Suzanne de Terson

De SiefarWikiFr

Version du 31 janvier 2025 à 17:11 par Henneau (discuter | contributions)

(diff) ← Version précédente | Voir la version courante (diff) | Version suivante → (diff)

Suzanne de Terson
Conjoint(s) Élie Rivals
Dénomination(s) Suzon de Terson, Suzanne de Terson, Demoiselle Suzon de Terson.
Biographie
Date de naissance 1657
Date de décès 1684 ou 1685
Notice(s) dans dictionnaire(s) ancien(s)


Notice de Élise Legendre, 2025

Suzon de Terson est une poétesse française protestante originaire du Tarn, née à Castres ou à Puylaurens en 1657. Aînée d’une fratrie de neuf enfants, elle est la fille d’Antoine de Terson, avocat, et de Marie Delcruzel. En avril 1677, elle se marie avec un pasteur protestant de Puylaurens, Élie Rivals, qui a soutenu une thèse en théologie en 1665. En 1681, ils ont un enfant, Jacques, qui mourra jeune. Suzon de Terson et sa famille assistent à la montée des persécutions religieuses dans cette région très protestante. Après avoir été incarcéré le 29 décembre 1684, son mari part en exil fin 1685 ou début 1686 pour la Hollande, avec de nombreux membres de sa famille, dont Marie Delcruzel, sa belle-mère, et aussi sa belle-soeur, Isabeau de Terson. Tout laisse à penser que Suzon de Terson n’a pas suivi son mari lors de son exil, son nom ne figurant pas sur la liste des personnes qui ont accompagné Élie Rivals, Peut-être était-elle déjà décédée : en effet, comme on peut le lire dans son recueil de poésies, autour de sa vingt-sixième année, elle souffre d’une maladie et meurt jeune, à 28 ans, en 1684 ou 1685, au moment même de la révocation de l’édit de Nantes.
Dès 14 ans, Suzon de Terson écrit des vers et ce, à la fois en langue d’oc et en français, ce qui est rare au XVIIe siècle. Elle connaît bien les Écritures saintes, mais fait également preuve d’une culture littéraire certaine. Nous connaissons ses poésies par un manuscrit de 115 pages signé de son nom, rédigé de la main de Louis Pons, consul et greffier à Puylaurens, découvert par Antonin Perbosc en 1920. C’est en 1968 que Christian Anatole a proposé la première et seule édition moderne de l’oeuvre de Suzon de Terson. Le manuscrit compte 81 pièces, rédigées entre 1671 et 1684, dont 14 en langue occitane. Malheureusement, il manque quelques pages (1-4 et 81, 82, 117 et suivantes).
Ces poèmes suggèrent qu’elle était proche des cercles littéraires et galants de son temps. Son milieu familial a favorisé cela : son père Antoine de Terson, ou encore son oncle, assistent à des séances de l’académie castraise qui côtoie alors les ruelles parisiennes : Paul Pellisson, membre de l’académie de Castres fondée en 1648, s’installe à Paris dès 1652 et établit des liens étroits avec le cercle de Madeleine de Scudéry. De même, Hercule de Lacger, poète gascon proche d’Henriette de Coligny, comtesse de la Suze, a lui aussi peut-être contribué à diffuser cette mode galante dans la région de Castres. Pierre-Louis Berthaud rappelle en effet que la poétesse a été élevée dans un milieu très cultivé (« son père est connu pour avoir écrit des vers et ses deux frères, David et André, furent correspondants de l’académie des Ricovrati de Padoue »). Ce recueil poétique féminin constitue ainsi un précieux témoignage de la diffusion de la galanterie en province.
Suzon de Terson s’est illustrée dans différents genres poétiques : madrigaux, élégies, chanson, fables, stances, bouts-rimés, rondeaux, sonnets, églogue, énigme pour les textes écrits en français et madrigaux, chansons, un conte et un dialogue pour ce qui est des textes occitans.
L’oeuvre de Suzon de Terson offre l’exploration d’une intimité féminine touchante et sincère, empreinte de la galanterie du temps. Les thèmes abordés sont très divers : l’amour, que ce soit dans les poèmes en français ou en occitan, le désir amoureux plus précisément mais aussi le corps souffrant, la mort ou encore le réconfort procuré par une foi très vive face aux douleurs de la maladie. C’est à partir de 1681 que Suzon de Terson se prête à une poésie plus grave, aux forts accents religieux, comme le soulignent ses dernières stances chrétiennes. Dans ses derniers poèmes, elle va jusqu’à déplorer la misère de la condition humaine, la faiblesse de l’homme qui n’est que « ce ver foible et rempant, cet homme qui n’est rien » (LXXXI, v. 25). On note que le ton des poèmes écrits en occitan est bien plus léger et le lexique, moins riche, privilégiant avant tout la chanson, là où les vers français sont plus graves et associés à des formes plus longues, c’est notamment le cas des élégies et des stances. Certains critiques constatent les accents cornéliens, voire raciniens de son oeuvre, comme Félix Castan qui rappelle « l’intense vibration émotive et charnelle » des vers de Suzon de Terson. Ses fables ne sont pas sans rappeler également l’inspiration d’un La Fontaine.

Outils personnels