Anne-Hyacinthe de Saint-Léger

De SiefarWikiFr

Anne-Hyacinthe de Saint-Léger
Conjoint(s) M. de Colleville
Biographie
Date de naissance 1761
Date de décès 1824
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Aurore Evain, 2005

Anne-Hyacinthe de Saint-Léger, née le 26 mars 1761 à Paris, est la fille de Catherine et Charles Geille de Saint-Léger. Son père, docteur régent de la Faculté de médecine et spécialiste en vénérologie, est un des médecins de la maison du duc d'Orléans. Anne-Hyacinthe, surnommée Minette, est probablement l'aînée des trois enfants du couple. Elle reçoit une éducation moderne, fondée sur la confiance parentale et une solide instruction. Très jeune, elle assiste aux représentations des théâtres parisiens et, dès l'âge de douze ans au moins, compose ses premiers écrits: des récits en prose, des pièces poétiques, et surtout de nombreuses comédies, saynètes ou bouquets qu'elle représente avec sa soeur et son frère lors des fêtes familiales. Ses lectures épicuriennes influencent bientôt ses écrits d'adolescente, alors que la jeune autrice, soutenue par ses parents, envisage une carrière d'écrivaine. En 1781, elle publie son premier ouvrage, un roman épistolaire qui paraît l'année où Laclos achève le manuscrit des Liaisons dangereuses, dont il partage l'intrigue. Les critiques élogieuses encouragent Mlle de Saint-Léger: elle poursuit l'année suivante avec un deuxième roman. La sensibilité pré-romantique de cette jeune prodige, sa spontanéité et la liberté de pensée qui émane de ses écrits séduisent Rétif de La Bretonne, à tel point que celui-ci cherche à faire sa connaissance. Brève rencontre, qui débouchera sur une querelle de plusieurs années entre les deux écrivains, à la suite de la publication d'une lettre calomnieuse par Rétif. À cette époque, Anne-Hyacinthe compose également des vers pour divers périodiques. Elle fréquente l'astronome Jérôme Le François de Lalande, M. de Saint-Ange, traducteur d' Ovide, et probablement le dramaturge Charles Jacob Guillemain, qui écrit pour le théâtre des Variétés. C'est là que l'autrice fait représenter Les Deux Soeurs, comédie morale qui reçoit un très large succès en 1783. La pièce, reprise à Lyon en 1785, connaît plusieurs rééditions jusqu'en 1790 et sera traduite en anglais en 1805. Cet accueil permet à l'écrivaine de faire jouer une seconde comédie plus sentimentale, Sophie et Derville, à la Comédie-Italienne en 1788. La Révolution vient alors interrompre cette carrière théâtrale pourtant prometteuse. Mlle de Saint-Léger, désormais Mme de Colleville (on ignore la date de son mariage) est en proie à de graves difficultés financières. Le décès de ses parents, son divorce et la perte d'une grande partie de ses rentes sur l'État l'ont réduite à la misère. Madame de M***, ou la rentière rend compte de ces difficultés. Après une interruption de dix ans, elle revient à l'écriture avec ce roman en partie autobiographique, qui offre une peinture sociale et politique plutôt critique du Directoire. Écrit en 1799, il ne pourra être publié qu'en 1802 et témoignerait des tentatives d'intégration de Mlle de Saint-Léger dans la France napoléonienne: le succès est au rendez-vous, et l'autrice en donne une suite sous le titre de Victor de Martigues. En 1806, elle publie Salut à Messieurs les maris, dernier roman qu'on puisse lui attribuer avec certitude. D'après les dictionnaires du XIXe siècle, Mme de Colleville se serait tournée vers la religion à la fin de sa vie et aurait brûlé sa dernière production, un manuscrit intitulé Le Porteur d'eau. Elle vit retirée du monde pendant plusieurs années avant de décéder à Paris le 18 septembre 1824, apparemment oubliée de ses contemporains.

L'oeuvre de Rétif contient les rares éléments biographiques qui ont pu, jusqu'à présent, nous renseigner sur la vie de Mlle de Saint-Léger. Seules quelques notices parues dans les dictionnaires du XIXe siècle ont fourni des informations complémentaires, souvent contradictoires et lacunaires. Aujourd'hui, la découverte de nouveaux éléments sur son père et la consultation d'un cahier manuscrit contenant ses oeuvres de jeunesse permettent de mieux cerner sa personnalité, son milieu et les conditions de sa naissance à l'écriture. Ce parcours d'une autrice de la fin de l'Ancien Régime, depuis ses premières productions littéraires à l'âge de douze ans jusqu'aux oeuvres de la maturité, offre ainsi une contribution précieuse à l'Histoire des écrivaines de l'Ancien Régime. Mlle de Saint-Léger est, en outre, la première dramaturge reconnue à avoir écrit pour le théâtre des boulevards. Encore très peu étudiée, son oeuvre mériterait également d'être redécouverte dans le cadre des recherches sur le roman libertin et épistolaire.

