Anne Boleyn
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Anne Boleyn | ||
Titre(s) | Marquise de Pembroke Reine d'Angleterre | |
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Conjoint(s) | Henri VIII, roi d'Angleterre | |
Biographie | ||
Date de naissance | Vers 1501 | |
Date de décès | 1536 | |
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s) |
Notice de Eric W. Ives, 2004
Anne Boleyn, marquise de Pembroke (Blickling, Norfolk? 1501? - Londres, 19 mai 1536), deuxième épouse d'Henri VIII, roi d'Angleterre, est la seconde fille de Thomas Boleyn, futur comte d'Ormonde et de Wiltshire, et d'Élisabeth, fille de Thomas Howard, duc de Norfolk. Elle devient en 1513 demoiselle d'honneur de Marguerite d'Autriche, puis de Marie d'Angleterre, épouse de Louis XII, et de Claude, épouse de François Ier. Fin 1521, les hostilités imminentes l'obligent à rentrer en Angleterre, au grand dam de Claude.
Malgré une éducation et un style français qui tranchent dans l'atmosphère insulaire de la Cour d'Angleterre, aucun parti satisfaisant ne se présente. Dès le début de 1526, Henri VIII cherche, en vain, à en faire sa maîtresse. En 1527, alors que le roi s'emploie à divorcer de Catherine d'Aragon, Anne refuse le statut de maîtresse en titre. Elle accède ensuite à sa demande en mariage, à condition que le divorce soit prononcé.
Pendant les cinq années d'opposition du pape au divorce d'Henri, Anne acquiert un poids politique considérable. Elle participe à la chute du cardinal Wolsey en 1529 et, de 1530 à 1532, à la mise en oeuvre de politiques radicales censées aboutir au divorce du roi, en faisant de lui le chef de l'Église en Angleterre. Moins sûr de son succès, Henri lui offre le titre de marquise de Pembroke. En octobre 1532, à Calais, Anne et Henri rencontrent François Ier qui leur promet son soutien. Le couple commence alors à cohabiter, sans doute après des fiançailles formelles, et, dès décembre, Anne est enceinte. Mariée canoniquement en janvier 1533, elle est reconnue reine à Pâques et couronnée le 1er juin. Sa fille, la future reine Élisabeth Ire, naît le 7 septembre.
Malgré une fausse couche (août 1534), Henri reste profondément attaché à Anne. C'est sa personnalité complexe qui l'avait attiré et leur mariage est parfois orageux, mais sur le plan intime, ils vivent une relation bien rare pour un couple royal, relation fondée sur les sentiments et non sur des calculs diplomatiques. Anne n'est pas populaire. La précédente reine, Catherine d'Aragon, était très respectée, et les femmes, en particulier, sont indignées du traitement infligé à cette épouse fidèle. C'est d'ailleurs Marie, sa fille, et non Élisabeth, qui est considérée comme l'enfant légitime du roi. Pour l'Église catholique et l'Europe des Habsbourg, Anne reste une concubine.
Anne se voit injustement reprocher les attaques d'Henri contre les libertés de l'Église. Elle joue pourtant un grand rôle dans la défense d'une réforme évangélique modérée, s'inspirant de ses premières expériences françaises. Si elle n'est pas directement redevable à Marguerite de Navarre, elle voit dans la soeur de François Ier un modèle. Protectrice de réformateurs comme Nicolas Bourbon et Clément Marot, Anne diffuse les idées et les écrits de personnages tels que Jacques Lefèvre d'Étaples. En Angleterre, elle favorise la carrière d'hommes d'église réformateurs et participe largement à la formation d'un puissant bloc d'évêques évangéliques conduits par l'archevêque Cranmer.
D'une grande culture, Anne Boleyn est douée pour la danse, le chant et le luth. Elle apprécie la musique chorale et les chansons connues à l'étranger. Amatrice (et commanditaire) de manuscrits franco-flamands enluminés découverts dans sa jeunesse, elle se passionne aussi pour les livres et les objets d'art à la mode de la Renaissance. Sur le plan artistique, elle aura surtout été le principal mécène des débuts de Hans Holbein le Jeune. Elle aurait été associée à la principale oeuvre qui nous soit parvenue, Les Ambassadeurs, où l'on voit Jean de Dinteville, ambassadeur français présent à son couronnement, et Georges de Selve, évêque de Latour.
