Henriette de Monbielle d'Hus

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Henriette de Monbielle d'Hus
Titre(s) marquise de Ferrières
Conjoint(s) Charles-Élie, marquis de Ferrières (1741-1804)
Biographie
Date de naissance 1748
Date de décès 1837
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice

Henriette de Monbielle d’Hus, née au château du Vau(l)tour (Terves, Deux-Sèvres) le 2 juillet 1748 et morte à Poitiers le 14 septembre 1837, a traversé un siècle de révolutions. C’est la riche et unique héritière de nobles poitevins vivant entre leurs terres seigneuriales et la ville de Thouars (nord de l’actuel département des Deux-Sèvres en Poitou). Peu intéressés par la vie de l’esprit, les parents confient l’éducation (ratée, selon l’intéressée) de leur fille à des domestiques, puis à des Ursulines de Thouars en 1751, avant de l’envoyer à l’abbaye de Fontevrault (1758-60 ?) où vit une tante devenue religieuse sans vocation. À la recherche d’un mari titré et pas trop endetté, leur choix se porte finalement sur le marquis Charles-Élie de Ferrières (1741-1804), noble d’épée et grand amateur de littérature et de musique, qu’Henriette épouse à Thouars le 5 janvier 1766. Le jeune couple s’installe dans le superbe château (aujourd’hui disparu) des Ferrières à Marsay, près de Mirebeau à la frontière du Poitou et du Saumurois. Le marquis ne cessera d’y écrire des textes théistes et modérés (dont, en 1787, La femme dans l’ordre social et dans l’ordre de la nature), puis ses propres mémoires des temps révolutionnaires. Entre 1767 et 1771, la marquise donne naissance à quatre filles dont deux survivront : Françoise-Séraphine (13 février 1769, mariée en 1788 à Joseph-Louis Frotier de La Messelière et décédée en 1843) et Charlotte-Léontine (11 juin 1771-17 mars 1800, qui épouse en 1798 Louis-Charles Barret de Rouvray). Elle partage son temps entre Marsay et Poitiers et elle fait quelques voyages à Paris en 1773 et 1784 et pendant les hivers 1789-1790 et 1790-1791, avant d’y trouver refuge en famille en 1792-1793. Malgré la perte de sa beauté (elle contracte la variole en 1773), Henriette conserve l’affection de son mari qui entreprend de la former intellectuellement ainsi que leurs filles. Il lui confie, comme le montre sa correspondance, la direction de leurs domaines quand il siège à l’Assemblée Constituante, et, plus tard, au Conseil général de la Vienne (1801). Contrairement à leurs proches, les Ferrières choisissent de ne pas émigrer et réussissent à ne pas être inquiétés tout en travaillant ensemble au rassemblement et à la copie des lettres à caractère historique du chef de famille (en partie publiées en 1932). C’est probablement en 1809, cinq ans après plusieurs deuils familiaux et la mort de son mari, qu’Henriette, nostalgique d’un temps révolu, entame l’écriture de ses propres mémoires (ceux, purement politiques, du constituant sont parus en l’an VII). Consciente d’être « à la fin de [sa] course », elle arrête volontairement son récit en 1788 avant les débuts de ce qu’elle appelle « cette horrible révolution ». Ce type d’écrits est alors en pleine vogue, mais son mince manuscrit ne fut édité (avec des illustrations et quelques réaménagements) qu’en 1910 par un arrière petit-fils érudit, le vicomte breton Henri Frotier de La Messelière, et pour une diffusion familiale limitée. La renommée de l’ouvrage est pourtant certaine et tient moins à la célébrité d’un mari dont la modération politique fut toujours jugée exemplaire, qu’à la gaieté et à la précision des faits racontés par son épouse : une enfance buissonnière, un mariage arrangé mais réussi, l’aménagement d’un château vidé de ses meubles, les soucis de santé d’un mari hypocondriaque et d’une jeune mère attentive, les commérages et les mondanités de la vie aristocratique en province, l’intensité dans ce milieu d’échanges épistolaires de toutes sortes avec, notamment, une belle-sœur lettrée, Angélique de Médel, et la poétesse Mme de La Ferrandière (mais les réponses de la marquise sont presque toutes inaccessibles), etc… Souvent cités et utilisés par les historiens de la vie sociale et politique poitevine sous l’Ancien Régime, les souvenirs sans prétention stylistique de la marquise intéressent aujourd’hui celles et ceux que passionnent l’écriture mémorielle au féminin et l’expression des sentiments dans un monde privilégié. Ils révèlent aussi une personnalité encore en partie énigmatique.


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