Marguerite de Bourgogne (1393-1442)
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Marguerite de Bourgogne (1393-1442) | ||
Titre(s) | Dauphine de France Duchesse de Guyenne Comtesse de Richemont | |
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Conjoint(s) | Louis de France, dauphin de France, duc de Guyenne | |
Biographie | ||
Date de naissance | 1393 | |
Date de décès | 1442 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Sommaire
Notice de Anne-Cécile Gilbert, 2006.
Fille aînée de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière, Marguerite de Bourgogne naît durant l’été 1393 à Dijon. Dès 1395, son grand-père paternel, le duc de Bourgogne Philippe le Hardi, la promet en mariage au jeune dauphin Charles de France, fils aîné du roi Charles VI. Trop jeune encore pour quitter sa famille et vivre à la cour de France, ce n’est qu’en juillet 1400 qu’elle est amenée à Paris pour être présentée à la reine Isabeau de Bavière, en vue de la célébration du mariage. L’affaire n’aboutit pas, suite à la mort prématurée du dauphin en 1401. Néanmoins, Philippe le Hardi n’abandonne pas ses projets de resserrer les liens de sa Maison avec la famille royale, puisqu’il négocie le mariage de Marguerite avec le nouveau dauphin, Louis de France, duc de Guyenne. L’union est célébrée à Paris le 30 août 1404. Dès ce moment, Marguerite vit à la cour de France, aux côtés d’Isabeau de Bavière, désormais chargée de son éducation et de la gestion de son quotidien. L’existence de la dauphine n’échappe pas aux troubles qui bouleversent le royaume de France, alors que la folie du roi, déclarée depuis plus de dix ans, l’écarte de plus en plus de ses responsabilités: dans la lutte qui oppose Armagnacs et Bourguignons, Marguerite et son époux, appelés un jour à régner, sont des enjeux pour les deux partis, qui essaient d’avoir en bonne garde le jeune couple. En août 1405, l’enlèvement du dauphin, de la dauphine et des autres enfants royaux, organisé par leur mère, Isabeau de Bavière, et Louis d’Orléans, frère du roi, marque ouvertement les débuts de cette lutte. Quelques années plus tard, en 1413, alors que le royaume est plongé dans la guerre civile, les Cabochiens, voulant épurer le personnel de la dauphine, font arrêter une partie de ses dames et demoiselles. Après la mort du duc de Guyenne en décembre 1415, la jeune veuve retourne vivre en Bourgogne auprès de sa mère et de deux de ses soeurs, Anne et Agnès de Bourgogne. Son frère Philippe le Bon, à la tête du duché de Bourgogne depuis l’assassinat de son père en 1419, prévoit dès 1422 pour sa soeur aînée un remariage avec Arthur de Bretagne, comte de Richemont. Cette alliance doit contribuer à sceller l’alliance de la Bourgogne, de la Bretagne et de l’Angleterre, dont le roi se prétend aussi roi de France. Marguerite ne donne pas tout de suite son accord à cette union et exige certaines modifications au contrat initial. C’est finalement en octobre 1423 qu’elle épouse Arthur de Bretagne. Ce dernier change toutefois d’allié en devenant en 1425 connétable de Charles VII, dernier fils de Charles VI et d’Isabeau de Bavière. À partir de ce moment, Marguerite est amenée à jouer un rôle politique et diplomatique. En effet, en octobre 1425, lors de l’entrevue de Saumur entre Charles VII et Jean V, duc de Bretagne, elle se voit confier par le roi en personne la lourde tâche de le réconcilier avec Philippe le Bon. Elle s’y attelle jusqu’en 1435, année de la conclusion du traité d’Arras scellant la paix entre le roi de France et le duc de Bourgogne. En novembre 1436, Marguerite fait son entrée dans Paris, désormais libéré des Anglais, aux côtés de son mari, et s’y installe durablement à la demande expresse de Charles VII. Désormais, elle ne quitte plus la capitale, où elle meurt le 2 février 1442, sans avoir eu aucun enfant de ses deux mariages. Laissant derrière elle un testament tout empreint de piété et de charité, qui témoigne notamment de sa grande implication dans la vie religieuse parisienne, elle se fait enterrer en l’église du couvent des Carmes de Paris.
Dès son plus jeune âge, Marguerite de Bourgogne a été appelée à jouer un rôle politique important, rôle actif amplement tenu lors de son second mariage, notamment en tant que médiatrice de la paix, soutenant la politique de son mari, et rôle passif d’enjeu entre les partis, lors de son premier mariage, qui faisait d’elle l’héritière potentielle de la couronne de France. Elle a peu marqué les écrits des chroniqueurs de son temps, exception faite de Guillaume Gruel, biographe de Richemont, qui lui consacre une place non négligeable compte tenu de la discrétion de ses contemporains, nous rapportant sa présence à certains événements et ses relations avec les plus grands personnages du royaume. Quant aux historiens qui ont abordé l’existence de cette princesse au travers de la vie de ses maris, ils lui accordent un rôle indéniable dans le rapprochement entre Charles VII et Philippe le Bon.
Choix bibliographique
- Cosneau, E., Le Connétable de Richemont, Paris, Hachette, 1886.
- Gruel, Guillaume, Chronique d’Arthur de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne, 1393-1458, éd. Achille Le Vavasseur, Paris, H. Laurens, 1890.
- Plancher, Urbain, Histoire générale et particulière de Bourgogne, Dijon, impr. A. de Fay, puis impr. L.N. Frantin, 1739-1781, 4 vol. -- Paris, Éd. du Palais royal, 1974.
- Pocquet du Haut Jussé, Barthélemy-Ambroise, «Le connétable de Richemont, seigneur bourguignon», Annales de Bourgogne,t.7, 1935, p.309-336 et t.8, 1936, p.7-30, 106-138.
- Schnerb, Bertrand, Jean sans Peur. Le prince meurtrier, Paris, Payot, 2005.
Choix iconographique
- 16** : François-Roger de Gaignières, Tombe de Marguerite de Bourgogne(dessin en noir et en couleurs des Tombeaux de Gaignières), Paris, Bibliothèque nationale de France (Gaignières, Pe 11a, f.6) -- Émile Raunié, Epitaphier du vieux Paris, Paris, Imprimerie nationale, 1893, t.II, p.206-207.
Jugements
- «La duchesse de Guyenne était morte à Paris, le 2 février [1442]. Richemont perdait la compagne de sa jeunesse, de ses années d’épreuves, celle qui, veuve d’un dauphin de France, l’avait, par son choix, élevé au plus haut rang, celle qui avait encouragé son ambition, hâté sa fortune, partagé fidèlement sa disgrâce et secondé ses efforts. Le rôle de cette princesse dépasse la sphère du foyer domestique. En travaillant à réconcilier son beau-frère, Charles VII, avec son frère, le duc de Bourgogne, en préférant à la cour le séjour de Paris, où elle représentait en quelque sorte la famille royale, elle avait rendu service au roi, à la France et mérité ainsi une place dans l’histoire de ce règne mémorable.» (E. Cosneau, Le Connétable de Richemont, voir supra, choix bibliographique, p.329-330)