Louise Véronique Nicole Guéniveau

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Louise Véronique Nicole Guéniveau
Dénomination(s) Mademoiselle Gueniveau
Biographie
Date de naissance 9 décembre 1767
Date de décès 25 avril 1844
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Pascal Hérault, 2025

Louise Véronique Nicole Guéniveau est née et baptisée à Vihiers, dans les Mauges en Anjou (actuel département du Maine-et-Loire) le 9 décembre 1767. Elle est issue de l’union en février 1754 d’Anne Marie Renou et de Claude Guéniveau, un huissier au Châtelet de Paris, qu’on dit « résidant en cette paroisse » de Saint-Nicolas de Vihiers. Le couple a huit enfants, Louise est la dernière de la fratrie. Au décès de ses parents en 1810 à Saint-Hilaire-du-Bois, deux frères de Louise sont mentionnés : Augustin, notaire à Thouars, et Pierre, huissier à Martigné. À cette même époque, un autre frère, Louis, qui se cache probablement, est décrit par le préfet des Deux-Sèvres comme un prêtre « d’une exaltation d’esprit qui le rend dangereux ». Baptisé le 16 juin 1761, puis ordonné vers 1785, il a d’abord été vicaire à Courlay (dans le nord des Deux-Sèvres) entre janvier 1786 et juillet 1791, tout en ayant rejeté le serment à la Constitution civile du clergé. Après un passage rapide à Brétignolles, Louis Guéniveau s’installe à Combrand en 1800. Il suit l’exemple de nombreux curés du Bressuirais qui, obéissant à Monseigneur de Coucy, l’évêque rebelle de La Rochelle, refusent les innovations du Concordat de 1801. Ainsi naît la Petite Église du Poitou, dont les fidèles – ils seront 30 500 à son apogée vers 1820 – sont appelés « dissidents ». C’est dans ce contexte qu’est évoquée l’action déterminante de Louise Guéniveau, devenue gouvernante de son frère à une date inconnue.
Selon le prêtre Jacques Pacreau (1798-1871), fervent adversaire de la Petite Église (il est desservant concordataire de Courlay, puis curé-doyen de Cerizay), Louise Guéniveau manifeste avec la dernière énergie sa volonté de rester fidèle à la communauté dissidente. Ainsi, à la fin de l’année 1819, quand les prêtres rebelles Vion de La Chapelle-Largeau et Joubert de Boismé décident de « se rendre », c’est-à-dire d’accepter l’autorité de l’évêque de Poitiers, ils font douter leurs collègues dissidents Texier de Courlay et Pierrière de Saint-André-sur-Sèvre, lesquels viennent consulter Louis Guéniveau à Combrand. Jacques Pacreau, qui a reçu ultérieurement les confidences de Joubert, raconte ainsi l’entrevue : « ils penchaient à se rendre [...], mais malheureusement on avait admis dans le conseil Mademoiselle Gueniveau, sœur du prêtre. Celle-ci, voyant leur ébranlement prit la parole : “Messieurs, leur dit-elle, si vous vous rendez, que dira le peuple après le langage et la conduite que vous avez tenus jusqu’à ce jour ?” Il n’en fallut pas d’avantage, et la résolution fut prise définitivement par ces trois prêtres de persévérer dans leur dissidence ».
Deux ans plus tard, la sœur du curé se montre toujours aussi intransigeante. L’évêché ayant nommé un curé légitime à Combrand, Louise Guéniveau et son frère doivent se réfugier au hameau de La Galardière, où le prêtre entreprend d’édifier une chapelle. Mais il se blesse gravement à la tête. Comme il demande les secours spirituels d’un desservant concordataire, sa sœur Louise lui refuse cette consolation et il meurt le 19 novembre 1821. Trois jours plus tôt, comme le montre son testament, il a pourtant été assisté par le curé dissident Étienne Couillaud de Pierrefitte.
Ayant rejoint Pierrefitte en 1826, Louise Guéniveau aide financièrement un prêtre étranger de passage. Peut-être suit-elle le curé Couillaud à Courlay (Deux-Sèvres), puis à Fontenay-le-Comte (Vendée) où ce dernier meurt en 1830. En tout cas, les premiers historiens de la Petite Église, tous favorables à l’Église concordataire, ont eu beau jeu de signaler le « changement » postérieur de cette femme qui, au dire de Jacques Pacreau, « a fini par reconnaître son erreur et se rendre très sincèrement à la religion catholique dans laquelle elle est morte ». En 1836, selon les recensements, elle ne se trouve ni à Fontenay, ni dans le nord des Deux-Sèvres. Mais on sait qu’elle est revenue dans le Maine-et-Loire, à Saint-Hilaire-du-Bois près de Vihiers, pour y mourir le 25 avril 1844.
Au-delà du conflit entre la communauté dissidente persécutée et la puissante Église concordataire, les prises de position de Louise Guéniveau soulèvent la question du pouvoir féminin et de l’influence des femmes au sein du presbytère, car si on y tolère la présence de servantes soumises, le profil de la « gouvernante » dominatrice y est décrié.

