Madeleine du Bois de Fontaines-Marans/Hilarion de Coste
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Madeleine du Bois de Fontaines-Marans, dite de Saint-Joseph, carmélite extrait de la notice de ANNE DE LOBERA DITE DE JESUS.
[II, 853] Aprés avoir rendu les honneurs à la memoire de la Venerable Anne de saint Barthelemy et des autres filles de sainte Terese: je croy estre obligé de faire l'Eloge de la Reverende Mere MAGDELAINE DU BOIS DE FONTAINES-MARANS dite DE SAINT JOSEPH, la premiere des Carmelites Françoises, qui est aussi decedée en opinion de sainteté.
Elle estoit fille d'Antoine du Bois sieur de Fontaines-[854]Marans, et de Marie Pru-d'homme (1) fille du sieur de Fontenay en Brie, et soeur aisnée de Madame la Chanceliere de Sillery, tous deux illustres en noblesse et en vertus: Ceux qui ont la connoissance des Maisons remarquables, sçavent la probité des Pru-d'hommes qui avoient pour devise, Pru-d'homme plus qu'on ne pense; et ceux du Bois Seigneurs de Fontaines-Marans en Touraine, n'ont pas acquis moins d'honneur pour leur vertu et leur courage en cette belle et fertile Province. Le bisayeul de cette sainte Religieuse estoit l'intime amy de nostre pere et de nostre grand oncle saint François de Paule, duquel il receut quelques lettres de consolation, qui se gardent encore à Fontaines comme un tresor de la Maison, et comme une relique de ce saint homme; et que Mr l'Evéque de Riez a inserées à la fin du second tome de l'Histoire de l'Ordre des Minimes.
Elle naquit à Paris le 18. de May de l'année 1578. (2) et fut baptisée le lendemain qui estoit le jour de la Pentecoste, en la Chapelle de Braque où sont maintenant les Peres de la Mercy: et fut appellée Magdelaine, non sans quelque permission du Ciel, qui la destinoit pour estre l'une des plus fidelles amantes du Sauveur.
Dés l'âge de 4. ans elle fut prevenue de Dieu, et en ce temps où les enfans n'ont point encore l'usage de raison, elle fit paroistre qu'elle estoit raisonnable et pieuse tout ensemble: La grace l'éleva de la terre dans le Ciel, et luy donna des sentimens de l'Eternité. Car estant sur la porte du logis de son pere à Paris entre les bras de sa gouvernante, et voyant passer le corps d'un enfant que l'on portoit en terre, elle fut touchée de cette ceremonie; et en demanda plus soigneusement que son âge ne portoit, l'explication à sa gouvernante: Celle-cy s'accommodant à sa capacité, luy dit, que c'estoit le corps d'une petite fille qu'on alloit mettre en terre, où il seroit mangé des vers, et que son ame selon la difference de ses merites, monteroit en Paradis, pour y regner avec Dieu, ou descendroit droit aux Enfers, pour y brusler dans un feu qui ne s'éteindroit jamais. Cette réponse ouvrant l'esprit de cette petite [855] fille, et le preparant insensiblement au mépris du monde, luy fit dire à sa gouvernante ces paroles; Mais mourray-je aussi comme elle? ouy ma fille luy répondit elle; car tout le monde mourra comme cette petite fille. Et l'enfant poursuivant ses demandes; sera t'elle long-temps en Paradis ou en Enfer? une eternité luy répondit sa gouvernante. Et qu'est-ce qu'une eternité? luy repartit la petite, dure t'elle plus d'un jour? L'eternité, luy dit la gouvernante, n'a point de fin, elle dure tousjours, et ne finira jamais: O Dieu que vous estes admirable en vos Saints, et en ces ames que vous possedez dés le commencement de leurs voyes, et que vous prevenez de vos benedictions de douceur! Ce nom d'eternité l'étonna, cette durée qui ne finit jamais, et qui recommence tousjours, fit une si puissante impression dans l'ame de Magdelaine du Bois, que dés lors elle passoit des heures entieres à s'entretenir de ce sujet; et disoit souvent par le mouvement de la grace qui l'animoit, Une eternité en Paradis ou en Enfer? Il nous faut tous mourir? Et aprés cette vie, il en reste une autre qui ne doit jamais finir.
Ayant souvent medité ces paroles, elle passa saintement ses jours tandis qu'elle demeura dans la maison de son pere Mr de Fontaines; Car dés lors Dieu luy donna le don d'Oraison, elle se fit admirer par sa patience, par sa devotion envers la Mere du Sauveur, par sa douceur, sa prudence et par d'autres belles qualitez qui la firent respecter de tous ceux qui alloient au logis de son pere, tant pour admirer la force de son raisonnement et la netteté de son discours, que pour le profit et le plaisir spirituel qu'ils recevoient de sa conversation. Si parmy ceux-là il se trouvoit quelque personne dont les defauts naturels servissent de sujet de raillerie et de divertissement, elle employoit toute son industrie pour les consoler, et il sembloit que dés ce temps-là elle fut desja le refuge de tous les miserables: comme elle a esté depuis qu'elle a esté Religieuse de l'Ordre de Nostre-Dame du Mont Carmel.
