Gertrude de Nivelles
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Gertrude de Nivelles | ||
Titre(s) | Abbesse de Nivelles | |
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Dénomination(s) | Sainte Gertrude de Nivelles | |
Biographie | ||
Date de naissance | Vers 625 | |
Date de décès | 659 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Noëlle Deflou-Leca, 2006.
Fille de Pépin Ier de Landen et d'Itte, Gertrude naît entre le 18 mars 625 et le 16 mars 626. Son père, maire du palais d'Austrasie jusqu'en 629 puis proche de Dagobert Ier, envisage, avec l'appui du roi, de la marier au fils d'un duc d'Austrasie, "poussé par une ambition séculière et afin de sceller une amitié entre les feux familles", précise la Vie de sainte Gertrude rédigée vers 670. Consultée avec sa mère sur cette promesse d'alliance, la jeune fille refuse catégoriquement ce parti et manifeste son intention de vouer sa vie au Christ. Élevée comme le veut la coutume par sa mère, elle la suit dans sa retraite de veuve après la mort de Pépin en 640. Mère et fille s'installent alors à Nivelles, l'un des domaines familiaux situé en Brabant, pour y mener une vie pieuse. Encouragée par l'évêque missionnaire Amand, Itte décide, vers 648-649, de fonder un monastère sur son domaine et de prendre le voile. Des aristocrates austrasiens tentent de s'opposer à ce projet en contraignant Gertrude au mariage. Pour écarter les prétendants et couper court aux convoitises dont sa fille fait l'objet, Itte voue sa fille à la vie religieuse. Elle reçoit ensuite le voile avec ses compagnes et sa mère Itte lui confie la charge d'abbesse du monastère.
Jusqu'à sa mort (652), Itte assiste Gertrude dans la direction du monastère. Elles nouent des contacts avec Rome et l'Angleterre en chargeant des émissaires d'y obtenir des reliques et d'en rapporter des ouvrages destinés à l'instructions des moniales. Peu après 650, deux moines irlandais, Feuillen et son frère Ultain (ou Ultan) arrivent à Nivelles. Probablement à leur instigation, Gertrude et Itte décident d'accueillir, à côté de l'abbaye de femmes, une communauté d'hommes et font ainsi de Nivelles un monastère double bientôt placé sous l'autorité unique de l'abbesse. Avec l'approbation de son fils Grimoald, Itte cède aux deux Irlandais une terre à Fosses, non loin de Nivelles, pour y fonder un autre monastère, dont Ultain prend la direction. Les liens entre Fosses et Nivelles demeurent étroits: Feuillen se rend régulièrement à Nivelles pour y célébrer l'office, et y rencontrer les deux communautés. Reprenant la route après l'une de ces visites, il est assassiné avec ses compagnons (31 octobre 655). Gertrude fait prélever des reliques avant le retour du corps à Fosses. Ce geste témoigne de son empressement à promouvoir le culte de saint Feuillen à Nivelles. Peu après cette épreuve, Gertrude résigne sa charge au profit de sa nièce Vulfetrude et se consacre à la prière. Selon sa Vita, elle meurt le 17 mars 659, jour de la saint Patrick, conformément à une prédiction d'Ultain. Dépouillée de ses insignes abbatiaux, elle choisit de reposer en simple habit monastique dans l'église Saint-Pierre de Nivelles.
Le culte de Gertrude, réputée sainte dès sa mort, se diffuse dans tout le Brabant. Deux récits, rédigés l'un vers 691 et l'autre après 783, rapportent les miracles qui se seraient produits au contact de ses reliques: guérisons, résurrection d'un enfant mort noyé, extinction d'un incendie... Lors des processions, ses reliques sont transportées dans une châsse d'argent réalisée après 1272 et en grande partie détruite en mai 1940. Gertrude est invoquée comme patronne des voyageurs à partir du XIe siècle. Dès lors s'instaure aux Pays-Bas et en Allemagne la coutume, en vigueur jusqu'au XVe siècle, de boire une coupe de vin en l'honneur de la sainte pour obtenir sa protection avant tout long voyage. Fêtée au tout début du printemps (17 mars), Gertrude devient surtout, à partir du XVe siècle, la patronne des jardiniers invoquée contre l'invasion des rongeurs. Elle est souvent représentée portant une crosse et entourée de rats ou de souris.
Comme Burgondofara à Faremoutiers, Aldegonde à Maubeuge ou Clotsende à Marchiennes, Gertrude témoigne de cet engouement des familles aristocratiques franques pour les fondations monastiques qui permit, dès la fin du VIe siècle, un enracinement du christianisme et un développement du pouvoir religieux des élites. Son abbaye connaît un processus de sécularisation, peut-être dès le IXe et, au plus tard, au cours du XIIe siècle. Le chapitre noble des chanoinesses de Nivelles célèbre avec faste, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la mémoire de leur illustre fondatrice et de son prestigieux lignage. À l'époque moderne, elle apparaît sous les traits d'une chanoinesse séculière.
Choix bibliographique
- Dierkens, Alain, «Saint-Amand et la fondation de l'abbaye de Nivelles», Revue du Nord, 68, 1986, p.433-444.
- Gaillard, Michèle, «La fondation d'abbayes féminines dans le nord et l'est de la Gaule de la fin du VIe siècle à la fin du IXe siècle», Rev. d'Hist. de l'Égl. de Fr., LXXVI, 1990, p.5-20.
- Madou, M., «Gertrude de Nivelles», Dict. d'Hist. et de Géog. Eccl., 20, 1984, col.1065-1068.
- Van Uytfanghe, M., «Gertrud von Nivelles», Lexikon des Mittelalters, IV, Munich, 1989, col.1356-1357.
Choix iconographique
- 12**: anonyme, vitrail de l'abbaye de Klosterneuburg (Autriche).
- 13** : anonyme, sculpture en bois, Cologne, Musée Schnütgen.
- 1470 : anonyme, retable de sainte Gertrude, Musée de Lübeck.
- 15** : anonyme, Gertrude de Nivelles, Frontispice du registre de confraternité de Sainte-Gertrude à Kuringen -- Bibliotheca sanctorum, VI, Rome, Città Nuova, 1965, p.290.