Principales sources

  • Archives de l'Évêché de Poitiers : S 8-2, Mémoire sur le schisme de la Petite Église en France spécialement dans le diocèse de Poitiers , 183 pages manuscrites rédigées entre 1851 et 1865 par curé Jacques Pacreau. L’original serait à l’abbaye de Ligugé (Vienne).
  • Archives Départementales des Deux-Sèvres : 3 E 16486, testament du curé Louis Guéniveau du 16 novembre 1821 ; E dépôt 140 / 2 E 99-6, registre paroissial de Courlay ; 4 E 98/8, état civil de Combrand.
  • Archives Départementales du Maine-et-Loire : 6 E 373/7, registre paroissial de Saint-Nicolas de Vihiers ; 6 E 286/10 et 14, état civil de Saint-Hilaire-du-Bois.

Choix bibliographique

  • Billaud, abbé Auguste, La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres (1800-1830), Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1962, 654 p.
  • Cabantous, Alain, Une histoire de la Petite Église en France, XIXe-XXIe siècle, Paris, Cerf, 2023, 258 p.
  • Hérault, Pascal, « Le premier historien de la Petite Église du Poitou : le curé Jacques Pacreau (1798-1871). Sa vie et sa famille, son sacerdoce et ses écrits» , Écrits d’Ouest, vol.31, 2023, p.99-123.
  • Hérault, Pascal, « Les « exaltées » des Aubiers. Des femmes au service des curés dissidents dans la première moitié du XIXe siècle », Histoire et Patrimoine du Bressuirais, 2025, bulletin n°92.
  • Hérault, Pascal, « Louise Guéniveau (1767-1844 ) : la sœur "opiniâtre" d’un curé de la Petite Église du Poitou », Écrits d’Ouest, vol.32, 2024, p.103-111.

Réceptions

  • Cette « triste conseillère retirée à Fontenay a fini par reconnaître son erreur et se rendre très sincèrement à la religion catholique dans laquelle elle est morte avec joie, mais emportant le regret de n’avoir pas pu faire passer ses convictions dans l’esprit de quelques amies haut placées dans la secte», (Jacques Pacreau, Mémoire sur le schisme de la Petite Église […], voir supra, choix bibliographique ; 1851-1865, p. 69).
  • « Mlle Guéniveau, sœur du desservant [dissident] de Combrand, appartenait à cette race de gouvernantes, aujourd’hui en voie d’extinction, qui, non contentes de régir avec autorité la cuisine et la basse-cour, prennent aussi un soin particulier des âmes. La gouvernante […] avait sur la question des idées arrêtées […]. Mlle Guéniveau, sœur du défunt curé de Combrand, multiplie les démarches pour attirer et fixer dans le Bocage des prêtres étrangers. Elle paye leurs voyages, les accueille avec des soins maternels, se fait duper par des individus peu recommandables, et, sans se rebuter, recommence » (Auguste Billaud, La Petite Église dans la Vendée et les Deux-Sèvres […], voir supra, choix bibliographique, p. 497 et 552).
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