Diane de Poitiers
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Diane de Poitiers | ||
Titre(s) | Duchesse de Valentinois et de Diois | |
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Conjoint(s) | Louis de Brézé, comte de Maulevrier, grand sénéchal de Normandie | |
Dénomination(s) | Madame la Grande Sénéchale | |
Biographie | ||
Date de naissance | 9 janvier 1500 | |
Date de décès | 25 avril 1566 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) | ||
Dictionnaire Pierre-Joseph Boudier de Villemert (1779) |
Sommaire
Notice de Sigrid Ruby, 2004
Diane de Poitiers (Saint-Vallier, 9 janvier 1500?-Anet, 25 avril 1566), la plus puissante des dames de la cour de France à la Renaissance, mais peut-être aussi celle qui souffre de la réputation la plus problématique, appartient à une famille dauphinoise noble qui remonte au XIIe siècle et dont plusieurs ancêtres étaient liés à la famille royale. En 1515, elle épouse un homme de rang égal, Louis de Brézé, comte de Maulevrier, grand sénéchal de Normandie et, en tant que tel, allié important et loyal de François Ier, qui le nomme gouverneur en 1525. Elle a de lui deux filles, Françoise et Louise. À la mort de son époux en 1531, Diane continue de servir à la Cour comme dame d'honneur, tout en supervisant l'administration de ses nombreux biens. Riche veuve bénéficiant de liens familiaux puissants et d'un cercle grandissant d'alliés et de clients, elle exerce dès les années 1530 une influence socio-politique considérable. Diane fait partie de la «petite bande», les compagnons de divertissement préférés du roi. Manifestement proche du jeune prince Henri, elle serait sa maîtresse dès 1536 environ, année où il devient dauphin. À la mort de François Ier, en avril 1547, avec Anne de Montmorency et les Guise elle devient une des figures centrales du nouveau règne. Favorite d'Henri II, elle reçoit des dons royaux de toutes sortes: domaines, châteaux, bijoux, oeuvres d'art, argent... En 1548, le roi lui accorde le titre de duchesse de Valentinois et de Diois, l'élevant au plus haut rang de la noblesse. Il adopte pour ses propres habits de cérémonie les couleurs de son veuvage, le blanc et le noir, symbole de la relation qui les unit. Pour contrebalancer les pouvoirs à la Cour, Diane alterne les alliances avec les Montmorency et les Guise. Elle arrange des mariages insignes pour ses deux filles, promues duchesses. Lors des guerres de religion, elle se range immanquablement du côté des catholiques. Favorite du roi, Diane est à la fois source d'inspiration et mécène de la poésie de cour et des beaux-arts. Le splendide château Renaissance d'Anet, construit par l'architecte du roi, Philibert Delorme, est décoré à la gloire de sa propriétaire dans le style le plus moderne. Dans les poèmes qu'ils lui consacrent, Olivier de Magny et Joachim du Bellay font l'éloge de sa vertu et de sa beauté. Lorsque, en 1559, Henri II meurt dans un tournoi, son épouse, Catherine de Médicis, passe au premier plan et Diane perd sa position privilégiée à la Cour. Toutefois, son rang dans la grande noblesse lui permet jusqu'à sa mort en 1566 de conserver sa puissance et son influence, notamment en Normandie. Elle est enterrée, selon sa volonté, dans une chapelle spécialement construite près de son château d'Anet. S'y trouve encore l'imposant tombeau surmonté d'une statue de Diane, chastement vêtue et priant à genoux. L'iconographie personnelle de Diane tend à avancer deux idées: elle est simultanément la veuve fidèle du noble guerrier Louis de Brézé, dont elle entretient le souvenir pour l'éternité, et la maîtresse chaste et aimante du roi Henri II. Désireuse d'être identifiée à l'autre Diane, déesse romaine de la chasse, la maîtresse royale fait appel au portrait allégorique, très en vogue à son époque, pour mettre en valeur sa place exceptionnelle dans «l'Olympe nouveau» du roi. L'exemple le plus éloquent reste la sculpture de marbre provenant d'une fontaine d'Anet (la Diane d'Anet du Louvre). La chasteté, condition sine qua non de la respectabilité féminine, caractérise les deux facettes de Diane, veuve fidèle et maîtresse divine, et leur donne de la force.
Comme les favorites en règle générale, Diane a été méprisée et tournée en dérision par les commentateurs, contemporains ou postérieurs, qui ont minimisé son rôle politique. Historiens et historiens de l'art n'ont guère pris la peine de distinguer la réalité de la fiction, les sources fiables des anecdotes fantaisistes. Ainsi l'idylle supposée avec François Ier, qu'elle aurait acceptée pour sauver son père, menacé d'être exécuté pour trahison, et qui constitue une scène clé dans le film hollywoodien pompeux de David Miller (Diane de Poitiers, 1955, avec Lana Turner et Roger Moore), figure-t-elle encore dans la plupart des biographies les plus récentes. De même, sans la moindre preuve, les représentations de dames nues ou de la déesse Diane datant de la Renaissance sont présentées comme d'authentiques portraits de la favorite du roi.
Aujourd'hui encore, la popularité dont jouit Diane de Poitiers masque le vide qui l'entoure dans l'historiographie sérieuse.
