Marguerite Buffet

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Marguerite Buffet
Biographie
Date de naissance Après 1600
Date de décès 1680
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)


Notice de Isabelle Ducharme, 2003

Auteure parisienne décédée en 1680, Marguerite Buffet fait aujourd'hui partie des nombreuses femmes dont les oeuvres sont oubliées. Très peu d'informations sont actuellement disponibles à son sujet. Bien que l'avocat au Parlement dont la lettre figure en ouverture de ses Nouvelles observations sur la langue française (1668) souligne la réputation dont jouit Buffet dans la seconde moitié du XVIIe siècle, bien qu'il signale que ce livre contribue "à augmenter la haute estime qu'[il a] tousjours faite de [ses] ouvrages", il reste qu'aucun autre de ces ouvrages n'a été identifié jusqu'à ce jour. Les rares et succinctes notices biographiques existantes la présentent ou bien comme philologue, grammairienne française ou encore comme dame "faisant profession d'enseigner aux Dames l'art de bien parler et de bien écrire sur tous sujets, avec l'orthographe françoise par règles", mention inscrite sur la couverture des Nouvelles observations.

Comme l'indique le titre complet de l'ouvrage de Buffet, son contenu est double. Dans les deux tiers du volume sont exposées un certain nombre de recommandations d'ordre grammatical destinées à un lectorat principalement féminin. Le tiers restant est meublé par un discours apologétique vantant les capacités intellectuelles féminines sur lequel se greffe une liste de figures féminines modèles destinées à illustrer la validité de cette défense du féminin.
Marguerite Buffet introduit ses observations sur la langue au moyen d'une brève réflexion ayant comme sujet "De la nécessité de bien parler sa langue et combien la française est estimée de toutes les Nations." Par la suite, elle divise son propos en quatre parties. D'abord, Buffet veut favoriser l'utilisation adéquate des termes du "bel usage" français en soulignant la nécessité de corriger l'emploi de plusieurs termes barbares et anciens. Cette première section occupe à elle seule la moitié des pages dédiées aux observations sur la langue, confirmant la préoccupation de l'auteure d'une réforme de la langue française. Dans un deuxième temps, Buffet fait état d'un certain nombre de remarques relatives à la superfluité du langage et au recours fréquent à des termes inutiles. À cet effet, Buffet n'hésite pas à se faire la chantre d'une langue juste et claire, purifiée de ses imperfections et de ses redondances. La section suivante donne quant à elle des moyens propres à corriger une mauvaise prononciation de la langue française. Par la même occasion, Buffet signale l'importance d'employer judicieusement son temps en profitant des moments libres pour apprendre et s'instruire. Enfin, la dernière section donne la juste définition de quelques mots trop souvent employés à mauvais escient.

Le Traité sur les Éloges des Illustres Sçavantes Anciennes et Modernes apparaît comme le prolongement de ces remarques sur la langue. Il fournit au lectorat des exemples de femmes cultivées et érudites sachant converser correctement et écrire judicieusement. Aux conseils théoriques grammaticaux répondent ainsi des exemples qui servent de preuves.

L'intérêt de ce Traité sur les Éloges réside en grande partie dans la symbiose qu'il présente des deux traditions textuelles vouées à la défense des femmes depuis le XVe siècle: l'apologie et le discours épidictique. En eux-mêmes, les Éloges se divisent en trois parties de longueur variable. Vient d'abord une apologie des femmes très synthétique exploitant en trente-sept pages le thème de la supériorité féminine où est principalement affirmée la valeur intellectuelle du sexe féminin. L'ouvrage se poursuit par des éloges dédiés à dix-neuf savantes contemporaines. Enfin, les cinquante-deux dernières pages de l'ouvrage accumulent sous forme de liste non moins de quarante et une femmes illustres des siècles antérieurs au XVIIe.

Du XVIIe siècle à aujourd'hui, l'ouvrage de Marguerite Buffet est, semble-t-il, passé relativement inaperçu. Les articles ou textes critiques en faisant état demeurent sommaires: ou bien ils signalent seul le titre au passage ou encore ils évoquent brièvement la nature de l'ouvrage. Par conséquent, un important travail critique et analytique reste toujours à faire concernant cette oeuvre et son auteure.

Oeuvres

- 1668 : Nouvelles observations sur la langue française; où il est traitté des termes anciens et inusitez et du bel usage des mots nouveaux avec les Éloges des Illustres Sçavantes Anciennes et Modernes [1], Paris, Imprimerie Cusson, chez Monsieur Bourdon. [2]

Choix bibliographique

- Chang, Leah, «Les Précautions ridicules: textspin in 17th-Century France», Romances Notes, vol. XXXVIII, 3, printemps 1998, p.333-341.
- Ducharme, Isabelle, «Une formule discursive au féminin: Marguerite Buffet et la Querelle des femmes», Papers on French Seventeenth Century Literature, vol. XXX, 58, 2003, p.131-155.
- Ducharme, Isabelle, «Marguerite Buffet: lectrice de la Querelle des femmes», in Isabelle Brouard-Arends (dir.) Lectrices d'Ancien Régime, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2003, p.311-320.

Jugements

- "Little is known about either Buffet or her work, but she has left a rare and valuable document in this linguistic treatise written specifically for women (Nouvelles observations sur la langue française avec les Éloges des Illustres Sçavantes Anciennes et Modernes), which seems also to refer to an earlier work giving her pupils rules fo spelling French correctly. Buffet was thought to be simply a compiler of the French grammarian Claude de Vaugelas (1595-1650), who showed particular care in collecting decisions regarding "la chasteté du langage" [...] but has recently been revalued. Her aim was to convince women that the study of good speech and writing was a serious subject that should not be left to "les hommes de cabinet" (Claire Buck, Women's Literature, s.l., Bloomsbury Publishing, 1992).
- "Les savoirs -- ou, plus exactement, les savoir-faire -- indispensables à la "vie civile" (ou mondaine), voilà ce que, après Mlle de Scudéry, défend et revendique Mlle Buffet" (Linda Timmermans, L'Accès des femmes à la culture (1598-1715). Un débat d'idées de Saint François de Sales à la Marquise de Lambert, Paris, Honoré Champion, 1993, p.330).

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