des noms substantifs», Grammaire française rapportée au langage du temps, Paris, 1640, p.64.

  • Consulesse

1845 : «Supposez autour de la table le marquis di Nègro, ce frère hospitalier de tous les talents qui voyagent, et le marquis Damaso Pareto, deux Français déguisés en Génois, un Consul-Général entouré d’une femme belle comme une madone et de deux enfants silencieux, parce que le sommeil les a saisis, l’ambassadeur de France et sa femme, un premier secrétaire d’ambassade qui se croit éteint et malicieux, enfin deux Parisiens qui viennent prendre congé de la consulesse dans un dîner splendide, vous aurez le tableau que présentait la terrasse de la villa vers la mi-mai… »
Guez de Balzac, La Comédie humaine, tome 4, Etudes de moeurs, Scènes de la vie privée, Livre 1, Paris, Furne, p. 351.

2003 : «Sophie Gay [mère de Delphine] n’attendait rien, quoique vaguement contrariée de ne pouvoir faire état d’une particule comme la moindre préfète, mais elle était bien décidée à jouer un rôle de premier plan dans la ville où le spectacle de la société s’était transporté. Elle n’avait pas vu Joséphine [de Beauharnais] depuis la soirée Fonfrède. […] La consulesse avait à faire oublier la Merveilleuse et se devait d’avoir, dans sa position montante, une réputation irréprochable.»
Madeleine Lassère, Delphine de Girardin, Journaliste et femme de lettres au temps du romantisme, Paris, Perrin, 2003, p. 25-26.