Tant de rares qualitez qu'elle possedoit obligerent plusieurs Gentils-hommes à la rechercher en mariage: Mais [856] Dieu qui la reservoit pour estre toute à luy rompit tous leurs desseins; et un party avantageux s'estant presenté, pour lequel méme son pere avoit beaucoup d'inclination, elle répondit genereusement, qu'elle n'engageroit jamais sa liberté, que pour le service de celuy qui la luy avoit donnée, et fit voir par cette réponse, qu'il falloit estre Vierge pour estre parfaite épouse du Sauveur. Pendant ces recherches Madame sa mere tomba malade, de la maladie dont elle mourut. Elle en eut des ressentimens qui ne se peuvent imaginer, et elle luy rendit des assistances qui ne se peuvent concevoir. Aprés que celle qui divise l'ame du corps eut separé la fille de la mere, elle tomba malade pour les peines qu'elle avoit prises à s'acquitter de tous les services qu'elle creut estre obligée de rendre à sa mere; Mais ayant recouvré sa santé, elle resolut de se consacrer à JESUS-CHRIST, et de n'avoir plus d'autre mere que celle de son cher époux. Dés lors elle embrassa un genre de vie qui la separoit du monde, et quittant son deuil elle prit un habit si modeste, qu'il paroissoit bien que son coeur ne pouvoit plus aymer, que ce qui la pouvoit rendre plus agreable à JESUS-CHRIST. L'oraison estoit son entretien, la solitude faisoit ses delices et l'humilité estoit sa chere vertu. Toutes les conditions humbles luy estoient agreables, et elle envioit celle des Bergeres, parce qu'elle estoit accompagnée d'innocence et de pauvreté. Sa penitence croissoit avec son amour, et plus elle aymoit Nostre Seigneur plus elle se haïssoit elle méme: Toutes ces austeritez luy sembloient trop legeres; les veilles, les jeusnes et le cilice, luy estoient si ordinaires, que si elle ne les eust moderées par le conseil des Peres Capucins, elle eust couru hazard de sa vie.
Quoy qu'elle fust si humble et si recueillie, elle ne laissoit pas d'estre gaye et agreable, sa devotion n'estoit point chagrine, et comme la charité estoit l'ame de toutes ses vertus, elle s'accommodoit si bien à tout le monde, qu'il estoit facile à juger que Dieu l'avoit destinée pour estre un jour la Mere d'un grand nombre de filles. Par ce méme esprit elle visitoit soigneusement les pauvres, elle les assistoit dans leur besoin, les consoloit dans leurs déplaisirs, et re-[857]gardant JESUS-CHRIST en leur personne, elle leur rendoit toute sorte de devoirs: Elle embrassoit tousjours les plus sales et les plus infects, pour vaincre l'aversion naturelle qu'elle avoit de la saleté et des mauvaises odeurs: comme nous lisons de sainte Caterine de Sienne, de saint François Xavier, et des autres fideles serviteurs du Sauveur, pour leur charité vers le prochain. L'amour qu'elle avoit pour les malades et les miserables s'accrut jusques à un point, qu'estant tombée malade environ l'âge de 22. ans, elle conjura une de ses soeurs d'obtenir de son pere, que si elle mouroit, la meilleure partie de son bien fust employée en oeuvres de charité, afin qu'en quelque façon elle continuast aprés sa mort un exercice qu'elle avoit tant aymé durant sa vie.
Dieu luy fit connoistre qu'il l'appelloit dans la Religion, comme elle s'exerçoit en ces saintes oeuvres, et qu'elle luy demandoit qu'il la mist dans la voye où il la desiroit. Quoy qu'elle regardast la Religion, comme un port asseuré dans la mer orageuse du monde, elle eut neantmoins quelque pensée d'embrasser un autre genre de vie; et son humilité l'entretint quelque temps dans cette resolution. Car elle jugeoit que la vie Religieuse estoit en veneration dans le monde, et que ceux qui le quittoient pour entrer dans les Monasteres en recevoient souvent des louanges: C'est pourquoy elle eut quelque desir de vivre inconnue parmy les pauvres, et d'imiter la haute vertu de saint Alexis, qui avant que de se retirer dans la maison de son pere, avoit fait ce genre de vie aussi humble que difficile: Mais voyant que la pluspart des pauvres estoient un peu libres, et que leurs paroles et leurs actions, ne répondoient pas à la sainteté de leur condition, elle changea de dessein, et se resolut d'entrer dans une Maison de Religion. Il est vray que son humilité fit naistre encore une pensée dans son esprit, qui l'eust ravie à l'Ordre du Carmel, si les desseins de Dieu pouvoient estre changez: Car elle souhaita d'entrer dans les Filles Penitentes, où conservant le merite de la pureté, elle en perdist la reputation dans la creance du monde: Mais quelques serviteurs de Dieu l'ayant divertie d'une si [858] humble resolution, elle connut que la volonté de Dieu, estoit qu'elle le servist dans la famille de sainte Terese (que l'on avoit lors dessein d'établir en France). Enfin elle y fut receue aprés avoir vaincu toutes les contrarietez qu'elle receut en l'execution de sa vocation, tant de la part de ses proches, entre autres de Mr son pere et de son oncle Mr le Chancelier de Sillery, qui pour plusieurs bonnes considerations la vouloient retenir dans le monde, que par les artifices et les charmes de l'ennemy des hommes qui pressentoit desja le bien qu'elle devoit faire dans l'Eglise.
