Marie-Josèphe de Saxe/Philibert Riballier et Catherine Cosson
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[370] MARIE-JOSEPHE DE SAXE, Dauphine de France, fut, tant qu’elle vécut, un modele accompli de toutes les vertus réunies. «Sage dans le Conseil, a dit de cette Princesse un illustre Orateur, active dans les affaires, douée de cette chaleur et de cette patience que donnent le desir d’être utile et l’oubli de soi-même, elle joignoit à ces avantages cette discrétion sage et éclairée qui fait préparer et consommer les succès». Dès ses premieres années, pleine de goût pour les arts utiles et agréables, elle avoit acquis l’intelligence de plusieurs langues, et devenue mere d’une famille nombreuse, elle sut faire les plus brillans emplois de ces heureux talens. Incessamment occupée de l’éducation de ses enfans, conjointement avec leur auguste pere; pour pouvoir les suivre dans tous leurs progrès, elle ne craignit point de s’instruire dans plusieurs sciences trop ordinairement ignorées de son sexe. Assidue à tous leurs exercices, elle leur donnoit elle-même l’exemple du travail, et recueillant chaque jour le fruit de ses soins, sa tendresse en devenoit plus active. Tout sembloit, à cette délicieuse époque, fixer le bonheur de sa vie; mais une lente et funeste maladie lui ayant enlevé l’illustre époux qu’elle aimoit autant qu’elle en étoit aimée, son ame ne put résister à ce terrible coup. Toute entiere à sa juste douleur, ensevelie dans la solitude la plus lugubre, elle passa quinze mois entiers dans des gémissemens continuels, et l’excès de [371] ses tristes regrets la rejoignit dans la nuit du tombeau au digne objet de sa vive passion, le 13 Mars 1767, n’étant encore âgée que de trente-cinq ans quatre mois et neuf jours.