Alix Faviot

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Alix Faviot
Conjoint(s) Nicolas de Vis ou De Vintz ou Devin ou Devintz, dit Des Œillets
Dénomination(s) Alix Faviot, Mlle Des Œillets, Mlle Desœillets, La Des Œillets, La Desœillets
Biographie
Date de naissance 1620 ou 1621
Date de décès 22 ou 25 octobre 1670
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Autre(s) dictionnaire(s) en ligne
Dictionnaire CESAR - Calendrier électronique des spectacles sous l'Ancien Régime et sous la Révolution


Notice de Basile Durix et Julie Machecourt-Bourgeois, 2025

On ne sait que peu de choses sur la jeunesse d’Alix Faviot, si ce n’est qu’elle naît vers 1620-1621 et qu’elle rencontre, assez jeune alors, Nicolas de Vintz ou de Vin. De Vintz est comédien sous le pseudonyme de Des Œillets, en province d’abord où il est aperçu en 1633 au Mans, puis à Paris en 1634 dans la troupe du théâtre du Marais qu’il quittera pour retourner en province l’année suivante (1635). On ne sait si Alix Faviot le rencontre à Paris lorsqu’il est au Marais ou plus tard, mais il est avéré qu’ils se marient entre 1636 et 1638, moment où elle prendra le pseudonyme de son mari, sous lequel elle sera connue. De cette union naissent un nombre indéterminé d’enfants (trois ou quatre). Elle a vraisemblablement deux filles, dont Claude de Vin des Œillets, née en 1637, qui deviendra une des maîtresses de Louis XIV, et un ou deux garçons, dont Gaston Jean-Baptiste qui naît à Lyon en 1646, ce qui laisse penser qu’Alix Faviot a séjourné dans la région. Son mari Nicolas de Vin meurt entre 1646 et 1649, à la suite de quoi elle retourne à Paris en tant que comédienne.
Elle a intégré la troupe du Prince d’Orange en 1647, puis elle entre à Paris dans la troupe du Marais en 1649. Pendant environ deux ans, en 1653-1654, elle part en province. À son retour, elle réintègre la troupe du Marais, mais passe en 1662 dans la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, l’une des compagnies de théâtre les plus célèbres du XVIIe siècle, avec laquelle elle signe un contrat en 1663. Elle est l’une des principales actrices de la troupe et en devient une figure importante. Elle y termine sa carrière. Bien que malade, elle viendra ensuite applaudir Mlle de Champmeslé sur scène, qui fera d’elle un éloge des plus brillants : « Il n’y a plus de Des Œillets ».
Mlle Des Œillets est une actrice incontournable du XVIIe siècle en raison de son talent et de son charisme. Elle a réussi à se faire une place importance au sein du milieu théâtral, non pas pour sa beauté, mais pour son jeu. Voici une liste non exhaustive des rôles qu’elle a créés : Lavinie dans Agrippa roi d’Albe de Quinault en 1662, la Reine Viriate dans Sertorius de Corneille en 1662, le rôle-titre dans Sophonisbe de Corneille en 1663, Axiane dans Alexandre le grand de Racine en 1665, Arsinoé dans Antiochus de Corneille en 1666, Hermione dans Andromaque de Racine en 1667, Laodice dans Laodice (reine de Cappadoce) de Corneille en 1668, et Agrippine une nouvelle fois dans Britannicus de Racine en 1669. Certaines sources évoquent une participation à la pièce La Toison d’or de Corneille en 1662, ainsi que dans le ballet royal des Amours déguisées en 1664.
Liée d’amitié avec Corneille, elle devient très appréciée du monde du théâtre, y compris de ses spectateurs. Ainsi, elle hérite le 21 janvier 1670 des biens d’un étranger, Michel de Moronia, par droit d’aubaine et par l’intermédiaire du roi Louis XIV qui, l’appréciant grandement et souhaitant la traiter favorablement, encourage cet héritage. Elle n’en profite pas longtemps car elle meurt la même année d’une maladie, peut-être un abcès au poumon, le 22 ou 25 octobre 1670 selon les sources.
Elle a joué souvent des rôles tragiques de premier plan, des rôles de femmes fortes et déterminées qui vivent des événements difficiles, parfois tragiques. Leur courage et leur dignité doivent dominer sur scène, tout en laissant transparaître les failles émotionnelles comme la tristesse ou la colère. Ces femmes sont en proie à des conflits internes, et elle s’est montrée capable de communiquer leur complexité émotionnelle de manière convaincante.

