Claude-Catherine de Clermont

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Claude-Catherine de Clermont
Titre(s) Dame de Vivonne et de Dampierre
Duchesse de Retz
Conjoint(s) Jean d'Annebault, baron de Retz
Albert de Gondi, Marquis de Belle-Île, maréchal de France
Dénomination(s) La maréchale de Retz
« Pasithée »
Biographie
Date de naissance 1545
Date de décès 1603
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779)
Dictionnaire Marguerite Buffet (1668)
Dictionnaire Fortunée Briquet (1804)
Dictionnaire Hilarion de Coste (1647)
Dictionnaire Henri Lyonnet (1930)
Dictionnaire Philibert Riballier et Catherine Cosson (1779)


Notice de François Rouget, 2004.

Catherine ou Claude-Catherine de Clermont est née en 1545, l'année où meurt son père, Claude de Clermont, baron de Dampierre et époux de Jeanne de Vivonne (1511?-1583). En 1558, Catherine épouse Jean d'Annebaut, baron de Retz, dont elle reçoit la baronnie en douaire à sa mort, en 1562. Ainsi délivrée d'un «fâcheux», écrira Marguerite de Valois (voir Jugements), elle épouse en 1565 Albert de Gondi, comte puis maréchal (1573), et enfin duc de Retz (1581), dont elle aura dix enfants. Femme d'une grande beauté, riche d'une grande fortune personnelle et proche de la reine mère, elle exerce un rôle influent à la Cour. Ses liaisons (avec Jacques de La Fin, avec Charles de Balzac d'Entragues) lui valent d'être plusieurs fois la cible de pamphlets, d'autant qu'elle est étroitement impliquée dans la vie politique des trente dernières années du XVIe siècle. Au printemps de 1574, notamment, elle participe avec ses amies Marguerite de Valois et d'Henriette de Nevers, aux complots des Malcontents contre l'autorité royale.
De culture classique, maîtrisant couramment le grec, le latin et l'italien, Catherine de Clermont s'intéresse aussi bien à la philosophie morale et à poésie qu'au chant et à la musique. Elle est également une grande collectionneuse (livres, tableaux), comme le montrera l'inventaire dressé par ses soins après la mort de son époux (voir G. Wildenstein, «Pasithée maréchale de Retz et ses collections», Gazette des Beaux-Arts, 1958, p.209 sq.). Vers 1567, elle réunit les plus beaux esprits du temps dans son «salon vert», appelé encore le «salon de Dictynne», dans son hôtel de Dampierre, situé au Faubourd Saint-Honoré. Elle y accueille les poètes Philippe Desportes, Pierre de Ronsard, Amadis Jamyn, Brantôme, mais aussi d'autres «femmes savantes» de la Cour, comme Henriette de Nevers et Marguerite de Valois, et encore des hommes politiques et des philosophes. Parfois, les séances des habitués du cercle de Catherine et de son mari se tiennent dans leur demeure de Noisy-le-Roi, près de Marly. En 1573, lorsque les princes de la diète polonaise viennent à Paris offrir à Henri d'Anjou le trône de Pologne, c'est elle qui leur sert d'interprète, conversant en grec et en latin. Avec son mari, elle fait oeuvre de mécène et soutient la fondation de l'Académie de Poésie et de Musique (1570) de Jean-Antoine de Baïf. Enfin, elle participe régulièrement aux séances de l'Académie du Palais, instituée par Henri III, après 1573, où l'on débat de questions philosophiques et morales. Si de nombreux écrivains, parmi lesquels Marie de Romieu, Jean-Antoine de Baïf, Agrippa d'Aubigné, Pontus de Tyard, Amadis Jamyn, Étienne du Tronchet, Flaminio de Birague et Etienne Pasquier, lui rendent un vibrant hommage, c'est que Catherine ne soutient pas seulement les belles-lettres mais y contribue activement en composant des discours en prose et des poèmes, demeurés inédits et qui restent peut-être à redécouvrir dans certaines archives. Veuve en 1602, Catherine de Clermont meurt d'une pleurésie l'année suivante.
L'apport de Catherine de Clermont à l'histoire culturelle apparaît fort grand, dépassant le rôle de mécène et de personne influente que jouaient bien des grandes dames. Si elle n'a rien publié, elle a suscité autour de son nom et de sa personne toute une littérature galante imprégnée du pétrarquisme néo-platonicien en vogue vers 1570. Les pièces poétiques qu'elle fit copier dans son «album», à présent conservé au Département des Manuscrits de la BnF (Fonds français 25455), louent une femme divinisée sous les traits de Dictyne ou sous le nom de Pasithée, pour laquelle de nombreux admirateurs brûlent de feux ardents. Identifiés ou anonymes, ces poèmes sont peut-être, pour certains d'entre eux, des créations personnelles de Catherine. C'est depuis les années 1930 seulement, et surtout depuis l'étude du Manuscrit 25455 par Enea Balmas, récemment édité (2004), que Catherine de Clermont a trouvé une place dans la critique universitaire.