(traduction de Sylvie Déléris)
Oeuvres
- Dianne de Poytiers, Lettres inédites publiées d'après les manuscrits de la Bibliothèque Imperiale... Georges Guiffrey (éd.), Paris, 1866 -- Slatkine Reprints, Genève, 1970.
Choix bibliographique
- Bardon, Françoise, Diane de Poitiers et le mythe de Diane, Paris, Presses universitaires de France, 1963.
- Cloulas, Ivan, Diane de Poitiers, Paris, Fayard, 1997.
- Leloup, Daniel, Le château d'Anet. L'amour de Diane de Poitiers et d'Henri II, Paris, Belin-Herscher, 2001.
- Melchior-Bonnet, Sabine. L'Art de vivre au temps de Diane de Poitiers, Paris, NiL éditions, 1998.
- Ruby, Sigrid. «Diane de Poitiers», in Margarete Zimmermann et Roswitha Böhm (éds), Französische Frauen der Frühen Neuzeit. Dichterinnen. Malerinnen, Mäzeninnen, Darmstadt, Primus Verlag, 1999, p.45-54 et 255-258.
Choix iconographique
- 1552-1553: Anonyme, Diane d'Anet (marbre), Musée du Louvre, Paris (Inv. MR 1581 et MR sup 123) -- Zerner, Henri, L'art de la Renaissance en France. L'invention du classicisme, Paris, Flammarion, 2002, p.392-94, fig.426).
- Anonyme, Diana Dux Valentinorum Clarissima/ Omnium Victorem Vici (médaille, argent, 5,2 cm). Bibliothèque nationale de France, Cabinet des Médailles, Paris (Inv. 2037) -- Mazerolle, Fernand, Les médailleurs français du XVe siècle au milieu du XVIIe, Paris: Imprimerie nationale, 1902, II, pl.xxi.
- 1535-c.1545: Jean Goujon? Tombeau de Louis de Brézé avec Diane priant sur le gisant de son mari (marbre et albâtre), Rouen, cathédrale Notre-Dame -- Lescroart, Yves. Rouen. La cathédrale Notre-Dame, Paris, Éditions du patrimoine, 2001, p.65.
- vers 1555: François Clouet (atelier de), Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois (crayon), Musée Condé, Chantilly (Inv. MN 203) -- Zvereva, Alexandra, Les Clouet de Catherine de Médicis. Chefs-d'oeuvres graphiques du Musée Condé, Paris, Somogy, 2002, n.35, p.87-90.
- 1566-c.1577: Pierre Bontemps? Tombeau de Diane de Poitiers (marbre), Anet, chapelle funéraire du château. -- Cloulas, Ivan, Diane de Poitiers, Paris, Fayard, 1997.
Jugements
- «A Madame la grand'Seneschale. Que voulez, Diane bonne/ Que vous donne?/ Vous n'eustes, comme j'entens,/ Jamais tant d'heur au printemps/ Qu'en Automne» (Les estreines de Clement Marot [1541], in C.A. Mayer (éd.), Clément Marot: Oeuvres Diverses, Rondeaux, Ballades, Chants-Royaux, Épitaphes, Étrennes, Sonnets, Londres, Athlone Press, 1966, p.246).
- «Ce qui est encore bien digne de remarque est à main gauche une longue galerie toute remplie de plusieurs excellents tableaux de paysages et autres représentations: de pourtraits de la susdite Diane de Poitiers, tantôt peinte en chasseresse en la forme et nue comme la Diane des Anciens, tantôt richement vêtue et en grande pompe à la mode du temps, tantôt comme elle était en ses plus jeunes ans et tantôt plus âgée, bref en plusieurs diverses postures et équipages» (Description de la Belle maison d'Anet vue le mardi seconde feste de la Pentecôte [1640], cité par Fr. Bardon, voir supra, 1963, p.96).
- «La magnificence et la galanterie n'ont jamais paru en France avec tant d'éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux; quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n'en était pas moins violente, et il n"en donnait pas des témoignages moins éclatants» (Madame de LaFayette, La Princesse de Clèves [1678] / Peter H. Nurse (dir.), Madame de LaFayette, La Princesse de Clèves, Londres, George G. Harrap & Co. Ltd., 1970, p.1).
- «Diane war klüger als jene anderen, die den Glanz suchten und nach Ehren gierten. Sie suchte und fand die Macht, die hinter allen Mächten steht -den Reichtum- und beherrschte dadurch Ratgeber und Parteien» (Hermann Schreiber, Mätressen der Weltgeschichte [1967], Augsburg, Weltbild, 2003, p.48).
- «Une femme de chair et de sang, dont l'évidente sensualité était domptée par une volonté puissante, qu'on pouvait lire dans les traits fermes du visage, dans la bouche aux lèvres minces, dans le regard aigu, intelligent et froid» (Simone Bertière, Les Reines de France au temps de Valois: Le beau XVIe siècle, Paris, Le Livre de Poche, 1994, p.284).
- «Les mythes qui entourent la vie de Diane de Poitiers se sont perpétués pendant plus de quatre cent ans, et elle reste une des femmes les plus controversées et les moins comprises de son temps» (Patricia Z. Thompson, «De nouveaux aperçus sur la vie de Diane de Poitiers», in Fanlo et Legrand (dir.), voir supra, 2002, p.345).