Principales sources

  • Actes notariés édités dans Alan Howe, Le Théâtre professionnel à Paris, 1600-1649, Paris, Centre historique des Archives nationales, 2000 (p.252-254).
  • Actes notariés édités dans Madeleine Jurgens et Marie-Antoinette Fleury, Documents du minutier central concernant l’histoire littéraire (1650-1700), Paris, PUF, 1960 (p.93).
  • Archives Nationales, Minutier Central, fonds XC, liasse 212.

Choix bibliographique

  • Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, 2e édition, Paris, Plon, 1872 (p.507)
  • Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français (ceux d’hier) : biographie, bibliographie, iconographie, 2 vol., Genève, Bibliothèque de la Revue Universelle Internationale Illustrée, 1911 (t.1, p.530).
  • Pierre-David Lemazurier, Galerie historique des acteurs du Théâtre français, t. 2., Paris, Chaumerot, 1910 (p.60).
  • Wilma Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre du Marais, vol. 2, Paris, Nizet, 1958 (p.43-44, p.58 et p. 252-253).
  • Wilma Deierkauf-Holsboer, Le Théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, vol. 2, Paris, Nizet, 1970 (p.105-108, p.134 et p.140-141).

Choix de lien électronique

  • Naissance de la critique dramatique [1]

Jugements

  • « Ce rôle [celui de Sophonisbe] qui est le plus considérable de la pièce, est joué par Mademoiselle Des Œillets, qui est une des premières actrices du monde, et qui soutient bien la haute réputation qu’elle s’est acquise depuis longtemps. [...] Je me contenterai seulement de dire qu’elle joue divinement ce rôle, et au-delà de tout ce que l’on se peut imaginer, que Monsieur de Corneille lui en doit être obligé, et que quand vous n’iriez voir cette pièce que pour voir jouer cette inimitable comédienne, vous en sortiriez la plus satisfaite du monde » (Jean Donneau de Visé, Nouvelles nouvelles, troisième partie, Paris, G. Quinet, 1663, p. 246-247).
  • « Pour remplir ce rôle [Hermione dans Andromaque de Racine] parfaitement, il faudroit que le Desoeillets jouât les deux premiers Actes, & la Chammélé les deux autres, voulant faire entendre par-là que celle-ci avoit plus de feu pour faire sentir les emportemens dans les derniers Actes de cette pièce, & l’autre [Desoeillets] plus de délicatesse & de finesse. » (phrase que l’on prête à Louis XIV dans Antoine de Leris, Dictionnaire portatif historique et littéraire des théâtres, Paris, Jombert, 1763, p.556-557).
  • « Des Œillets qui ouvre la Scène en qualité de mère de Néron, & qui a coutume de charmer tous ceux devant qui elle paraît, fait mieux qu’elle n’a jamais fait jusqu’à présent » (Edme Boursault, Artémise et Poliante, Paris, R. Guignard, 1670, p.18).
  • « Cette perte est grande : la Des Œillets était une des merveilles du théâtre ; quoiqu’elle ne fût ni belle, ni jeune, elle en était un des principaux ornements » (Raymond Poisson, dans Pierre-David Lemazurier, Galerie historique des acteurs du Théâtre français, t. 2., Paris, Chaumerot, 1910, p.318-319).
  • « C’était une très excellente, et même gracieuse comédienne, quoique laide, point jeune et fort maigre, mais, malgré cela, fort pleine d’agrément. Le tragique était son fort » (Lettres au Mercure, dans Henry Lyonnet, Dictionnaire des comédiens français, voir supra, p.530).
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