Marie Leczinska

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Marie Leczinska
Titre(s) Reine de France
Conjoint(s) Louis XV, roi de France
Dénomination(s) Leszczynska
Lecszinska
Maria
Biographie
Date de naissance 1703
Date de décès 1768
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Lydia Scher-Zembitska, 2005.

Née à Breslau le 23 juin 1703, Maria Leszczynska, fille de Stanislas Leszczynski et de Catherine Opalinska, reçoit à l'origine une éducation très soignée: elle apprend l'italien, l'allemand, le suédois, le latin et le français. Elle est également une musicienne avertie, aussi à l'aise avec la guitare qu'avec le clavecin. Son destin, attaché aux péripéties de son père Stanislas, élu deux fois roi de Pologne et chassé deux fois du trône, la conduit à Stettin, dans le Duché des Deux-Ponts, puis à Wissembourg, où toute sa famille s'installe en 1719. Une suite de circonstances propulse Maria Leszczynska dans le monde: Madame de Prie, remet son portrait au duc de Bourbon, désireux de faire voir la jeune Polonaise à Louis XV. À la vue de ce tableau, Louis XV, qui a sept ans de moins qu'elle, décide d'en faire sa femme. Les conseillers du roi passent donc outre au sang royal mais électif de Maria Leszczynska, princesse polonaise, et Louis XV l'épouse en 1725.

Les origines et le statut de Maria ne font pas l'unanimité en France, où l'on évoque par ailleurs son épilepsie et sa prétendue stérilité. Le tout provoque une véritable guerre des clans à la Cour. Chauvelin, secrétaire d'État des Affaires étrangères de 1727 à 1737, est à la tête du parti qui prend fait et cause pour elle. En dépit de la mauvaise grâce du cardinal de Fleury, une expédition est prévue pour rétablir Stanislas sur le trône électif de Pologne, afin de permettre à ce mariage tant décrié de retrouver un peu d'éclat. L'échec de cette tentative signe la fin de la participation de la reine à la vie politique.

La vie de Maria peut être en partie reconstituée à travers ses lettres à son père. Elle trouve en effet dans l'expression épistolaire une échappatoire à sa condition de femme qui doit à tout prix procréer; ainsi se plaint-elle «d'être toujours grosse, toujours couchée». Quant à Stanislas, il espère atteindre, par sa descendance, une royauté qui lui a échappé. Avec la précision d'un médecin, il calcule les règles et les fausses couches de sa fille et disserte presque chaque jour avec ses amis sur sa condition physique. Ayant donné naissance à dix enfants (dont deux garçons) entre 1727 et 1737, elle finit par bénéficier de la sympathie de tous, d'autant qu'elle supporte avec patience les infidélités de son époux. La reine fait aussi preuve d'une grande charité et d'une générosité à toute épreuve, malgré son penchant marqué pour le jeu du pharaon qui lui fait perdre de grosses sommes, que son père rembourse. Elle contribue à la fondation de plusieurs maisons charitables et hospices. À la Cour de Versailles, elle accueille non seulement des peintres elle prend des leçons de peinture avec Jean-Baptiste Oudry (voir OEuvres), mais aussi des musiciens et des compositeurs qui feront de son salon de musique un des hauts lieux de concerts. Ayant déjà perdu trois de ses enfants en bas âge, elle est terrassée par la mort de son fils aîné, Louis, en 1765, suivie quelques mois plus tard par celle de son père en 1766. Elle-même expire en 1768 en disant aux médecins qui lui demandent ce qui pourrait la soulager: «Rendez-moi mon père et mes enfants, et vous me guérirez».

Épouse du roi plus que discrète et rapidement écartée de la vie politique, Maria Leszczynska a été reconnue comme reine à part entière par certains de ses contemporains, et appréciée tant pour sa générosité que pour sa piété. Elle a par ailleurs beaucoup contribué à la vie de la cour. Les historiens l'ignorent pourtant presque totalement, comme si le peu de considération de Louis XV pour sa femme avait entraîné le désintérêt général. Tout juste lui reconnaît-on une certaine influence dans la vie artistique de Versailles, et une certaine importance dans le domaine de l'histoire de la cuisine (elle est à l'origine du vol-au-vent) et de la musique. Sa correspondance avec son père et avec le Président Hénault révèle pourtant sa culture étendue et ses grandes qualités de coeur. Ses échanges épistolaires avec son père, apportent une vision très rare sur la vie au sein d'une famille royale au XVIIIe siècle et peut contribuer à l'histoire de la vie quotidienne en apportant une nouvelle perspective sur la vie des souveraines.

Oeuvres

- 1725-1768 : Lettres inédites de la Reine Marie Leszczynska et de la duchesse de Luynes au président Hénault -- Éd. Victor Des Diguères, Paris, H. Champion, 1886.
- 1753 : Une ferme (huile sur toile, 64 x 104 cm), Versailles, Musée national du Château (MV 7237).

Choix bibliographique

- Nolhac, Pierre de, Louis XV et Marie Lecszinska, Paris, Goupil, 1900.
- Perey, Lucien, Le Président Hénault et Madame du Deffand. La cour du Régent, la cour de Louis XV et de Marie Leczinska, Paris, Calmann-Lévy, 1893.
- Proyard, Abbé de, Vie de la reine de France Marie Lecksinska, princesse de Pologne, dédiée à Mesdames de France, ses filles, Paris, Boiste fils, 1826.
- Réaulx, Marquise des, Le Roi Stanislas et Marie Leczinska, Paris, E. Plon, 1895.
- Scher-Zembitska, Lydia, Stanislas Ier, un roi fantasque, Paris, Éditions du CNRS, 1999.

Choix iconographique

- 1731 : Coustou, Guillaume, Marie Leczinska, reine de France, en Junon (statue en marbre), Paris, Musée du Louvre.
- 1740 : Tocqué, Louis, Marie Leczinska (huile sur toile), Paris, Musée du Louvre (INV. 8177).
- 1747 : Van Loo, Carle, Marie Leczinska (huile sur toile), Paris, Musée du Louvre (INV. 6281).
- 1748 : Nattier, Jean-Marc, Marie Leczinska (huile sur toile), Musée national du Château de Versailles (MV. 5672).

Jugements

- «Elle fut, sur le trône, le modèle des vertus chrétiennes, ne s'occupant qu'à mériter la tendresse du roi, à inspirer des sentiments de religion à ses enfants, et à répandre des bienfaits, sur les églises et dans le sein des malheureux. [...] Elle fut constamment la mère des pauvres. Cette princesse avait de l'esprit et l'aimait dans les autres. Elle jugeait sainement» (A.-F. Delandine et al., Dictionnaire universel historique, critique et bibliographique..., Paris, Mesnard et Desenne, t.XVIII, 1822, p.86-87).

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