Marie de Clèves (1553-1574)

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Marie de Clèves (1553-1574)
Titre(s) Princesse de Condé
Biographie
Date de naissance 1553
Date de décès 1574
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647)


Notice de Jacqueline Boucher, 2004

Troisième fille de François de Clèves, duc de Nevers, et de Marguerite de Bourbon, Marie de Clèves, née en 1553, est placée après leur décès sous la tutelle du cardinal de Bourbon mais elle est élevée par Jeanne d'Albret dans le calvinisme. Le partage successoral de la maison de Clèves, en 1566, lui donne des seigneuries d'un revenu de 28000 livres, dont le marquisat de L'Isle (Val d'Oise). Elle a vraisemblablement d'autres biens, puisqu'à sa mort son revenu sera de 60000 livres. Jeanne d'Albret marie cette riche héritière d'une grande beauté au second prince de Condé, Henri de Bourbon, qui est pauvre, d'apparence peu agréable, de caractère maussade mais fervent calviniste. Les noces réunissent, le 10-12 août 1572, au château de Blandy en Île-de-France, les huguenots les plus notables, qui se rendent ensuite à Paris, aux noces de leur chef, le roi de Navarre (18 août). À cette occasion, Marie est remarquée du duc d'Anjou, futur Henri III, qui lui fait dès lors une cour assidue. La Saint-Barthélemy (24 août) fait de Condé un prisonnier, poussé à se convertir au catholicisme; dès le 15 septembre, Marie et les jeunes frères du prince abjurent, tandis que lui-même en fait autant le 4 décembre, avant de réépouser Marie selon le rite catholique, sur injonction du Saint-Siège. Bien que Marie de Clèves n'aime pas son mari, elle repousse le duc d'Anjou. Il s'en plaint à la soeur de Marie, Henriette, duchesse de Nevers, évoquant son chagrin et le mépris qu'elle lui porte, tandis que le duc de Nevers encourage sa belle-soeur à résister. Accompagné de celui-ci, Henri part pour le siège de La Rochelle désespéré et jaloux de tous ceux qui approchent la jeune femme, laissant à Paris Marie et Henriette. Revenu de La Rochelle en juillet 1573, le duc d'Anjou quitte à nouveau la capitale en novembre, cette fois pour la Pologne, où il vient d'être élu roi. Le poète Desportes chante alors en vers le chagrin de son maître, obligé de s'éloigner de l'objet de sa flamme et incapable de l'oublier («Complainte pour Mr le duc d'Anjou élu roi de Pologne...»).

Pendant son bref séjour à Cracovie, le roi de Pologne écrit à Marie de Clèves des lettres passionnées et il évoque son amour dans des lettres à certains de ses proches. Devenu roi de France en avril 1574 suite à la mort de Charles IX, il montre pendant le voyage de retour son désir de l'épouser. Ce projet, qui implique de faire annuler le mariage avec Condé, inquiète profondément sa mère. Il n'aura toutefois pas de suite. La princesse de Condé achève en effet tragiquement sa brève existence. Son mari l'a entraînée en Picardie, dont il est gouverneur, avant de s'enfuir en Allemagne où il est revenu au calvinisme et où il cherche à la faire venir, alors qu'elle est enceinte et malade. Dénonçant les projets de son époux qui tentait de rallumer la guerre civile, elle cherche protection auprès de la reine mère. Mi-octobre, elle accouche d'une fille. Quinze jours plus tard, elle s'éteint. Le duc de Nevers, témoin de ses derniers instants, écrit à sa femme qu'elle est morte dans des sentiments de grande piété. La cour, alors à Lyon, ne prend pas le deuil de la veuve d'un prince rebelle, même si le chagrin du roi est profond, comme en témoigne le nonce du pape. Après avoir arboré quelques jours des insignes funèbres, Henri III paraît se résigner puisqu'il épouse trois mois plus tard Louise de Lorraine, qu'il a lui-même choisie. Il se fait toutefois donner le livre d'Heures de Marie, manuscrit du début du XVIe siècle (actuellement au musée de Cluny). Il refuse aussi, une fois revenu à Paris, de se rendre à un festin à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où le cardinal de Bourbon a fait inhumer sa nièce. Finalement, le corps de Marie est transporté à l'église des cordeliers de Nevers.

Le chroniqueur parisien Pierre de L'Estoile a noté la mort de la princesse en faisant l'éloge de sa bonté et de sa beauté. Les poètes royaux (Passerat, Jamyn, Ronsard, Desportes) ont écrit sur cette mort et le chagrin du roi, mais en respectant une certaine discrétion: Desportes compose des Regrets sur la mort de Diane, Ronsard insère ses vers dans une nouvelle édition du recueil des Amours de Marie l'Angevine.

Choix bibliographique

- Champion, Pierre. La Jeunesse d'Henri III. 2 vol. Paris, Grasset, 1941-42.

- Champion, Pierre. Henri III, roi de Pologne. 2 vol. Paris, Grasset, 1943-51.

- Desonay, Fernand. Ronsard, poète de l'amour. 3 vol. Bruxelles, 1952-59.

- Lavaud, Jacques. Un Poète de cour au temps des derniers Valois, Philippe Desportes, 1546-1606. Thèse de lettres, Paris, Droz, 1936.

Choix iconographique

- Portrait de Marie, école Clouet, vers 1572-74 (crayon) -- P. Champion, Henri III... (voir supra), vol. 2.

Jugements

- «Le samedi 30 du dit mois d'octobre, Dame Marie de Clèves, marquise d'Isle, femme de messire Henri de Bourbon, prince de Condé, douée d'une singulière bonté et beauté, à raison de laquelle le Roy l'aimoit esperdumment [...], mourust à Paris en sa première couche et en la fleur de son aage, et laissa une fille son heritiere.» (Pierre de l'Estoile, Registre-Journal du regne de Henri III, oct. 74, éd. M. Lazard et G. Schrenck, Genève, Droz, 1992, vol.1, p.86).[[en:Marie de Clèves (1553-1574)

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