Aussi-tost que l'Ordre des Carmelites de sainte Terese eust esté transporté d'Espagne en France, et fondé dans Paris, par une conduite si particuliere de la Providence divine: comme j'ay remarqué dans l'Eloge des tres-vertueuses Princesses Caterine et Marguerite d'Orleans-Longueville: Magdelaine du Bois qui en devoit estre une des plus belles estoilles, se presenta aux six Meres Espagnoles pour y estre admise. Barbe Avrillot sa cousine les informa de ses rares qualitez, et leur fit entendre que c'estoit un sujet, qui non seulement devoit estre receu, mais qui meritoit méme d'estre recherché. Elle fut la quatriéme qui prit l'habit dans cét Ordre (3), l'onziéme jour de Novembre, qui est remarquable dans l'Eglise par la Feste du grand saint Martin, Patron de la Touraine, le pays natal de ses ancestres paternels les Seigneurs du Bois de Fontaines-Marans, dont elle changea le nom selon la coustume de la Religion, pour prendre celuy de saint Joseph, selon la promesse qu'elle en avoit fait à ce saint époux de la Vierge, auquel elle a porté une devotion particuliere toute sa vie.
Durant son Noviciat, elle pratiqua toutes les vertus à un si haut point, qu'au jugement de tout le monde, elle sembloit plustost une Professe accomplie qu'une Novice commençante: elle estoit fervente en l'oraison, profonde en l'humilité, rigoureuse en la penitence, exacte en l'estroite observance des Regles, et vigilante en tout ce qui concernoit la gloire de Dieu. Son esprit estoit si excellent, qu'elle fut incontinent formée à la vie Religieuse, et elle apprit en peu de temps, ce que les autres n'apprennent qu'en [859] beaucoup d'années; De sorte que la Venerable Mere Anne de JESUS Compagne de sainte Terese, (dont nous avons cy-dessus écrit l'Eloge) qui estoit lors Prieure du Monastere de l'Incarnation ou des Carmelites du faux-bourg de Saint Jacques, la regardoit comme un Ange, et disoit à Messieurs de Berulle, du Val et Galeman, qu'elle estoit desja capable d'estre Prieure, et de gouverner une grande Maison. Les Françoises qui avoient esté receues au Convent avec elle, et à qui Dieu avoit fait la grace d'estre ses compagnes au Novitiat, estoient si ravies de ses exemples, qu'elles la consideroient plustost comme leur Mere et leur Maistresse, que comme leur Soeur et leur compagne. Les Meres Espagnoles la firent Superieure avant qu'elle fust Professe, et la chargerent de cultiver ces jeunes plantes, à qui elles donnerent permission de luy declarer tous leurs besoins; ce qu'elles firent avec autant d'ouverture et de confiance, que de succez et de benediction; et afin qu'elle s'acquitast mieux de ce devoir, et qu'elle pust rendre compte aux Meres, de ce qui se passoit en l'ame de ses Soeurs, elle apprit en peu de jours assez d'Espagnol pour soulager les unes et les autres.
Mais comme la grace n'est jamais sans exercice, il luy arriva bien tost des épreuves qui firent connoistre sa patience, son courage et sa fidelité. Elle avoit esté nourrie à la campagne, où la bonté de l'air dissipe toutes les mauvaises humeurs; elle se trouva tout d'un coup renfermée dans un lieu estroit, logée dans une tres-petite chambre avec plusieurs de ses Soeurs, et exposée à toutes les incommoditez que l'on souffre dans les Fondations, et dans les Maisons qui s'establissent. Toutes ces rencontres la firent tomber malade, et luy causerent de grands maux de teste et d'estomach, accompagnez de vomissemens frequents: le Diable qui se sert de toutes les occasions pour nous nuire, ne manqua pas de luy representer que ces maladies ne l'eussent pas attaquée dans la maison de Monsieur son pere, ou que du moins elle y eust esté mieux secourue, et qu'avec les remedes que la nature peut souhaiter, elle eust eu des personnes plus interessées en sa [860] santé, qu'au lieu où elle estoit; la crainte qu'elle eut que cette pensée jointe à la longueur de son mal, ne luy donnast quelque envie de retourner dans le monde, l'obligea de faire voeu de ne point sortir de l'Ordre du Carmel par son propre mouvement, et de porter en silence les incommoditez d'une vie, qu'elle avoit recherchée avec tant de soin, et embrassée avec tant de courage.