Malgré une nouvelle fausse couche en janvier 1536, et alors qu'il commence à courtiser une dame d'honneur, Jeanne Seymour, Henri tente toujours de forcer l'Europe à reconnaître Anne comme son épouse légitime. Mais en mars, le fossé se creuse entre Anne et son allié, le ministre Thomas Cromwell: l'une souhaiterait que les richesses monastiques soient affectées à l'éducation, l'autre a promis au roi de les utiliser pour renflouer les finances royales. Cromwell voit aussi dans Anne un obstacle à une alliance avec Charles Quint, cousin Habsbourg de Marie. Il décide d'aider Jeanne Seymour et forge des accusations de trahison contre Anne, son frère et quatre courtisans. Après un simulacre de procès, les hommes sont exécutés. Son mariage annulé, Anne est décapitée.
(traduction de Sylvie Deleris)
Choix bibliographique
- Friedmann, Paul. Anne Boleyn: a Chapter of English History, 1527-1536. London, 1884.
- Ives, E.W. Anne Boleyn. London, Basil Blackwood, 1986.
- Starkey, David. Six Wives: the Queens of Henry VIII. London, Chatto & Windus, 2003.
Choix iconographique
- Émail anonyme. Le sceau de la reine Elisabeth [Queen Elizabeth's Ring]. Gouvernement de Sa Majesté, Chequers [inaccessible au public].
- Peinture anonyme [anonymous painting]. Londres, National Portrait Gallery.
- Peinture anonyme [anonymous painting]. Hever Castle, Edenbridge, Kent, Angleterre.
- Médaille anonyme [anonymous portrait medal] (portant l'inscription A.R. THE MOOST HAPPI ANNO). Londres, British Museum.
- Elsrack, Reynold. Anna Boloenia Henrici VIII Coniunx. Gravure publiée par Henry Holland, Londres,Bazilowlogia, 1618.
Jugements
- "I find her so bright and pleasant for her young age that I am more beholden to you for sending her to me than you are to me" (Marguerite d'Autriche au père d'Anne, été 1513. Hugh Paget, "The youth of Anne Boleyn", Bulletin of the Institute of Historical Research, 54, 1981, p.164-5).
- "Ne l'eussiez oncques jugée Angloise
En ses façons, mais naïfve Françoyse"
(Lancelot de Carles, «Histoire de Anne Boleyn Jadis Royne d'Angleterre» [1536], in G. Ascoli, La Grande-Bretagne devant l'opinion française, Paris, 1927, p.169).
- [Au moment où Anne fut arrêtée] "I am in such a perplexity, that my mind is clearly amazed; for I never had better opinion in woman than I had in her; which maketh me to think, that she should not be culpable. And again, I think your Highness would not have gone so far, except she had surely been culpable" (Thomas Cranmer à Henry VIII, 3 mai, 1536, British Library, Cotton MS Otho C X f.230r).
- "People think [the king] invented the [charges] to get rid of her. Nevertheless the
woman herself suffered no great injustice by this for she was known to be a worthless character" (Marie, reine d'Hongrie et régente des Pays-Bas, à Ferdinand, roi des Romains, 25 mai, 1536, Public Records Office, London, PRO31/8 f.85).
- "[Thomas Cromwell] me loua grandement le sens, esperit, et cueur de la dicte concubine" (Eustace Chapuys à Charles V, 6 juin, 1536 _ voir Calendar of State Papers Spanish,1536-38, London, 1888, p.138).
- "Anne Boleyn, the bane of that virtuous and religious Queen Katherine, the ruin of many pious, worthy and famous men who favoured not that unlawful marriage, the first giver of entrance to the Protestant religion and the principal cause of her husband's dissolving of religious houses and slaughtering multitudes of religious people as not favouring her marriage with Henry VIII in the lifetime of his first wife." (Tresham MSS, vers 1610, in Historical Manuscripts Commission, Various Collections, London, 1901-14, iii.131).
- "Anne was not good; she was incredibly vain, ambitious, unscrupulous, coarse, fierce and relentless" (Paul Friedmann, Anne Boleyn, London, 1884, ii.297).
- "Anne Boleyn had the gift of arousing strong feelings; people were never neutral: they either loved her or loathed her." (Starkey, voirsupra «Choix bibliographique», p.257).