Marguerite de France (1553-1615)
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Marguerite de Valois ou de France (Saint-Germain-en-Laye, 14.5.1553-Paris, 27.3.1615), parfois appelée aussi Marguerite de Navarre comme l'auteure de l'Heptaméron dont elle est la petite-nièce, est la fille de Henri II et de Catherine de Médicis, la soeur des rois François II, Charles IX et Henri III. Célèbre pour sa beauté et sa culture, elle est mariée le 18.8.1572 au futur Henri IV, alors roi de Navarre et protestant. Leur mariage, destiné à régler au sommet les querelles religieuses, est suivi une semaine plus tard du massacre de la Saint-Barthélemy. Elle est dès lors tiraillée entre les deux camps. Au cours de l'hiver 1573-1574, alors que Charles IX est mourant et qu'Henri est en Pologne où la Diète l'a élu roi, elle s'engage aux côtés de son époux et de son jeune frère François d'Alençon dans le «tiers parti» favorable à la coexistence religieuse, qui cherche à installer François (neutre, peut-être athée) sur le trône de France. Le coup d'Etat ayant échoué, elle rédige pour le compte de son époux le Mémoire justificatif pour Henri de Bourbon qui permet à celui-ci de tirer son épingle du jeu. Elle demeure ensuite fidèle à son jeune frère (pour lequel elle effectue une «campagne électorale» en Flandres en 1577) et à son époux (qu'elle accepte de seconder pendant la 7e guerre de religion). Elle perd ainsi peu à peu la confiance de la Couronne, malgré son active participation à diverses Paix («de Monsieur» en 1576, de Nérac en 1579, de Fleix en 1581). En 1584, à l'orée de la dernière guerre civile, elle abandonne (selon ses propres termes) un époux qui ne fait plus que l'utiliser dans ses marchandages avec la France et qui vit ouvertement avec la comtesse de Guiche; elle se retire dans sa ville d'Agen, qu'elle fait fortifier. Elle en est chassée quelques mois plus tard. Commence alors une période d'errance, puis d'exil dans la forteresse d'Usson (Puys de Dôme), où elle est enfermée quelques mois sur l'ordre d'Henri III, mais dont elle devient vite la châtelaine et où elle vit de 1587 à 1605. C'est durant ce repos forcé qu'elle écrit ses Mémoires. C'est d'Usson, également, qu'elle négocie son «démariage» avec Henri IV, entre 1593 et 1599 (elle n'a pas eu d'enfant avec lui). Devenue la «Reine Marguerite», elle revient en 1605 à Paris, où elle tient une cour brillante, féministe et éclectique (Maynard et saint Vincent de Paul lui servirent de secrétaires, Mlle de Gournay travailla pour elle). Elle fait don de tous ses biens à la Couronne en 1606, collabore à l'arrestation du comte d'Auvergne qui complotait contre le régime, et, après l'assassinat d'Henri IV, elle soutient Marie de Médicis durant les premiers troubles de sa régence. Ses Mémoires, qui nous sont parvenus incomplets, constituent l'un des premiers grands textes de ce genre. Parus après sa mort, en 1628, reconnus par les académiciens comme l'un des meilleurs livres du temps, lus avec avidité par les Frondeurs, ils ont connu une trentaine d'éditions au XVIIe siècle. Marguerite est également l'auteure d'une volumineuse correspondance, de poésies dont la plupart ont été perdues, et d'un petit manifeste féministe écrit en 1614 sous le titre Discours docte et subtil dicté promptement par la reine Marguerite. Dès la fin du XVIIe siècle, la Reine Marguerite est devenue un personnage de légende, avant de faire l'objet d'un véritable mythe au XIXe siècle. Célébrée par la génération romantique, dans des opéras (Les Huguenots, de Meyerbeer...) et des romans (La Chronique de Charles IX de Mérimée, le Rouge et le Noir de Stendhal...), fréquemment republiée, décriée par les politiques (Maréchal...) et les historiens (Michelet...), elle est devenue, suite à la publication en 1845 de La Reine Margot d'Alexandre Dumas (inventeur du sobriquet), l'une des héroïnes les plus fameuses de l'Histoire de France racontée au peuple. C'est sur la lancée de ce mythe qu'on lui a attribué, à tort, La Ruelle mal assortie, tandis que la liste de ses amants (entre six et douze effectivement repérables) ne cessait de s'allonger. Malgré l'exhumation d'une partie de sa correspondance et la publication de bonnes études biographiques à la fin du XIXe siècle, cette image de princesse dévergondée n'a fait que s'accentuer au cours du suivant, notamment à travers le succès des Histoires d'amour de l'histoire de France, de Guy Breton (1956) tandis que ses oeuvres cessaient plus ou moins d'être lues et publiées. Le renouveau des études date des années 1990.