Pendant toutes ces infirmitez elle fit paroistre sa patience, durant la maladie d'une Novice qui mourut d'une apostume à la teste, dont la douleur estoit si violente, qu'elle luy faisoit faire de grands cris, qui empeschoient la Soeur Magdelaine de Saint Joseph de reposer: Et tirant du profit de cét accident, elle passoit les nuits, et donnoit à l'Oraison tout le temps qu'elle ne pouvoit pas donner au sommeil.
Quand elle fut revenue en santé, on la fit Portiere, et comme en sa maladie on avoit remarqué sa patience, et sa fidelité, on reconnut en cét office sa douceur et sa prudence. Elle s'en acquitast avec un admirable recueillement, et le soin qu'elle donnoit à cét exercice, ne diminuoit point l'application qu'elle avoit à Dieu.
Le grand nombre d'ouvriers qui travailloient dans la maison, l'obligeoit d'ouvrir la porte à chaque moment, mais c'estoit avec tant de douceur et de tranquillité, que tous ceux de dedans et de dehors en estoient également satisfaits. Ce grand recueillement qui paroissoit en ses actions et en ses paroles, ne luy donnoit point d'aversion du travail, elle se sentoit obligée interieurement à ne point chercher de repos en la terre. Un billet luy estant escheu, où cette vertu luy estoit recommandée, elle en témoigna une joye particuliere, et elle fut si fidelle en ce point, qu'on peut dire que durant toute sa vie elle n'a jamais cherché de relasche.
Parmy tant d'occupations et d'infirmitez, elle ne laissoit pas de donner beaucoup de temps aux jeunes Religieuses, qui selon la permission qu'elles en avoient eue, desiroient conferer avec elle; chacune y trouvoit de la satisfaction, et elle avoit desja tant de lumieres pour con-[861]noistre leurs peines, et tant de grace pour les adoucir, que rien ne luy manquoit des qualitez necessaires pour estre Superieure. Quoy qu'elle eut deslors beaucoup de lumieres pour conduire les autres, elle demanda instamment d'estre receue pour Converse, par des sentimens d'une tres profonde humilité qui luy donnoient des desirs extrémes de servir le Sauveur avec les Soeurs layes du Carmel, comme estant dans le monde elle avoit souhaitté de le suivre parmy les bergeres et les pauvres. Mais les Superieurs et les Meres, qui voyoient les avantages que Dieu luy avoit donnez pour le service de l'Ordre des Carmelites, et pour la conduite des ames, la détournerent prudemment de ce dessein: car elle fut receue à faire Profession le 12. jour de Novembre feste de saint Martin Pape et Martyr de l'an 1605. et receut le voile noir le lendemain. Je ne puis pas exprimer par des paroles la joye des Meres, quand elles la receurent dans leur Chapitre pour estre Professe: car deslors elles la regarderent comme une personne par qui JESUS-CHRIST devoit répandre beaucoup de graces dans le Carmel François; ny moins sdécrire celle qu'elle receut durant les 10. jours qu'elle fut en retraite, avant que de faire cette action si importante, où les ames se consacrent à Dieu en holocauste. La Mere Marie de JESUS chere compagne de cette fervente Carmelite a sceu d'elle en secret, que les operations de Nostre Seigneur avoient esté si puissantes en son ame pendant ce temps là, que la nature ne les pouvant souffrir, elle estoit contrainte de dire comme l'Apostre des Indes Orientales: C'est assez Seigneur, C'est assez.
La Venerable Mere Magdelaine de Saint Joseph ayant fait de si grands progrez dans son Novitiat, et commencé par où plusieurs ames s'estimoient bien heureuses de finir, les Superieurs se crurent obligez de la mettre en charge, incontinent aprés sa profession. Monsieur de Berulle, et Barbe Avrillot, dit autrement la Demoiselle Acarie, qui ne la regardoient pas comme une simple Religieuse, la jugerent d'estre la Maistresse des autres. La Mere Anne de Saint Barthelemy se trouva dans les mesmes sentimens. C'est [862] pourquoy sans s'assujettir aux regles ordinaires, et sans écouter les raisons que l'humilité fournissoit à cette jeune Professe, on la fit Maistresse des Novices incontinent aprés sa profession. Ce fut en cette charge si importante, et d'où dépend la sainteté des Maisons de Religion, qu'elle fit éclater plusieurs vertus, et par dessus les autres ces quatre plus necessaires, sçavoir la prudence, la charité, l'humilité et la douceur.
Car elle conduisoit avec prudence, les unes d'une façon et les autres d'une autre, elle demandoit plus de celles-cy que de celles-là, elle retenoit les unes, elle pressoit les autres, elle vouloit que les unes courussent par les voyes de Dieu, et elle se contentoit que les autres y marchassent d'un pas ordinaire, pourveu qu'elles ne s'arrestassent point.
