Marie Louise Élisabeth Félicité Pourrat de la Madelaine

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Marie Louise Élisabeth Félicité Pourrat de la Madelaine
Conjoint(s) Alexandre Colin Dupiéry
Dénomination(s) Mme Dupiéry; Mme Dupierry; Mme du Piery; Mme Du Pierry
Biographie
Date de naissance 30 juillet 1746
Date de décès 27 février 1830
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)



Notice de Isabelle Lémonon-Waxin, 2015

Fille de Pierre André Pourrat de la Madelaine et de Marie Angélique Félicité d’Hostel du Perron, la future Mme Dupiéry naît en 1746 à la Ferté Bernard (Sarthe) où son père occupe la fonction de directeur des aides. On ne sait rien de son enfance, ni de son éducation. Elle épouse en 1770 Alexandre Colin Dupiéry, employé des aides à Paris. En avril 1779, elle rencontre, l’astronome Jérôme Lalande qui remarque rapidement ses talents intellectuels et la courtise. Devenue veuve en 1780, elle apprend l’astronomie auprès du célèbre astronome et publie en 1782 une Explication des tables de la durée du jour et de la nuit, qui est reprise dans les Ephémérides des mouvemens célestes (t. 8), sous la direction de Lalande. Mme Dupiéry devient l’assistante scientifique de l’astronome, tout comme Mme Lepaute avant elle, et Mme Lalande par la suite. Elle participe aux nombreux calculs nécessaires aux Ephémérides, comme les autres calculateurs masculins que Jérôme Lalande emploie chez lui. Elle surveille ces derniers quand l’astronome est en voyage, et transmet ses messages à ses collègues astronomes (comme son neveu Lefrançois, ou Delambre). Elle relit certains manuscrits de Lalande avant leur publication. Celui-ci lui dédie son Astronomie des Dames en 1786. À ses qualités mathématiques, s’ajoutent des qualités artistiques : elle réalise les portraits des savants Euler, Herschel et Pingré d’après des médaillons offerts à l’Académie des sciences de Paris. Son intérêt ne porte pas seulement sur l’astronomie, en 1786, elle rédige pour Antoine François Fourcroy, académicien chimiste, la table des matières des Éléments d’histoire naturelle et de chimie (2nde édition). Elle partage son temps entre calculs astronomiques, études des insectes et des plantes, rédaction de tables en chimie, dessins de plantes et d’insectes. En 1789 et 1790, elle donne chez elle un cours d’astronomie public « principalement destiné aux dames » qui propose à la fois une approche théorique et observationnelle de l’astronomie. En 1791, Mme Dupiéry devient membre correspondant de l’académie de Béziers (d’après Jérôme Lalande), qui en fait déjà partie. La même année, paraît la quatrième édition des Éléments d’histoire naturelle et de chimie de Fourcroy, pour laquelle elle réalise une table des matières de près de 100 pages. Elle calcule également une table de réfraction, publiée dans la Connaissance des Tems de 1791, et étudie les Annales astronomiques de Pingré. Elle s’installe en 1793 à Luzarches, puis à Mareil et y étudie les insectes. Toujours d’après Lalande, elle devient membre correspondant de l’académie de Richmond (Virginie). En 1799, elle est proposée comme associée correspondant à l’académie de Montauban par Duc la Chapelle, ancien élève astronome de Lalande. Entre 1800 et 1801, elle rédige avec et pour Fourcroy La table alphabétique et analytique du système des connaissances chimiques, publiée en 1801. Cette table de 170 pages extrêmement détaillée et précise des corps chimiques cités dans l’ouvrage, indique les correspondances entre ancienne et nouvelle nomenclature chimique. Fourcroy lui confie la tâche d’en gérer la publication auprès de Baudouin, imprimeur de l’Institut de France. Elle s’en acquitte pour un « salaire » de 1200 francs. En 1803, elle est de retour à Mareil. Après cette date, peu de traces de son activité savante subsiste, si ce n’est dans l’herbier de Lamarck (deux spécimens récoltés à son nom), et dans l’Encyclopédie méthodique (Histoire naturelle, t. 9) de Latreille (dessin de papillon cité). Elle meurt à Luzarches en 1830. Mme Dupiéry est restée dans l’historiographie la première femme à avoir ouvert un cours public d’astronomie à Paris (Journal des sçavans, août 1789, p. 560). Celle que Fourcroy appelait sa « consoeur en chimie » et sa « collaboratrice » a laissé peu d’ouvrages publiés en son nom hormis la table alphabétique en chimie dans l’ouvrage de Fourcroy et son Explication des tables de la durée du jour et de la nuit, reprise par Lalande. Le Journal des sçavans (décembre 1784, p. 813) la classe parmi les « Calculateurs exercés et déjà connus avantageusement des astronomes ». Sa participation à la production des savoirs s’est majoritairement faite sous le nom d’un homme pour qui elle travaillait. Même si le monde savant du XVIIIe siècle la connaissait, son sexe et son niveau social ne lui ont pas permis d’intégrer une institution du savoir à Paris, ni de publier un ouvrage complet.



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