Oeuvres

- 1773-1783 : OEuvres diverses par Mlle de Saint-Léger. Plaire, instruire, toucher..., Paris, inédit (bibl. de Clermont-Ferrand, MS 254). Contient: un court roman épistolaire (non titré, non daté), un proverbe dramatique en 1 acte (en prose, non titré, non daté), une comédie en 1 acte (en prose, non titrée, 1773), deux comédies en 1 et 2 actes (en prose, non titrées, 1774), une comédie en 1 acte (en prose, non titré, 1774), un divertissement (en prose, non titré, 1776), La Réunion de l'Amour et de L'Hymen (comédie en 1 acte, en prose, non datée), Lucile (conte, non daté), Rose (opéra-comique en 2 actes, en prose mêlée d'ariettes, non daté), La Famille réunie (comédie en 1 acte, en prose mêlée d'ariettes, non datée), diverses pièces en vers et chansons.
- 1781 : Lettres du chevalier de Saint-Alme et de Mademoiselle de Melcourt, par Mlle de ***, Paris, De Lormel.
- 1782 : Alexandrine, ou l'Amour est une vertu, Paris, De Lormel/Vve Duchesne/Esprit, 1783 (l'édition de 1782 est introuvable, mais attestée par une critique parue dans le Journal encyclopédique, nov. 1782).
- oct. 1782?-mai 1783? : lettres à Rétif de La Bretonne, publiées en partie par Rétif dans La Prévention nationale, 2e partie, «Suite du quarante-cinquenaire», Paris/Genève, Slatkine Reprints, 1988 [1784], p.442-455.
- 1783 : «Impromptu de Mlle de Saint-Léger sur ce que le hasard lui avait accordé l'honneur d'être reine de la fève», Mercure de France, 18 janvier.
- 1783 : Les Deux Soeurs (comédie en un acte, en prose), Théâtre des Variétés-Amusantes (Paris), 4 juin 1783, Paris, Cailleau/Mérigot.
- 1783 : Le Bouquet du père de famille (comédie en un acte, en prose), représentée en société, date inconnue, Paris, Mérigot.
- 1785 : «Épître à ma petite jument», Mercure de France, 25 juin.
- 1788 : Sophie et Derville (comédie en un acte, en prose), Comédie-Italienne (Paris), 8 janvier 1788, Paris, Brunet (la pièce fut représentée en 2 actes, puis remaniée et publiée en un acte).
- 1788? : «Épître à ma mère» (cette production est mentionnée dans le Petit Almanach de nos grandes femmes en 1789; elle fut publiée dans un périodique dont nous n'avons pas retrouvé la trace).
- 1799 : Madame de M***, ou la rentière, Paris, Marandan, 1802, 4 vol.
- 1800 : Les Dangers d'un tête-à-tête, ou Histoire de Miss Mildmay, Paris, Le Prieur, 2 vol. (traduction d'un roman de Hugh Kelly, signée «A. Colleville»).
- 1804 : Victor de Martigues, ou suite de la rentière, Paris, M.-J. Hénée/l'autrice, 4 vol.
- 1806 : Salut à Messieurs les maris, ou Rose et d'Orsinval, Paris, Borniche.
- Le Porteur d'eau, inédit (manuscrit brûlé par l'autrice selon Michaud).

Attributions douteuses
- Alexandrine de Ba** ou Lettres de la princesse Albertine, contenant les aventures d'Alexandrine de Ba** son aïeule [...] par Mademoiselle de ***, Paris, Buisson, 1786. Ce roman a souvent été confondu avec Alexandrine ou l'Amour est une vertu et attribué à tort à Mlle de Saint-Léger. L'auteur serait André-Marie Guzman, descendant d'Alexandrine de Bacq (voir J. Rustin, «Une Histoire véritable au XVIIIe siècle: Alexandrine de Ba**», Travaux de linguistique et de littérature, Strasbourg, 1965, III, no 2).
- Coralie ou le danger de se fier à soi-même, 2 vol. Un même titre, signé «Madame de Ch***» et datant de 1797 (Paris, Imprimerie de Chaignieau Aîné, 2 t. en 1 vol.), est attribué à Félicité de Choiseul-Meuse.

Choix bibliographique

Choix iconographique

Jugements

Outils personnels