Sa charité ne cedoit point à sa prudence, car bien qu'elle fust infirme, et que ses Soeurs fussent ferventes, bien qu'on ne luy donnast ny repos ny tréve, son zele surpassoit celuy des Novices, et elle trouvoit du plaisir à prodiguer sa santé pour leur santification. Son humilité estoit si basse, et elle exerçoit sa charge avec tant de mépris et d'oubly de soy méme, qu'elle se regardoit comme la servante de ses Soeurs.
Et sa douceur avoit tant de charmes, qu'elle sembloit surpasser toutes ses autres vertus; elle avoit des adresses à gagner les ames et à leur persuader la vertu, qui ne sont pas imaginables; tout ce qu'elle conseilloit devenoit facile, les choses les plus austeres perdoient leur severité par ses discours, et la grace qui passoit de son coeur en sa bouche, rendoit toutes ses paroles agreables. Ses Novices en estoient elles mémes ravies, et dans leurs conferences, elles ne parloient que des perfections de leur incomparable Maistresse; sa douceur estoit si bien meslée avec la force, qu'on n'avoit point de peine à luy obeir, et elle conduisoit les ames avec tant de suavité, qu'elle n'y trouvoit jamais de resistance.
La Mere Magdelaine de Saint Joseph n'a pas seulement fait paroistre ces vertus lors qu'elle estoit Maistresse des No-[863]vices, mais encore plus estant Prieure au Monastere de l'Incarnation, et à celuy de la Mere de Dieu (qui sont les deux Convents des Carmelites à Paris) et aussi à celuy de Nostre Dame de Pitié à Lyon, estant éleue Prieure elle employa ses soins, ses travaux et ses prieres pour la santification des ames qui luy estoient commises. Comme Dieu luy avoit donné un grand amour pour la penitence, elle resentoit une consolation particuliere, quand elle voyoit que ses Religieuses y estoient portées; sa prudence mesuroit leurs forces, sa charité soustenoit leurs foiblesses, et quand elle reconnoissoit par sa lumiere, que Dieu les appelloit à ce genre de vie austere, elle s'y rendoit facilement; mais si elle voyoit que leur desir fust foible, et qu'elles demandassent plustost par imitation que par ferveur ces austeritez extraordinaires, elle ne leur accordoit pas aysément. Il est vray qu'ayant reconnu que c'estoit l'esprit de Dieu qui animoit ses filles à la penitence, et que JESUS-CHRIST vouloit en ce commencement de l'Ordre du Carmel de Sainte Terese en France, renouveller la grace dans laquelle cette Sainte l'avoit estably en Espagne, elle employoit tous ses soins à l'y conserver, et pour l'y accroistre.
Lors qu'elle estoit Prieure des Monasteres de Paris et de Lyon, la charité qui est ingenieuse luy enseignoit dans le Cloistre les moyens de satisfaire aux Novices et aux Professes, avec tant de succez qu'elle ne manqua jamais aux unes ny aux autres. Elle se partageoit entre toutes les deux avec une grande prudence, et rien n'estoit interessé dans sa conduite que sa santé, qu'elle prodiguoit de grand coeur pour la gloire du Sauveur, et pour le salut des ames. Elle dissipoit toutes les tentations par ses entretiens, elle estoit la consolation et la joye de toutes ses Religieuses, et quoy qu'elle fust extremement indulgente aux jeunes, qui n'ayant que quatorze ou quinze ans, n'estoient pas encore dans le Noviciat, elle ne leur donnoit point de liberté qui les pust éloigner de la perfection où Dieu les appelloit. Elle vouloit qu'elles avançassent en la voye de [864] la vertu avec l'usage, mais se conformant à la conduite de Dieu, qui s'accommode à nos foiblesses, elle exigeoit moins des commençantes que de celles qui estoient les plus avancées en aage et en connoissance.
La charité de cette prudente Superieure estoit trop grande pour demeurer enfermée dans l'enceinte des Convents des Carmelites; sa chaleur imitoit celle du Soleil, dont personne (comme dit le Roy Prophete au Pseaume 18.) ne se peut defendre; elle s'estendoit jusques aux personnes du monde, qui la venoient chercher pour luy demander des avis ou des prieres. Chacun la consultoit avec profit, et ses paroles estoient si puissantes, qu'elles convertissoient les pecheurs, et consoloient les miserables. Plusieurs personnes des villes de Paris, de Tours et de Lyon, ont receu des faveurs et des graces de Nostre Seigneur par le moyen de cette fervente Carmelite, qui fit voir estant sujete, que si elle sçavoit bien commander, elle sçavoit encor mieux obeir, et que si elle avoit toutes les qualitez d'une vraye Superieure, elle possedoit celles d'une Religieuse. Car elle se rendit exemplaire en toutes choses, et elle prit un grand soin de vivre dans la solitude, et dans la retraite.