Oeuvres

- Discours : aucun ne semble avoir été recueilli.
- Lettres : aucune n'a été publiée; on en trouve dans divers manuscrits de la BNF (à Henriette de Nevers et à son mari Louis de Gonzague, à Anne d'Este, au roi...); deux lettres adressées à elle ont été reproduites dans la Correspondance de Marguerite de Valois (H. Champion, 1998).
- Poésies : sans doute certains poèmes de son «Album» (voir infra) sont-ils de sa plume.

Choix bibliographique

- Balmas, Enea. «Poesie inedite di Etienne Jodelle. A proposito del ms. F. 25455». Rivista di letterature moderne e comparate, XIV, 1961, p.45-104.
- Clark Keating, L. Studies on the Literary Salon in France (1550-1615). Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1941.
- Jullien de Pommerol, Mme Michel. Albert de Gondi, Maréchal de Retz. Genève, Droz, 1953.
- Lavaud, Jacques. «Le salon de la maréchale de Retz», Un poète de cour au temps des derniers Valois. Philippe Desportes (1546-1606). Paris, Droz, 1936, p.72-107.

  • Winn, Colette H. et François Rouget (éds). Album de poésies (Manuscrit français 25455 de la BnF). Paris, H. Champion, 2004.

Choix iconographique

- Anonyme. Madame de Retz (dessin). Bibliothèque nationale de France, Cabinet des Estampes (Inv. 70 C 42972) -- Winn, Colette H. et François Rouget (éds). Album de poésies... (voir supra, choix bibliog.), p.9.
- Anonyme. Madame de Retz (dessin), 1577. Bibliothèque nationale de France, Cabinet des Estampes (Inv. 72 C 56009) -- Winn, Colette H. et François Rouget (éds). Album de poésies... (voir supra, choix bibliog.), p.13.
- Anonyme. Projet de monument funéraire pour le maréchal et la maréchale de Retz (dessin), début XVIIe siècle. Musée du Louvre, Cabinet des Dessins (RF 29438, r.) -- Winn, Colette H. et François Rouget (éds). Album de poésies... (voir supra, choix bibliog.), p.15.

Jugements

- «Il Serenissimo Re da alcuni giorni in qua incominciato subito doppo il desinare a pigliarsi tratenimento di retarsi in uno suo gabinetto, che non ha alcuna finestra, che li dii lume, dove per vedersi bisogna usar quello delle candelle per tutto il giorno. Quivi fa entrare sua Maestà quattro o cinque gioveni di questa città, che fanno professione di poeti, e di humanisti, e con questi Mons. il duca di Nevers,il Gran Prior suo fratello, Mons. Pibrach, Mons. di Suave, di donne poi la Regina di Navarra, sua sorella, Madamma di Nevers, e la Maresciala di Rez, che tutti fanno professione dilettarsi di poesia.» (Juanfranco Morosini, BnF, Ms. italien 1729, f° 469-470, cité par Jullien de Pommerol, voir supra, choix bibliog., p.207).
- «incontinent après le colloque de Poissy, que les guerres commencèrent, nous fûmes, mon petit frère d'Alençon et moi, à cause de notre petitesse, envoyés à Amboise, où toutes les dames de ce pays-là se retirèrent avec nous, même votre tante Madame de Dampierre, qui me prit lors en amitié (qu'elle m'a continuée jusques à sa mort), et votre cousine Madame la duchesse de Retz, qui sut en ce lieu la grâce que la Fortune lui avait faite de la délivrer à la bataille de Dreux d'un fâcheux, son premier mari, Monsieur d'Annebaut, qui était indigne de posséder un sujet si divin et parfait.» (Marguerite de Valois, Mémoires et autres écrits [fin XVIe siècle], éd. É. Viennot, Paris, H. Champion, 1999, p.75-76).
- «Je choisis aussy dans la Cour pour mettre en ce rang la Mareschale de Rez et Mme de Lignerolles [...]. Ces deux ont fait preuve de ce qu'elles savoyent plus aux choses qu'aux paroles, dans l'Academie qu'avoit dressee le Roy Henry troisiesme, et me souvient qu'un jour entre autres, le probleme estoit sur l'excellence des vertus morales et intellectuelles; elles furent antagonistes et se firent admirer.» (Agrippa d'Aubigné, Lettres sur diverses sciences, VIII [vers 1603], in H. Weber, J. Bailbé et M. Soulié (éds.), OEuvres, Paris, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1969, p.852-853).

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