Marie-Prudence Plisson/Aloïs Delacoux
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[139] PLISSON (MARIE-PRUDENCE), sage-femme à Paris, née à Chartres en 1727, de Thomas Plisson, procureur au bailliage de cette ville, et de Prudence d’Auvergne. Mademoiselle Plisson se rendit moins célèbre dans la pratique de l’art des accouchemens que dans la culture des lettres et des sciences naturelles; il semblerait que le champ de sa profession n’était pas assez vaste pour l’étendue de son esprit, ni suffisant à son activité. Mademoiselle Plisson débuta dans les lettres en 1753 en composant une ode sur la naissance du duc de Bourgogne et des stances sur la naissance du duc d’Aquitaine. Quelques autres productions sans importance qui annoncent plus d’imagination que de savoir sortirent encore de la plume de cette femme avant qu’elle publiât ses Réflexions criti-[140]ques sur les écrits qu’a produits la question sur la légitimité des naissances tardives, en 1765. Paris, in-8°. Cet ouvrage n’est point, comme l’a dit Sue, dans ses Essais historiques sur les accouchemens, un résumé de tous les écrits qui traitent des naissances tardives, mais un examen approfondi de la question, l’oeuvre d’un esprit supérieur et logique.
Vainement nous avons cherché dans les écrits périodiques du temps l’expression de l’opinion publiqne [sic] sur l’ouvrage de mademoiselle Plisson. Cependant cet ouvrage est bien supérieur à ce qui a été écrit sur le même sujet et se distingue éminemment de ceux-ci par les raisonnemens approfondis et les réflexions les plus judicieuses. L’oubli dédaigneux dans lequel fut laissé un ouvrage remarquable à beaucoup d’égards, n’est que la fâcheuse conséquence du despotisme scientifique et littéraire que les académies et les corps savans exercèrent de tout temps à l’égard des femmes. Si au XVIIIe siècle les critiques et les juges nés du mérite eussent été sans partialité, le livre de mademoiselle Plisson eût provoqué leur examen et leur jugement. On s’occupa peu du livre d’une femme qui avait écrit au profit de la science et dans l’intérêt du droit civil, et l’on s’entretint longuement de ceux de Lebas, Louis et Petit, et de tant d’autres qui ne sont que des critiques, des diatribes, quand ils ne sont point des libelles ou des écrits injurieux. Mademoiselle Plisson mourut à Paris en 1803. Peu de femmes de sa profession vécurent entourées de plus d’estime.