Demeurant au Monastere des Carmelites de Tours elle travailla pour l'establissement des Prestres de l'Oratoire, tant envers Monsieur de Fontaines-Marans son pere, que vers MM. de cette ville capitale de la Touraine; elle obtint des uns leurs consentemens, et des autres une somme d'argent assez notable, afin que comme il avoit desja donné une Maison à MARIE, il en donnast encore une à JESUS son fils unique. Estant de retour à Paris, elle luy conseilla de se retirer dans cette Congregation là; et de consacrer sa personne au fils de Dieu, aprés luy avoir offert une partie de son bien: il suivit ses conseils, et entrant dans la Compagnie de ces Peres, il y employa le reste de ses jours à prier Nostre Seigneur, et à chanter ses louanges. La conduite de sa chere fille, que dans les voyes de Dieu il honoroit comme sa mere, contribua beaucoup à son avancement dans la perfection, et luy obtint aprés une longue et sainte vie, une si heureuse mort, qu'il est fa-[865]cile à croire qu'il regne maintenant dans le Ciel avec Nostre Seigneur.
Plusieurs Princesses et grandes Dames ont suivy la conduite de cette Religieuse (4). Il faut des volumes entiers pour parler de la charité et des autres vertus de cette Carmelite Françoise, qu'elle a fait paroistre estant sujette et Superieure. Ceux qui auront la curiosité de les sçavoir pourront lire le II. livre de sa vie écrite par un Pere de l'Oratoire (5). Là ils admireront son grand amour envers Dieu, sa charité vers le prochain, les effets de sa charité envers les Soeurs; sa charité generale qu'elle avoit pour toutes les ames, les effets de sa charité envers les pauvres qu'elle avoit tousjours aymez estant dans le monde, et encore plus estant Religieuse. On a remarqué qu'estant Prieure des deux Monasteres de Paris, et de celuy de Lyon, elle n'a jamais rien refusé de ce qu'on luy a demandé pour les pauvres qu'elle appelloit ses bons amis: Et que nonobstant l'incommodité de ses Convents, elle recevoit tousjours gayement celles qui luy en venoient representer les necessitez. Quand onpensoit l'avertir que tous ceux qui demandoient n'estoient pas pauvres, elle faisoit une réponse digne de sa charité, j'ayme mieux me méprendre que de leur manquer. Elle fit augmenter le pain qu'on donnoit aux pauvres durant l'extreme cherté qui arriva à Paris l'année 1631. et commanda qu'on n'en refusast à personne. Le nombre des pauvres que le bruit de cette aumosne attiroit de toutes parts fut si grand, qu'elle fit nourrir long temps plus de quatre cens personnes tous les jours, au dépens du Monastere de Nostre-Dame des Champs, sans l'assistance duquel plusieurs Escoliers Anglois eussent eu peine à vivre dans une saison si fascheuse. Aussi cette charité fut si agreable à Nostre Seigneur, qu'il la voulut honorer d'un miracle aprés sa mort. Car la Mere Prieure de ce devot Monastere, ayant eu devotion de faire l'aumosne à cinquante-neuf pauvres en memoire des cinquante-neuf années que la Mere Magdelaine avoit vécu sur la terre: il s'en trouva plus de cent-cinquante qui [866] eurent chacun une portion de viande, quoy qu'il n'y en eust que cinquante-neuf. La merveille fut encore plus grande dans le pain que dans la viande: car la Tourriere n'en ayant coupé que trente-neuf portions, et s'estant resolue de donner de l'argent à ceux qui n'auroient point de pain, toutes choses se multiplierent de telle façon entre ses mains, que non seulement les pauvres en eurent suffisamment pour eux, mais en porterent encore à leurs femmes et à leurs enfans. Le miracle eut tant d'éclat, qu'on en dressa un procez verbal devant Monsieur l'Archevesque de Paris, et pour en honorer le souvenir, le Convent de Nostre-Dame des Champs a tousjours depuis continué à traiter cinquante-neuf pauvres ce méme jour.
Les Meres Carmelites et toutes les personnes devotes qui ont frequenté les Monasteres où a vescu la Mere Magdelaine de Saint Joseph, n'ont pas seulement admiré sa charité envers Dieu et le prochain, mais aussi sa foy vive, sa patience admirable, et le plaisir qu'elle prenoit d'endurer pour Dieu tout ce qui luy arrivoit. Sa grande douceur, et sa profonde humilité composent la plus grande part de sa vie. On a trouvé dans un papier écrit de sa main ces belles paroles, que toutes les personnes qui font profession de la vie Chrestienne et Religieuse doivent continuellement se proposer.
La grace que je desire que l'on demande à Dieu pour mon ame, est qu'il me rende à mes yeux et à ceux des autres, la plus vile de ses creatures, comme en effet je la suis, afin que je l'honore dans cette voye, et qu'il ne me rejette point de devant sa face; j'espere cette misericorde par l'intercession de celle qui est le refuge des pecheurs, et la Mere des humbles la Sainte Vierge.
Son obeissance n'estoit pas moindre que son humilité. Chaque parole de l'Escriture Sainte luy estoit un oracle, et sçachant que le Pere Eternel nous avoit parlé dans l'Evangile, non par les Patriarches, ou par les Prophetes, mais par son fils unique JESUS-CHRIST, comme dit l'Apostre, elle l'écoutoit, et le lisoit avec un [867] respect égal à sa soûmission. Comme les Regles des Communautez sont des expressions de celle que nostre Sauveur nous a donnée dans le nouveau Testament, elle estoit si ponctuelle à observer les Constitutions de son Ordre, que rien n'a jamais esté capable de l'en dispenser, que ceux qui en sont les veritables interpretes. Elle a esté si exacte à suivre les volontez de ses Superieurs que jamais elle ne s'en est éloignée. Dés son Noviciat elle fut si eminente en l'obeissance, que cette profonde soûmission qu'elle leur rendoit, faisoit desja juger qu'elle sçauroit un jour parfaitement bien commander; la Mere Prieure luy ayant ordonné de communier, et la Maistresse des Novices qui ne sçavoit rien de cette permission particuliere l'en ayant empeschée, elle se rendit humblement à cette derniere ordonnance, sans rien alleguer pour sa satisfaction; Pendant ce mesme temps il luy survint une darte vive au visage, qui luy causoit une extreme ardeur accompagnée d'une demangeaison insupportable: la Maistresse des Novices luy commanda de n'y toucher de six mois, en quoy elle fut si fidelle que nonobstant la peine qu'elle en ressentit pendant un si long espace, elle n'y contrevint jamais. Depuis qu'elle fut en charge elle tenoit pour maxime, de faire plustost la volonté des autres que la sienne, quand sa conscience et son devoir le luy permettoient; et elle dit à ce propos à une de ses filles qui s'en allant en charge se plaignoit, qu'elle n'auroit plus de si frequentes occasions de pratiquer l'obeissance. Je n'ay point trouvé par la misericorde de Dieu, que la charge me privast de cette benediction, et je vous puis asseurer que sous ombre de commander j'ay souvent obey.
Elle avoit une grande devotion aux Saints, particulierement à tous ceux qui avoient rendu quelque service à Nostre Seigneur pendant le sejour qu'il avoit fait sur la terre, et à ses Apostres. Le grand respect qu'elle leur portoit, faisoit que tous les jours elle ne manquoit point de visiter un Oratoire dedié à leur honneur, et disoit que les Chrestiens ont une grande obligation d'estre devots à ces grands hommes, parce qu'ils ont esté les [868] Peres de l'Eglise, mais sa devotion principale estoit à la Mere du Saint des Saints. Elle fit faire plusieurs tableaux dans lesquels la Vierge estoit peinte visitant Nazareth, Bethleem, le Calvaire, et les autres lieux que son fils avoit honorez de sa presence et de ses douleurs, afin qu'elle et ses Religieuses l'accompagnassent dans ses voyages, et la pussent suivre en tous ces lieux, et rendre quelque hommage à toutes ses actions. L'amour extréme qu'elle luy portoit luy fit desirer que l'on recueillit en un méme livre, tout ce que l'Escriture et la tradition nous apprennent d'elle, et ce fut à son instance que le Reverend Pere Guillaume Gibieuf Docteur de Sorbonne, et Prestre de l'Oratoire, entreprit le livre des Grandeurs de la Vierge, et que pour contenter la pieté de cette digne Religieuse de l'Ordre de Nostre-Dame du Mont Carmel, il donna cét ouvrage au public.
La Mere Magdelaine si admirable en la pratique des vertus, passa heureusement de cette vie à l'eternelle, le Jeudy trentiéme d'Avril de l'année 1637. à une heure et demie aprés midy, estant aagée de cinquante-neuf ans, moins 18. jours, dont elle en avoit vécu trente-deux et demy dans le Carmel: aprés avoir receu saintement tous les Sacremens necessaires aux malades, avec des ressentimens que l'on peut mieux penser qu'exprimer. Souvent méme depuis le 15. du méme mois, que son mal de teste augmenta, elle quitta l'Infirmerie pour aller au Choeur faire son oraison en la presence du Saint Sacrement, disant à haute voix aux Religieuses qui prenoient soin de sa santé, ces paroles lors qu'elle l'en vouloient retirer plûtost qu'elle ne desiroit: Mon Dieu, que je suis aise d'estre devant celuy qui seul a toutes choses entre ses mains, et les obligea par ces paroles à la laisser en liberté de satisfaire à sa devotion. Aprés son decez la beauté qui parut sur son visage, donna de l'admiration à ceux qui la regarderent; sa douceur et sa majesté les ravirent, et sa blancheur extraordinaire leur fit connoistre son innocence et sa pureté. La mort ne fit point d'outrage à ce corps, ses membres de-[869]meurerent tousjours souples et maniables, et les Religieuses qui l'ensevelirent n'y trouverent point cette resistance, qui accompagne la froideur dans les autres. Quand son corps revestu de ses habits fut exposé à la Grille, et que le bruit de sa mort fut répandu dans Paris; il vint un si grand nombre de personnes pour le visiter, que l'Eglise de Nostre-Dame des Champs et la cour se trouverent trop petites; chacun faisoit effort pour en approcher, et passoit des Chapelets pour les y faire toucher. Tous d'un commun consentement parloient d'elle comme d'une Sainte. Les enfans, par la bouche desquels Dieu publie souvent ses oracles, regardoient son corps avec respect, et par un secret instinct de la grace, imploroient l'assistance de ses prieres. Il se trouva une petite fille, qui estant entrée ce jour là dans le Convent, consideroit son corps si fixement, et baisoit ses pieds si devotement, qu'elle donna sujet à quelqu'un de luy demander si elle n'avoit point de peur de cette morte; mais la pieté luy mit cette réponse innocente et veritable dans la bouche: On n'a point de crainte des Saints; je passerois bien la nuict toute seule avec elle: son corps est icy, mais son ame est en Paradis. Il sortoit de son visage une certaine douceur qui charmoit les yeux de ceux qui la regardoient, et qui les forçoit doucement à demeurer auprés d'elle. Feu Philippe de Cospean Evéque de Lizieux fit la ceremonie des Obseques, et conduisit ce corps dans le Cloistre du Monastere, où suivant l'intention de la Venerable Mere Magdelaine il fut enterré: car s'estant apperceue de son vivant que ses Soeurs la vouloient mettre dans le Chapitre, quoy qu'elle ne fust plus en charge; elle conjura la Mere Prieure de la traiter comme les autres, pour avoir la consolation au jour du Jugement de resusciter avec ses Soeurs.
Plusieurs Reynes et Princesses ont estimé et honoré cette fervente Carmelite. La Reyne à present Regente, qui l'avoit souvent visitée pendant sa vie, la regreta beaucoup aprés sa mort, et comme elle estimoit extremement sa vertu, elle desira avoir une des Medailles de son Chapelet. La Reyne Mere du feu Roy Louis XIII. qui étoit [870] lors en Flandres en témoigna beaucoup de regret, et envoyant un de ses Aumosniers au Monastere de Nostre-Dame des Champs, pour se condouloir de sa mort, demanda son Chapelet qu'elle garda soigneusement. Sa Majesté fit faire son Image en taille-douce, qu'elle envoya aux Religieuses accompagnée d'une lettre à la Mere Prieure. J'ay desja remarqué en la vie d'Elizabeth de France Reyne d'Espagne (6), l'estime qu'elle en faisoit. Henriette Marie Reyne de la Grande Bretagne, ayant appris la nouvelle de sa mort, commanda le vray Chevalier d'honneur Monsieur d'Igby de visiter les Carmelites de sa part, et de leur demander quelque chose qui luy eust appartenu: on envoya à sa Majesté une Image, qu'elle receut avec un grand respect, témoignant publiquement que c'estoit la Mere qui l'avoit portée à la devotion, et qui luy avoit conseillé de dire tous les jours l'Office de la Vierge. Madame la Princesse, et Mademoiselle de Bourbon sa fille, maintenant Duchesse de Longueville, l'ont honorée comme leur Mere, et Madame de Longueville a fait inhumer sa fille, feu Mademoiselle de Dunois Charlotte Marguerite d'Orleans, dans le Cloistre des Carmelites prés le corps de cette Mere. J'ay rapporté dans l'Eloge de feu Madame de Longueville Louise de Bourbon, l'estime qu'elle faisoit de cette premiere Carmelite Françoise. Beatrix de la Conception, fidelle et incomparable Compagne de la Venerable Mere Anne de JESUS, l'une des Religieuses qui vinrent d'Espagne pour establir l'Ordre en France, et qui reside maintenant au Monastere de Salamanque, ayant appris son decez témoigna une grande estime de sa sainteté par plusieurs lettres qu'elle écrivit aux Carmelites. Monsieur du Val Docteur de Sorbonne, et l'un des Superieurs de l'Ordre, le Reverend Pere Jean Suffren de la Compagnie de JESUS, Confesseur du Roy Louis XIII. et de la Reyne sa Mere, et autres personnes d'une haute pieté et doctrine, ont fait paroistre leurs sentimens et leurs regrets sur la mort de cette Religieuse. Plusieurs grands Prelats l'ont aussi louée dans leurs écrits; le Reverend Pere Louis Jacob dit de Saint Charles, dans [871] sa Bibliotheque des Femmes, remarque les oeuvres qu'elle a composée, entre autres la Vie de la Venerable Mere Caterine de JESUS; et Monsieur Senault Prestre de l'Oratoire a écrit sa vie en deux Livres.
(1) Du Bois de Fontaines-marans, d'or à trois tours de sable, au chef d'azur à 3. aiglettes d'argent. Pru-d'homme fascé d'argent et d'azur de six pieces.
(2) En la maison de M. le President de Saint Mesmin de la Maison des Lhuilliers prés de l'Hostel de Guise, c'est à present le logis de Monsieur le President de Bailleul Sur-Intendant des Finances.
(3) Soeur Andrée le Voix, servante de Mad. Acarie, fut la premiere qui prit le voile.
(4) Voyez l'Eloge de Louise de Bourbon Duchesse de Longueville.
(5) Le Reverend Pere Senault.
(6) Voyez la p. 601. du 1. Tome.